| 05/11/2025 | 574 vues
EDITORIAL
Un jour, on se rappellera du pire président de la République que le Sénégal n’ait jamais connu en soixante ans d’indépendance. On se souviendra vaguement qu’il avait pour nom «Macky Sall», qu’il était sorti des flancs d’un prédécesseur autrement plus charismatique et ayant pour nom «Abdoulaye Wade». On se souviendra que ce pire président, à l’issue d’un montage grotesque au sein de l’assemblée nationale, avait pu passer pour un héros de la bonne gouvernance attaché au principe de la reddition des comptes, dans la crise qui l’opposa alors à son ex-mentor, Wade. On n’oubliera pas pour autant que c’est lui qui aura popularisé le concept d’«émergence» dans le discours politique et public au Sénégal.
Huit ans plus tard, on a fini de découvrir l’ampleur du faux phénomène qu’était cet emballage inconsistant qu’une puissance coloniale en déclin et désireuse de revenir aux affaires dans notre pays se fit fort de vendre à l’électorat national, avec le succès que l’on sait. Un mandat de sept ans et un an plus tard, nous continuons de constater que ce président de la République est une véritable catastrophe pour la démocratie sénégalaise, un frein dangereux à l’expression libre et responsable des libertés publiques et individuelles, une obstruction essentielle dans la préservation de la stabilité du pays. En misant sur une répression systématique des envies légitimes de jouissance démocratique qui peuvent animer des citoyens sénégalais, Macky Sall ne déshonore pas seulement son statut de chef d’Etat gardien de la Constitution, il trahit froidement son serment post-élection.
Pour la première fois dans l’histoire jeune de ce pays, nous sommes en présence d’un homme qui a fait de la corruption des élites et de l’administration publique une politique fondamentale de survie pour lui-même, pour sa famille et ses proches, pour son régime. Dans un environnement en crise absolue à tous les étages avec une prédominance inquiétante de la pauvreté de masse, son jeu favori basé sur la force d’attraction des moyens financiers et judiciaires de l’Etat est comme un jeu d’enfant pour lui. L’exercice est d’un cynisme sans nom.
La répression féroce qui s’est abattue ce vendredi sur les manifestants décidés à dénoncer sans arrêt la hausse incompréhensible du prix de l’électricité le 1er décembre dernier est quand même porteuse de signes prometteurs sur le chemin d’une démocratie libérée de ses fossoyeurs. Partout dans le monde en effet, l’usage illégitime de la violence d’Etat contre des citoyens aux mains nues a constitué le début de la fin ou, à tout le moins, le temps des difficultés sans issue autre que le clash avec le peuple.
Huit ans plus tard, on a fini de découvrir l’ampleur du faux phénomène qu’était cet emballage inconsistant qu’une puissance coloniale en déclin et désireuse de revenir aux affaires dans notre pays se fit fort de vendre à l’électorat national, avec le succès que l’on sait. Un mandat de sept ans et un an plus tard, nous continuons de constater que ce président de la République est une véritable catastrophe pour la démocratie sénégalaise, un frein dangereux à l’expression libre et responsable des libertés publiques et individuelles, une obstruction essentielle dans la préservation de la stabilité du pays. En misant sur une répression systématique des envies légitimes de jouissance démocratique qui peuvent animer des citoyens sénégalais, Macky Sall ne déshonore pas seulement son statut de chef d’Etat gardien de la Constitution, il trahit froidement son serment post-élection.
Pour la première fois dans l’histoire jeune de ce pays, nous sommes en présence d’un homme qui a fait de la corruption des élites et de l’administration publique une politique fondamentale de survie pour lui-même, pour sa famille et ses proches, pour son régime. Dans un environnement en crise absolue à tous les étages avec une prédominance inquiétante de la pauvreté de masse, son jeu favori basé sur la force d’attraction des moyens financiers et judiciaires de l’Etat est comme un jeu d’enfant pour lui. L’exercice est d’un cynisme sans nom.
