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«DESIR» ET «VOLONTE» : Macky Sall ou le refoulé d’un scandale moral et démocratique

Lundi 26 Août 2019

«DESIR» ET «VOLONTE» : Macky Sall ou le refoulé d’un scandale moral et démocratique
« La grâce est un pouvoir constitutionnel du président de la République. Ça ne dépend que de lui, et de lui tout seul, et de son appréciation. Donc je ne peux pas discuter de ce que dit la presse par rapport à la grâce. Le jour où j’en aurai la volonté ou le désir, je le ferai comme j’ai eu à le faire. »
 
Notre confrère de RFI qui a interviewé le chef de l’Etat sénégalais a sans doute eu froid dans le dos en entendant Macky Sall recourir à des mots aussi peu innocents que « volonté » et « désir » pour exprimer le caractère omnipotent de sa posture comme Administrateur général du dossier Khalifa Ababacar Sall. Dans les dédales de la littérature scientifique autour de ces deux vocables, les équivalents les plus fréquents sont : motivation cachée, insatisfaction, jouissance, besoin, manque à combler, etc. Et quand le sujet principal touche à l’adversité politique, cette association de mots a néanmoins le don de fournir des éléments de confirmation.
 
Dans aucun pays démocratique digne de ce nom, un président de la République ne prononcerait en public de tels mots à l’endroit d’un adversaire qui, à bon escient, se définit comme prisonnier politique du pouvoir régnant. «Désir» et «volonté» traduisent effectivement chez le président sénégalais la jouissance à centraliser à son niveau un conflit politique dont il tire les ficelles avec évidence depuis l’origine.
 
Ils sont l’expression d’une posture de puissance qui rappelle au monde politique sénégalais, en particulier aux récalcitrants opposés à la démocrature qui s’est installée depuis 2012, qu’il y a un chef à la barre. L’exposition d’un moi surdimensionné échafaudé dans l’accoutumance aux délices du pouvoir ressort de l’inflation de «je» : 4 à la suite dans une phrase de 21 mots, ce doit être un record mondial en la matière. Avec un tel environnement mental qui fait de l’épicerie politique une activité normale intégrée à la gouvernance du pays, il y a de quoi s’inquiéter.  
 
Dans un genre plus prosaïque, le président Macky Sall «promet» de faire du dossier Khalifa Sall ce qu’il voudra bien en faire. C'est-à-dire un objet de marchandage qui fera partie de son agenda politique. Au-delà de la mauvaise foi qui consiste à faire croire que tous les prisonniers de Rebeuss sont politiquement et socialement égaux, le chef de l’Etat semble considérer l’ex maire de Dakar comme une monnaie d‘échange et un moyen de pression dans le cadre des campagnes politiques à l’horizon. De quelles façons ? Lui seul le sait. Mais au final, ce ne pourrait être qu’un scandale démocratique. Un de plus, et certainement pas le dernier. L’avenir de Khalifa Ababacar Sall lui appartient, estime-t-il. Mon Dieu !
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1.Posté par Me François JURAIN le 31/08/2019 18:42
Je ne pense pas -malheureusement pour lui- que Khalifa SALL bénéficiera dans l'immédiat, d'une grace présidentielle, et finalement, est ce que cela servirait l'intéressé lui même.
Pour bien comprendre le fonctionnement du président -enfin, "bien" est peut être un mot exagéré, disons essayer de comprendre- il faut se reporter au début de cette affaire.
Pour Monsieur Macky SALL, il vient d'être élu président, sur les bases d'une profession de foi (cf discour du 03 avril 2012) qu'il s'est bien évidemment empressé de renier, puisque en fait, ce qui l'intéressait avant toute chose, s'était s'enrichir à bon escient. C'est pourquoi dans les quatre mois qui ont suivi son élection, l'IGS a pointé du doigt le fait qu'il s'était enrichit d'une somme de 8 millards de FCFA, some sur laquelle nous n'avons aucune explication: c'est pourtant l'argent des sénégalais (et des autres qui vivent ici, paient des impôts, et font tourner "la machine"). Mais son plan d'enrichissement s'étalait sur deux mandats. Et Khalifa SALL risquait de perturber ce plan, donc, pour faire bonne mesure, il l'a mis en prison. Tout le monde, y compris les fervents suporters du Maître, reconnaissent aujourd'hui qu'il s'agit bien d'un emprisonnement politique, avec la complicité du Procureur laquais de service. Mascky SALL est un homme omnubilé par l'argent, il n'y a aucun sentiment chez cet homme, et s'il a mis K.SALL en prison, c'est parce que cela servait ses intérêts. Donc, il ne le sortira (idem pour K WADE) que lorsque cela pourra servir ses intérêts. Mais pour l'instant, quel intérêt aurait il à libérer l'un ou/et l'autre? AUCUN. Il sait que de très grosses difficultés arrivent à pas de géant, pour contrarier ce deuxième mandat, et surtout sa volonté cachée d'en faire un troisième. La santé est dans un état de délabrement avancé, L'enseignement est une véritable catastrophe (voulue par le pouvoir, il n'est pas nécessaire d'avoir trop de gens intelligents dans le pays, cela peut lui nuire), la dette atteint des sommets colossaux, les caisses sont tellement vides que tous les travaux sont arrêtés ou retardés, faute de paiements, c'est un euphémisme de dire que le pays va "a volo". Même la dictature instaurée par le président, en supprimant tous les contre pouvoirs, ne marche pas comme il le voudrait. Donc, quel intérêt en plus de libérer K.SALL ou K.WADE maintenant, cela ne lui rapportera rien politiquement. Le jour où cela lui rapportera quelque chose, il le fera, mais certainement pas avant, et ce n'est pas une pétition ou des manifestations qui y changeront quelque chose.
Ce faisant, si j'étais K.SALL, au point où il en est, je refuserait une grace présidentielle qui de toute façon ne sera accordée qu'aux termes d'un marchandage où il n'y aura qu'un gagnant dont on sait qu'il ne respect ni ses écrits, et encore moins sa parole. Non, si j'étais K.SALL, malgrè que les conditions de détentions soient très pénibles et très difficiles, car tout le monde sait dans quel état sont les établissements pénitentiaires, et en particulier Rebeuss, j'irai jusqu'au bout, pour tenir tête à ce dictateur, et lui faire voir dès la sortie, ce qui se passe, quand on se comporte comme cet individu, qui ne mérite ni le nom, ni la fonction de président, s'est comporté.
Alors, attendre de Monsieur M.SALL un geste d'humanité, un geste de bienséance, ou tout simplement un geste conforme à son engagement avant la mise en place de cette farce qu'est le débat citoyen dont plus personne ne sait ce qu'il en advient, est un doux rêve qu'il faut vite abandonner, malheureusement pour les deux concernés.
Mais, pour le couple SALL-FAYE, en revanche, tout va bien, très bien même...mais la roue tourne, enfin, en principe.
Me François JURAIN

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