| 05/11/2025 | 573 vues
EDITORIAL
On l’a ! On l’a eu ! C’est le double cri de triomphe qui a pu être entonné quelque part dans les salons feutrés de plusieurs officines de la République après l’emprisonnement d’Ousmane Sonko par le doyen des juges d’instruction sur réquisitoire du procureur, suivi par l’annonce de la dissolution du parti Pastef (Patriotes du Sénégal pour le travail l’éthique et la fraternité). Pourtant, aucune de ces deux mesures substantiellement politiques ne peut constituer une surprise tant elles étaient devenues des sur-priorités dans les laboratoires du régime, là où prospèrent, dit-on, les ‘’vrais’’ complots contre la démocratie et l’Etat de droit. Quelle est la nature d’un régime qui dissout le premier parti politique d’opposition en termes de représentativité parlementaire et dont le leader, arrivé 3e à la présidentielle de février 2019, est vu comme un candidat très sérieux – pour ne pas dire le favori – à l’élection présidentielle de février 2024 ?
En obtenant (provisoirement) la peau et l’appareil politique du plus irréductible de ses opposants, le président Macky Sall ne devrait pas être fier d’une telle performance, au 21e siècle, dans un pays comme le Sénégal. Ce n’est pas la finalité malheureuse à laquelle on est arrivé qui est révoltante en soi. Ce qui est méprisable, c’est le cocktail de méthodes absolument ignobles mises en branle depuis deux ans pour éliminer un adversaire politique atypique contre qui il n’a jamais été possible de stabiliser un angle d’attaque porteur de résultats probants. Seule une insurrection à X dimensions a permis de le neutraliser. La démocratie sénégalaise est ainsi déchiquetée. Non parce qu’Ousmane Sonko et Pastef sont mis hors course, mais parce que les principes fondamentaux d’un Etat de droit juste et impersonnel sont trahis par l’activisme politicien de fonctionnaires partisans.
Personne n’est dupe et tous les observateurs le savent : Macky Sall a perdu le rapport de force politique contre Ousmane Sonko depuis belle lurette. Sa légitimité en souffre, lui-même sans doute, et il semble qu’il doive en être ainsi jusqu’à son départ du pouvoir le 2 avril 2024.
Dans cette faiblesse à la fois structurelle et organique, mâtinée d’une impopularité rarement égalée au sommet de l’Etat, Macky Sall s’est adossé de guerre lasse sur les piliers sécuritaires et répressifs de son régime pour s’assurer un semblant de survie. C’est cette option dramatique de la fuite en avant qui a engendré ces dizaines de morts recensés dans notre pays depuis les événements sanglants de février-mars 2021.
DEMOCRATIE SOUS TUTELLE
L’histoire n’est sans doute pas finie, mais la guerre violente que le pouvoir sénégalais a imposée à Ousmane Sonko et à ses compagnons de « projet » depuis les lendemains de la présidentielle de 2019 a confirmé une autre réalité tangible. Macky Sall a patrimonialisé la démocratie et imposé aux institutions de la République un devoir d’allégeance à sa volonté de puissance. Cette brutalité primaire dans l’action s’explique : l’alchimie de toute sa stratégie de domination repose sur le refus pathologique de se soumettre, en toute humilité, à la simplicité des lois qui organisent les élections au Sénégal. C’est cette peur bleue du suffrage universel loyal qui est le soubassement de sa campagne tragique contre l’opposant Pastef.
Tous comptes faits, le pouvoir se retrouve clairement en position de force, presqu’en roue libre, le chemin momentanément dégagé pour le « Bébé Macky » qui va servir de dauphin au Président. Pastef, quand à lui, va devoir se réinventer après moins d’une dizaine d’années d’existence. Ses centaines de milliers de militants et sympathisants ne disparaîtront pas de leur belle disparition après cette dure journée du 31 juillet 2023. Au contraire, il est à craindre pour le pouvoir qu’ils continuent de ferrailler contre lui d’une manière ou d’une autre, mais aussi qu’ils construisent leur redéploiement dans le champ politique sous des formes nouvelles dont les conséquences électorales finiraient par inquiéter le pouvoir en place.