La répression féroce qui s’est abattue ce vendredi sur les manifestants décidés à dénoncer sans arrêt la hausse incompréhensible du prix de l’électricité le 1er décembre dernier est quand même porteuse de signes prometteurs sur le chemin d’une démocratie libérée de ses fossoyeurs. Partout dans le monde en effet, l’usage illégitime de la violence d’Etat contre des citoyens aux mains nues a constitué le début de la fin ou, à tout le moins, le temps des difficultés sans issue autre que le clash avec le peuple.
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La loi sur les déclarations de patrimoine au Sénégal a-t-elle encore un sens ? Les «difficultés» et «blocages» de toutes natures qui empêchent sa pleine application par les autorités compétentes sur les personnes y étant assujetties rendent la question légitime. Au lancement hier à Pikine de la «Quinzaine nationale de sensibilisation sur la corruption», la présidente de l’Ofnac a révélé que les statistiques de déclaration tournaient autour de 60% pour les entrées et sorties de fonctions. Soit 40% des fonctionnaires désignées par la loi qui refusent encore de déclarer leurs biens avant ou après l’exercice de fonctions publiques.
Pour justifier cet échec, Mme Seynabou Ndiaye Diakhaté soutient: «Le Sénégalais répugne à parler de son patrimoine, mais lorsque nous expliquons aux assujettis le rôle protecteur de la déclaration de patrimoine, ils y adhèrent. Ils comprennent que c’est un moyen pour eux, s’ils sont poursuivis ou accusés d’enrichissement illicite, de prouver qu’ils ont acquis légalement leur patrimoine.»
Pour la présidente de l’Ofnac, la lutte contre la corruption se limiterait donc à des exercices de plaidoyer, de sensibilisation à l’endroit de catégories sociales et professionnelles présumées poreuses ou exposées aux trafics, en attendant que les personnes assujetties à la déclaration de patrimoine veuillent bien le faire, selon leur propre agenda.
Cette méthode de gouvernance frise l’irresponsabilité, la faiblesse, et tendrait vers une certaine compromission. La loi du 2014-17 du 2 avril 2014 stipule en son article 2 que les personnes suivantes nommément désignées doivent obligatoirement déclarer leurs biens. Ce sont : le président de l’assemblée nationale,, le premier questeur de l’assemblée nationale, le premier ministre, les ministres (sans exception donc), le (la) président(e) du conseil économique, social et environnemental, tous les administrateurs de crédits, les ordonnateurs de recettes et de dépenses, les comptables publics effectuant des opérations portant sur un total annuel supérieur ou égal à 1 milliard de francs CFA, en plus du président de la République qui, lui, déclare son patrimoine devant le conseil constitutionnel.
Pour évacuer tout malentendu, il est précisé sur le site de l’Ofnac que : «les personnes occupant les positions visées à l’article 2 et qui exercent leurs fonctions avant la promulgation de la présente loi, sont soumises au régime de l’effet immédiat. Pour celles-ci, l’entrée en vigueur entraine le fait générateur, dans les mêmes conditions que pour la nomination.»
L’opinion avait bien sentie, avec le limogeage brutal de Nafi Ngom Keïta, que les investigations de nature sensible et ayant des connexions directes ou dangereuses avec le président de la République, son gouvernement, sa famille, allaient être strictement encadrées pour éviter les scandales publics. A l’heure qu’il est, cette mission d’endiguement semble parfaitement assurée par Seynabou Ndiaye Diakhaté à travers le folklore qui caractérise globalement l’anti-corruption sous sa présidence. Une posture qui n’est pas si éloignée du principe consistant à gagner de l’argent en dormant.
