Le problème de bourses de Master que nous voyons aujourd'hui est une conséquence de choix politiques mal assumés et d’options pédagogiques sans mesures d’accompagnement. Les bourses et œuvres sociales dans les universités pèsent de plus en plus sur les finances publiques.
Difficultés d’adaptation au système LMD
Le Sénégal a adopté le système Licence-Master-Doctorat (LMD) en 2011 et nos universités s'y adaptent difficilement. Comme par hasard, les problèmes de calendrier ont commencé en 2012. Pourtant le LMD permet l’alignement aux standards internationaux et favorise la réussite des étudiants en leur permettant de capitaliser et de transférer les crédits déjà acquis.
Cependant, ce système est lourd pour nos universités car il fragmente les enseignements, accroît les besoins en personnels enseignants, en salle de cours et augmente les effectifs étudiants à travers le passage conditionnel; c’est-à-dire la possibilité de passer en classe supérieure avec 70% des crédits requis; les 30% étant une dette à payer l’année suivante (au lieu de redoubler). L’étudiant est donc "enjambiste" et est évalué dans deux classes la même année.
Les enseignants sont obligés de passer ́la moitié de l’année à évaluer et l’autre moitié à enseigner; ce n’est pas l’idéal.
Les années académiques se chevauchent, les années budgétaires s’imbriquent et doivent enjamber comme les étudiants enjambistes.
Réticences à réduire la durée des semestres
L’année académique dure 25 semaines même lorsqu’il n' y avait pas internet. Aujourd'hui, la durée des semestres peut être réduite pour retomber sur un calendrier normal.
A l’UCAD les établissements ont des plateformes permettant aux étudiants d’accéder aux supports de cours et aux corrigés des TD. Malheureusement on fait toujours le même nombre d’heures en présentiel.
Un même calendrier de la 1ère année (L1) à la 5e année (M2) aurait facilité la gestion des bourses.
Des choix politiques mal assumés
Depuis plusieurs années, le Sénégal a choisi d’orienter tous les bacheliers (qui en font la demande) dans les universités publiques; très peu vont dans les instituts supérieurs professionnels (ISEP).
L’Etat devait en même temps régler le problème des capacités d’accueil et de personnels enseignants dans les universités; ça n’a pas été le cas. Les universités dans les autres régions devaient contribuer à desserrer l’étau sur l’UCAD mais elles ont toujours des capacités limitées par rapport au flux de bacheliers.
A l’UCAD, la surpopulation des classes de Master pose un problème d’encadrement des étudiants. La généralisation de la bourse, combinée au manque d’opportunités d’emploi après la licence, amènent les étudiants à continuer systématiquement en Master. Rien que ce constat doit amener à renforcer la capacité d’accueil des ISEP et de certains établissements d’enseignement privés réputés pour leur contribution à la professionnalisation.
En conclusion, le problème des bourses n’est pas seulement financier ; il est multidimensionnel et nécessite une action concertée de tous les acteurs si on veut éviter qu’il se repose avec beaucoup plus d'acuité les années à venir.
Pr Abou KANE
FASEG/UCAD
Source : Ma revue de presse







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