Onze ans après son arrivée au pouvoir et sept mois avant la fin de son second et dernier mandat, le chef de l’Etat a domestiqué un large spectre de l’espace politique sénégalais, remuant jalousement dans sa poche une liste interminable de vieux briscards politiciens ayant choisi de finir leur « carrière politique » en roue libre, sans stress, si possible sous les paillettes. C’était comme qui dirait la chance de sa vie, mais c’est la démocratie sénégalaise qui récolte les pots pourris et cassés d’une erreur de casting qui restera historique.
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Le bon sens a fini par l’emporter. Dans un excellent message à la nation délivré ce 3 juillet 2023, Macky Sall a reculé dans son « projet » d’imposer à la démocratie sénégalaise l’aventure d’une 3e candidature consécutive à l’élection présidentielle de février 2024. Aujourd’hui, il peut dire à la face du monde qu’il a tenu sa promesse et flatté son « code d’honneur » aux termes d’un suspens insoutenable. Cependant, il arrive que nécessité fasse loi, surtout en politique.
L’intransigeante détermination du peuple sénégalais à assurer la survie du modèle politique représentatif qui nous prémunit depuis des décennies contre toute sorte d’autocratie ne peut être exclue des facteurs de renoncement qui ont guidé Macky Sall. Les pressions constantes des mouvements de la société civile (mises à part celles qui se sont compromises publiquement ou en cachette avec le projet du pouvoir), des organisations politiques et, pour une fois, d’un consortium informel de journalistes sénégalais libres et conscients des enjeux de la question, ont substantiellement affaibli l’intention illégale et anticonstitutionnelle du déjà futur président sortant de briguer un nouveau mandat. Les avertissements, même diplomatiques, lancés par certaines chancelleries occidentales ou, plus ouvertement, les mises en gardes répétées du Département d’Etat des Etats-Unis ont participé à décourager une autre violation de la Constitution du Sénégal.
Quand nécessité fait loi !
Il y a douze ans, le Sénégal avait vécu la même affaire avec Abdoulaye Wade comme président désireux de compléter un tiercé victorieux. L’opposant Macky Sall était l’un des leaders de cette contestation qui fit alors une quinzaine de personnes tuées à Dakar et à l’intérieur du pays. Fallait-il que Sall soit en 2023 le successeur de Wade par qui le scandale d’une deuxième vague de morts arriverait ?
Si Macky Sall a renoncé, ce n’est évidemment point de gaieté de cœur. Il a peut-être été en conflit avec son for intérieur après avoir solennellement pris des engagements multiples (dont un écrit) de faire deux mandats et de partir. Il reste un humain après tout. Il a tenté de rendre évidente sa 3e candidature en suscitant un gigantesque remue-ménage interne à la galaxie politique qui l’a porté au pouvoir. Mais il a tellement bien mesuré l’épaisseur et la lourdeur des écueils qui se seraient dressés sur son chemin qu’il ne s’est pas senti en capacité de pouvoir en payer le prix.
Son impopularité manifeste auprès des Sénégalais, une succession de gros revers électoraux (janvier 2022 et juillet 2022) aux locales et législatives, les proportions gigantesques d’une corruption qui mine profondément son pouvoir, l’accumulation de scandales économiques et financiers jamais élucidés et à mettre en parallèle avec l’impunité totale des auteurs de délinquance gestionnaire, ont parachevé le processus de renoncement à une 3e candidature. La logique de la capitulation présidentielle relève donc d’une logique implacable.
Mais la goutte d’eau qui a probablement annihilé les ambitions secrètes d’une 3e candidature, c’est la répression sanglante des manifestations de juin 2023 et leur cohorte de morts dont la plupart ont été documentés par les organisations de droits humains et attribués aux forces de défense et de sécurité (FDS). Amplifiés par les plus médias du monde, ces événements inédits braquent désormais les projecteurs de la planète sur le Sénégal dont des autorités politiques, judiciaires et des cadres des forces de défense et de sécurité, sont traînées pour la première fois devant le bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI).
Ligne rouge
L’enchevêtrement pernicieux de telles actualités réduisent d’autant, au plan politique, la marge de manœuvre du président de la République. Sous cet angle, le projet de 3e mandat rejeté amicalement par la France et plus franchement par les Etats-Unis devenait une ligne rouge que Macky Sall n’a pas osé franchir. Il fallait arrêter les casseroles.