Pour justifier cet échec, Mme Seynabou Ndiaye Diakhaté soutient: «Le Sénégalais répugne à parler de son patrimoine, mais lorsque nous expliquons aux assujettis le rôle protecteur de la déclaration de patrimoine, ils y adhèrent. Ils comprennent que c’est un moyen pour eux, s’ils sont poursuivis ou accusés d’enrichissement illicite, de prouver qu’ils ont acquis légalement leur patrimoine.»
Pour la présidente de l’Ofnac, la lutte contre la corruption se limiterait donc à des exercices de plaidoyer, de sensibilisation à l’endroit de catégories sociales et professionnelles présumées poreuses ou exposées aux trafics, en attendant que les personnes assujetties à la déclaration de patrimoine veuillent bien le faire, selon leur propre agenda.
Cette méthode de gouvernance frise l’irresponsabilité, la faiblesse, et tendrait vers une certaine compromission. La loi du 2014-17 du 2 avril 2014 stipule en son article 2 que les personnes suivantes nommément désignées doivent obligatoirement déclarer leurs biens. Ce sont : le président de l’assemblée nationale,, le premier questeur de l’assemblée nationale, le premier ministre, les ministres (sans exception donc), le (la) président(e) du conseil économique, social et environnemental, tous les administrateurs de crédits, les ordonnateurs de recettes et de dépenses, les comptables publics effectuant des opérations portant sur un total annuel supérieur ou égal à 1 milliard de francs CFA, en plus du président de la République qui, lui, déclare son patrimoine devant le conseil constitutionnel.
Pour évacuer tout malentendu, il est précisé sur le site de l’Ofnac que : «les personnes occupant les positions visées à l’article 2 et qui exercent leurs fonctions avant la promulgation de la présente loi, sont soumises au régime de l’effet immédiat. Pour celles-ci, l’entrée en vigueur entraine le fait générateur, dans les mêmes conditions que pour la nomination.»
L’opinion avait bien sentie, avec le limogeage brutal de Nafi Ngom Keïta, que les investigations de nature sensible et ayant des connexions directes ou dangereuses avec le président de la République, son gouvernement, sa famille, allaient être strictement encadrées pour éviter les scandales publics. A l’heure qu’il est, cette mission d’endiguement semble parfaitement assurée par Seynabou Ndiaye Diakhaté à travers le folklore qui caractérise globalement l’anti-corruption sous sa présidence. Une posture qui n’est pas si éloignée du principe consistant à gagner de l’argent en dormant.
Le raid réussi hier par Guy Marius Sagna et ses compagnons militants, même s’ils ont fini par être déportés dans des commissariats de la police, sera désormais inscrit dans les annales (malheureuses) de la démocratie sénégalaise au passif d’un régime abonné aux toquades démocratiques depuis ses origines.
Le fait qu’ils soient parvenus, par la ruse et par la détermination, à toucher les grilles du Palais de la République pour protester contre une hausse illégitime des coûts de l’électricité, est un signe révélateur du fossé béant qui existe entre le locataire arrogant des lieux et sa cour, et une frange importante de la population sénégalaise. Cette fracture n’est pas une nouveauté car c’est elle qui est à l’origine des actes manipulatoires qui ont présidé à l’organisation scandaleuse de la plupart des élections tenues dans ce pays depuis sept ans.
En atteignant les rives sombres d’une présidence impopulaire dont le règne ne perdure en partie que par les baïonnettes que porte la loi de la force, Guy Marius Sagna et Cie humilient fondamentalement le régime. Interdits de marche par un préfet politicien aux ordres du prince, ils démontrent sur le terrain des réalités comment des proclamations nobles et séduisantes sur l’Etat de droit se transforment en mensonges opérationnels qui violent concrètement les droits élémentaires des citoyens.
Par cette même occasion, ils rappellent à ceux dont les esprits ont besoin d’être mis à jour que rien n’est plus fragile qu’un pouvoir qui se repose sur sa loi pour punir ses propres citoyens au mépris des intérêts supérieurs du pays.
C’est en cela que leur interpellation est une défaite, une de plus et peut-être pas la dernière, pour Macky Sall. Jamais un chef d’Etat sénégalais n’aura autant trahi la démocratie et ses principes, et ce n’est sans doute pas fini d’ici à 2024. Un point un trait, advienne que pourra !
Le fait qu’ils soient parvenus, par la ruse et par la détermination, à toucher les grilles du Palais de la République pour protester contre une hausse illégitime des coûts de l’électricité, est un signe révélateur du fossé béant qui existe entre le locataire arrogant des lieux et sa cour, et une frange importante de la population sénégalaise. Cette fracture n’est pas une nouveauté car c’est elle qui est à l’origine des actes manipulatoires qui ont présidé à l’organisation scandaleuse de la plupart des élections tenues dans ce pays depuis sept ans.
En atteignant les rives sombres d’une présidence impopulaire dont le règne ne perdure en partie que par les baïonnettes que porte la loi de la force, Guy Marius Sagna et Cie humilient fondamentalement le régime. Interdits de marche par un préfet politicien aux ordres du prince, ils démontrent sur le terrain des réalités comment des proclamations nobles et séduisantes sur l’Etat de droit se transforment en mensonges opérationnels qui violent concrètement les droits élémentaires des citoyens.
Par cette même occasion, ils rappellent à ceux dont les esprits ont besoin d’être mis à jour que rien n’est plus fragile qu’un pouvoir qui se repose sur sa loi pour punir ses propres citoyens au mépris des intérêts supérieurs du pays.
C’est en cela que leur interpellation est une défaite, une de plus et peut-être pas la dernière, pour Macky Sall. Jamais un chef d’Etat sénégalais n’aura autant trahi la démocratie et ses principes, et ce n’est sans doute pas fini d’ici à 2024. Un point un trait, advienne que pourra !
C’est par la terreur du limogeage systématique que le président de la République tient en laisse son camp et ses alliés de Benno Bokk Yaakaar sur la question d’un 3e mandat en sa faveur. Mais un jour ou l’autre, d’une manière ou d’une autre, Macky Sall devra regarder les Sénégalais les yeux dans les yeux pour leur dire ce qu’il entend faire en 2024…
Les purges qui se succèdent dans la galaxie présidentielle en rapport avec l’évocation d’un 3e mandat qui serait impossible pour le futur chef de l’Etat sortant risquent de polluer le…mandat en cours de Macky Sall. Après Sory Kaba, le directeur général des Sénégalais de l’Extérieur, c’est au tour du ministre-conseiller Moustapha Diakhaté de passer à la trappe, les deux ayant allègrement et courageusement franchi les lignes interdites par le palais.
En attendant que les juristes continuent de s’écharper autour de l’article 27 de la Constitution, une situation inédite se pose. Dans la Constitution de 2016, le président de la République a souhaité régler définitivement cette question en posant l’acte suivant : «La durée du mandat du président de la République est de cinq ans. Nul ne peut exercer plus de deux mandats successifs.»
En principe, il ne devait plus y avoir de débat, d’autant que le chef de l’Etat lui-même est ensuite intervenu pour confirmer sa volonté : «Nul ne peut plus faire plus de deux mandats successifs.» Mais il se trouve que deux éminents juristes, les Pr Babacar Guèye et Jacques Mariel Nzouankeu, ont tenté de démontrer que la porte d’un 3e mandat successif reste quand même ouverte pour le président en exercice.
La faute, selon eux, à la suppression des dispositions transitoires contenues dans l’ancienne charte fondamentale et qui organisaient la dévolution et l’enchaînement des mandats. Encore qu’il faille noter que ces dispositions là n’avaient pas empêché Abdoulaye Wade de briguer un 3e mandat contre l’avis d’une majorité écrasante de juristes…
Protéger le mandat en cours ?
Il y a bien longtemps que le président Macky Sall ne s’est plus prononcé sur une question naturellement revenue au devant de l’actualité au lendemain de la présidentielle de février 2019. Il est donc utile et nécessaire pour la démocratie sénégalaise et pour la visibilité et la transparence des joutes politiques que la volonté originelle du chef de l’Etat de ne pas se représenter en 2024 fût réaffirmée avec force. Cela n’a pas été fait. Pour quelles raisons ? On l’ignore. Et c’est à ce niveau que réside une part du mystère qui entoure la démarche brutale de Macky Sall contre ceux de son camp qui lui suggèrent de penser déjà à sa reconversion dans moins de cinq ans.
Certes, il est dans son droit de vouloir protéger coûte que coûte un ultime mandat, celui de la réalisation du Plan d’action prioritaire de la phase 2 du PSE, contre les incontournables batailles de positionnement qui vont avoir cours au plus haut sommet de l’Etat et du pouvoir. Immanquablement, le choc des ambitions va opposer des «héritiers» plus ou moins légitimes qui vont se disputer la maîtrise de l’appareil d’Etat et des autres leviers censés être des outils stratégiques sur le chemin d’accès à la fonction suprême.
Le «sang» va couler à flot, il y aura des larmes et de la sueur, le bilan risque d’être lourd en termes de dégâts politiques dans la mouvance présidentielle. Les principales figures du régime porteuses de projet politique et désireuses de s’émanciper de la tutelle de Sall sortiront du bois à un moment ou à un autre pour affronter un éventuel système d’usurpation, quitte à coaliser avec des franges significatives de l’opposition et de la société civile dans un combat purement citoyen. In fine, le pays tout entier pourrait être en danger.
Macky Sall a-t-il l’intention de faire un 3e mandat consécutif en 2024 ? Après avoir dit publiquement «non» à cette perspective, le voilà dans le doute. Il doute fondamentalement de lui-même, de sa (bonne) intention originelle, de son avenir à la tête du Sénégal. Il ne semble plus avoir de certitudes saines sur le sujet tant est grand ce doute illégitime.
Pourtant, un mot, une phrase, une confirmation, nets et précis peuvent mettre fin à cette ambiance délétère qui commence à taper sur les nerfs. Nenni ! En lieu et place d’une réponse d’intérêt national, il érige la purge en un système d’autodéfense auquel il ne manque que les fusillades au poteau dans des zones sombres de l’arrière-pays pour tomber dans le stalinisme.
Macky Sall a-t-il parlé trop vite ?
Derrière ce silence bavard et dramatiquement vaudevillesque qu’il impose à ses ouailles, en gros une armée de fidèles sans ambition autre que de prolonger leur séjour sous les lambris du pouvoir, le chef de l’Etat engage une longue guerre d’usure contre lui-même, contre ses amis et ses alliés, du moins ceux qui ont à cœur de prouver que la politique peut encore compter sur des hommes et femmes intègres pour qui la parole d’un chef d’Etat équivaut à une loi.
Malheureusement, le président Sall est si mal à l’aise sur le sujet que ses états de services en matière de promesse politique et institutionnelle ne plaident pas en sa faveur. Son reniement spectaculaire sur la durée du premier mandat (2012-2019) est encore trop frais dans les mémoires. Digne de confiance ? Pour certains, la question ne se pose même plus, c’est dire…
Macky Sall a-t-il parlé trop vite ? Peut-être. Dans tous les cas, il est impératif qu’il mettre fin à son jeu favori d’être en tête-tête avec lui-même quand l’intérêt national exige transparence et clarté chez le premier magistrat du pays. S’est-il rendu compte que l’inauguration d’une bonne partie des grands projets dits structurants de son cher Plan Sénégal Emergent pourrait avoir lieu en dehors du mandat actuel ? Probablement mais il est de notoriété publique que les hommes passent et que les institutions demeurent. Voudrait-il assurer ses arrières en promouvant un homme ou une femme capable de «gérer» les actifs et passifs d’un héritage alourdi par une mal gouvernance historique ? Ce serait «légitime» mais le Sénégal reste une démocratie jusqu’à preuve du contraire.
C’est justement parce que nous sommes une démocratie – majeure, selon le président Macky Sall – que le genre d’incertitude entourant le mandat du chef de l’Etat est inacceptable. Vivement que le président de la République siffle la fin d’une récréation qui ne ressemble plus à rien.
En attendant que les juristes continuent de s’écharper autour de l’article 27 de la Constitution, une situation inédite se pose. Dans la Constitution de 2016, le président de la République a souhaité régler définitivement cette question en posant l’acte suivant : «La durée du mandat du président de la République est de cinq ans. Nul ne peut exercer plus de deux mandats successifs.»
En principe, il ne devait plus y avoir de débat, d’autant que le chef de l’Etat lui-même est ensuite intervenu pour confirmer sa volonté : «Nul ne peut plus faire plus de deux mandats successifs.» Mais il se trouve que deux éminents juristes, les Pr Babacar Guèye et Jacques Mariel Nzouankeu, ont tenté de démontrer que la porte d’un 3e mandat successif reste quand même ouverte pour le président en exercice.
La faute, selon eux, à la suppression des dispositions transitoires contenues dans l’ancienne charte fondamentale et qui organisaient la dévolution et l’enchaînement des mandats. Encore qu’il faille noter que ces dispositions là n’avaient pas empêché Abdoulaye Wade de briguer un 3e mandat contre l’avis d’une majorité écrasante de juristes…
Protéger le mandat en cours ?
Il y a bien longtemps que le président Macky Sall ne s’est plus prononcé sur une question naturellement revenue au devant de l’actualité au lendemain de la présidentielle de février 2019. Il est donc utile et nécessaire pour la démocratie sénégalaise et pour la visibilité et la transparence des joutes politiques que la volonté originelle du chef de l’Etat de ne pas se représenter en 2024 fût réaffirmée avec force. Cela n’a pas été fait. Pour quelles raisons ? On l’ignore. Et c’est à ce niveau que réside une part du mystère qui entoure la démarche brutale de Macky Sall contre ceux de son camp qui lui suggèrent de penser déjà à sa reconversion dans moins de cinq ans.
Certes, il est dans son droit de vouloir protéger coûte que coûte un ultime mandat, celui de la réalisation du Plan d’action prioritaire de la phase 2 du PSE, contre les incontournables batailles de positionnement qui vont avoir cours au plus haut sommet de l’Etat et du pouvoir. Immanquablement, le choc des ambitions va opposer des «héritiers» plus ou moins légitimes qui vont se disputer la maîtrise de l’appareil d’Etat et des autres leviers censés être des outils stratégiques sur le chemin d’accès à la fonction suprême.
Le «sang» va couler à flot, il y aura des larmes et de la sueur, le bilan risque d’être lourd en termes de dégâts politiques dans la mouvance présidentielle. Les principales figures du régime porteuses de projet politique et désireuses de s’émanciper de la tutelle de Sall sortiront du bois à un moment ou à un autre pour affronter un éventuel système d’usurpation, quitte à coaliser avec des franges significatives de l’opposition et de la société civile dans un combat purement citoyen. In fine, le pays tout entier pourrait être en danger.
Macky Sall a-t-il l’intention de faire un 3e mandat consécutif en 2024 ? Après avoir dit publiquement «non» à cette perspective, le voilà dans le doute. Il doute fondamentalement de lui-même, de sa (bonne) intention originelle, de son avenir à la tête du Sénégal. Il ne semble plus avoir de certitudes saines sur le sujet tant est grand ce doute illégitime.
Pourtant, un mot, une phrase, une confirmation, nets et précis peuvent mettre fin à cette ambiance délétère qui commence à taper sur les nerfs. Nenni ! En lieu et place d’une réponse d’intérêt national, il érige la purge en un système d’autodéfense auquel il ne manque que les fusillades au poteau dans des zones sombres de l’arrière-pays pour tomber dans le stalinisme.
Macky Sall a-t-il parlé trop vite ?
Derrière ce silence bavard et dramatiquement vaudevillesque qu’il impose à ses ouailles, en gros une armée de fidèles sans ambition autre que de prolonger leur séjour sous les lambris du pouvoir, le chef de l’Etat engage une longue guerre d’usure contre lui-même, contre ses amis et ses alliés, du moins ceux qui ont à cœur de prouver que la politique peut encore compter sur des hommes et femmes intègres pour qui la parole d’un chef d’Etat équivaut à une loi.
Malheureusement, le président Sall est si mal à l’aise sur le sujet que ses états de services en matière de promesse politique et institutionnelle ne plaident pas en sa faveur. Son reniement spectaculaire sur la durée du premier mandat (2012-2019) est encore trop frais dans les mémoires. Digne de confiance ? Pour certains, la question ne se pose même plus, c’est dire…
Macky Sall a-t-il parlé trop vite ? Peut-être. Dans tous les cas, il est impératif qu’il mettre fin à son jeu favori d’être en tête-tête avec lui-même quand l’intérêt national exige transparence et clarté chez le premier magistrat du pays. S’est-il rendu compte que l’inauguration d’une bonne partie des grands projets dits structurants de son cher Plan Sénégal Emergent pourrait avoir lieu en dehors du mandat actuel ? Probablement mais il est de notoriété publique que les hommes passent et que les institutions demeurent. Voudrait-il assurer ses arrières en promouvant un homme ou une femme capable de «gérer» les actifs et passifs d’un héritage alourdi par une mal gouvernance historique ? Ce serait «légitime» mais le Sénégal reste une démocratie jusqu’à preuve du contraire.
C’est justement parce que nous sommes une démocratie – majeure, selon le président Macky Sall – que le genre d’incertitude entourant le mandat du chef de l’Etat est inacceptable. Vivement que le président de la République siffle la fin d’une récréation qui ne ressemble plus à rien.
« La grâce est un pouvoir constitutionnel du président de la République. Ça ne dépend que de lui, et de lui tout seul, et de son appréciation. Donc je ne peux pas discuter de ce que dit la presse par rapport à la grâce. Le jour où j’en aurai la volonté ou le désir, je le ferai comme j’ai eu à le faire. »
Notre confrère de RFI qui a interviewé le chef de l’Etat sénégalais a sans doute eu froid dans le dos en entendant Macky Sall recourir à des mots aussi peu innocents que « volonté » et « désir » pour exprimer le caractère omnipotent de sa posture comme Administrateur général du dossier Khalifa Ababacar Sall. Dans les dédales de la littérature scientifique autour de ces deux vocables, les équivalents les plus fréquents sont : motivation cachée, insatisfaction, jouissance, besoin, manque à combler, etc. Et quand le sujet principal touche à l’adversité politique, cette association de mots a néanmoins le don de fournir des éléments de confirmation.
Dans aucun pays démocratique digne de ce nom, un président de la République ne prononcerait en public de tels mots à l’endroit d’un adversaire qui, à bon escient, se définit comme prisonnier politique du pouvoir régnant. «Désir» et «volonté» traduisent effectivement chez le président sénégalais la jouissance à centraliser à son niveau un conflit politique dont il tire les ficelles avec évidence depuis l’origine.
Ils sont l’expression d’une posture de puissance qui rappelle au monde politique sénégalais, en particulier aux récalcitrants opposés à la démocrature qui s’est installée depuis 2012, qu’il y a un chef à la barre. L’exposition d’un moi surdimensionné échafaudé dans l’accoutumance aux délices du pouvoir ressort de l’inflation de «je» : 4 à la suite dans une phrase de 21 mots, ce doit être un record mondial en la matière. Avec un tel environnement mental qui fait de l’épicerie politique une activité normale intégrée à la gouvernance du pays, il y a de quoi s’inquiéter.
Dans un genre plus prosaïque, le président Macky Sall «promet» de faire du dossier Khalifa Sall ce qu’il voudra bien en faire. C'est-à-dire un objet de marchandage qui fera partie de son agenda politique. Au-delà de la mauvaise foi qui consiste à faire croire que tous les prisonniers de Rebeuss sont politiquement et socialement égaux, le chef de l’Etat semble considérer l’ex maire de Dakar comme une monnaie d‘échange et un moyen de pression dans le cadre des campagnes politiques à l’horizon. De quelles façons ? Lui seul le sait. Mais au final, ce ne pourrait être qu’un scandale démocratique. Un de plus, et certainement pas le dernier. L’avenir de Khalifa Ababacar Sall lui appartient, estime-t-il. Mon Dieu !
Notre confrère de RFI qui a interviewé le chef de l’Etat sénégalais a sans doute eu froid dans le dos en entendant Macky Sall recourir à des mots aussi peu innocents que « volonté » et « désir » pour exprimer le caractère omnipotent de sa posture comme Administrateur général du dossier Khalifa Ababacar Sall. Dans les dédales de la littérature scientifique autour de ces deux vocables, les équivalents les plus fréquents sont : motivation cachée, insatisfaction, jouissance, besoin, manque à combler, etc. Et quand le sujet principal touche à l’adversité politique, cette association de mots a néanmoins le don de fournir des éléments de confirmation.
Dans aucun pays démocratique digne de ce nom, un président de la République ne prononcerait en public de tels mots à l’endroit d’un adversaire qui, à bon escient, se définit comme prisonnier politique du pouvoir régnant. «Désir» et «volonté» traduisent effectivement chez le président sénégalais la jouissance à centraliser à son niveau un conflit politique dont il tire les ficelles avec évidence depuis l’origine.
Ils sont l’expression d’une posture de puissance qui rappelle au monde politique sénégalais, en particulier aux récalcitrants opposés à la démocrature qui s’est installée depuis 2012, qu’il y a un chef à la barre. L’exposition d’un moi surdimensionné échafaudé dans l’accoutumance aux délices du pouvoir ressort de l’inflation de «je» : 4 à la suite dans une phrase de 21 mots, ce doit être un record mondial en la matière. Avec un tel environnement mental qui fait de l’épicerie politique une activité normale intégrée à la gouvernance du pays, il y a de quoi s’inquiéter.
Dans un genre plus prosaïque, le président Macky Sall «promet» de faire du dossier Khalifa Sall ce qu’il voudra bien en faire. C'est-à-dire un objet de marchandage qui fera partie de son agenda politique. Au-delà de la mauvaise foi qui consiste à faire croire que tous les prisonniers de Rebeuss sont politiquement et socialement égaux, le chef de l’Etat semble considérer l’ex maire de Dakar comme une monnaie d‘échange et un moyen de pression dans le cadre des campagnes politiques à l’horizon. De quelles façons ? Lui seul le sait. Mais au final, ce ne pourrait être qu’un scandale démocratique. Un de plus, et certainement pas le dernier. L’avenir de Khalifa Ababacar Sall lui appartient, estime-t-il. Mon Dieu !
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2029 : l’unique obsession des frères siamois du pouvoir
Lettre ouverte à Pastef, au Président de la République et au Premier ministre (Par Diagne Fodé Roland)
21/11/2025
Il y a 108 ans, la Révolution communiste d'octobre 1917 : 10 jours ébranlèrent le monde
16/11/2025
Lettre ouverte : A M. El Malick Ndiaye, responsable politique au PASTEF, par ailleurs président de l’Assemblée Nationale (Par Me Wagane Faye)
16/11/2025
Du présidentialisme néocolonial au parlementarisme souverainiste populaire !
12/11/2025
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