Aujourd’hui, il doit être clair pour toute la classe politique sénégalaise – du pouvoir, de l’opposition et de ce qu’il peut y avoir entre les deux - qu’il n’est plus possible de trahir les idéaux démocratiques qui organisent le déroulement de la vie politique ou de subvertir les textes et principes portés par la Constitution sans en payer le prix. La maturité du peuple sénégalais a atteint un tel niveau que la voie de la transgression est devenue un abonnement au suicide politique. Mais il restera toujours une étape à franchir. Aujourd’hui, la plus urgente semble être de trouver les moyens de faire émanciper une Autorité judiciaire au service du peuple souverain.
Innocenté par le tribunal criminel qui le jugeait (en son absence) des accusations de viols et menaces de mort proférées par une mythomane grassement entretenue par des forces occultes, Ousmane Sonko est sorti grandi de ce qui aura été jusqu’ici l’épreuve majeure de sa jeune carrière politique. Le verdict des juges en sa faveur – mis à part le subterfuge politicien utilisé en dernière instance pour sauver la face à certains – lave publiquement son honneur et celui de sa famille au terme d’une campagne de dénigrement sertie autour d’une violence inouïe qui attendra longtemps avant de trouver un équivalent dans l’histoire des adversités politiques sénégalaises.
La désormais sanglante journée du 1er juin 2023 (et peut-être celles suivantes) a fait son entrée fracassante au panthéon des grandes dates de la violence politique au Sénégal. Le président Macky Sall s’en souviendra longtemps encore après avoir promis, au lendemain des événements meurtriers de mars 2021, que « cela ne se reproduira plus jamais. » L’histoire a bégayé ! Et c’est pour lui rappeler que la gouvernance d’un pays ne se fait jamais durablement contre ses populations, contre leurs aspirations, contre les principes fondamentaux de justice, d’équité, de bons sens. L’arrogance, la volonté de puissance, le mépris, l’intolérance, l’illusion de l’invincibilité, voilà des mauvaises conseillères qui ont de tout temps et en tout lieu corrompu les capacités de jugements des ‘’princes’’.
« Force restera à la loi », ânonnent à longueur de journée des bataillons de politiciens sans vergogne et dont l’utilité publique n’est pas toujours à la hauteur des prébendes qui les font vivre au crochet généreux du bien public. Ils parlent de « la loi » transformée en un grotesque instrument judiciaire de liquidation d’adversaires politiques. Ils parlent de « la loi » qui discrimine les citoyens selon qu’ils appartiennent à une chapelle X ou Y. Ils parlent de « la loi » qui ferme les yeux sur les appels publics à la violence et au meurtre suivant qu’ils sont proférés par certains et pas par d’autres.
Ce sont toutes ces entraves à un fonctionnement normal de la justice dans notre pays qui indignent et exaspèrent les Sénégalais dans leur chair, la persécution d’Etat contre Ousmane Sonko n’en étant que le reflet grandeur nature. C’est cela l’échec majeur du Macky Sall président de la République après la version Bêta qui nous avait vendu des nouilles pour accéder à la magistrature suprême. Il nous a eus, et dans l’ordre !
Le chef de l’Etat Macky Sall, actionnaire majoritaire de la tragédie sénégalaise qui s’offre en spectacle au monde, en porte une énorme part de responsabilité en remettant en cause lui-même son impossible candidature à l’élection présidentielle de février 2024. C’est cela la pierre angulaire de ce chaos ambiant qui nous menace tous. A la gravité de son serment constitutionnel et de ses engagements personnels, il a osé opposer en dernière instance des considérations du juge constitutionnel et des « circonstances politiques » contraignantes pour lui. Cette posture de reniement rampant apparait comme le soubassement des dérives autoritaires mises en œuvre par des organes sécuritaires qui ne semblent plus avoir de limites légales. Leurs pratiques ont radicalement changé le visage de la démocratie sénégalaise et la valeur du principe de liberté dans l’espace public. Nous ne sommes pas loin d’un régime d’exception inédit pour notre pays.
En être là en 2023, à devoir tenir des statistiques autour de toutes ces vies (jeunes) fauchées parce que certains ont décidé de privatiser la justice, à assister à la destruction de biens publics et privés et d’infrastructures nationales coûteuses. En être là en 2023, à devoir enchaîner des jours entiers d’improductivité économique pour un pays quasiment sous tutelle de Bretton Woods. En être là en 2023, à devoir subir des perturbations scolaires et universitaires dans un système souffrant déjà de graves lacunes. En être là en 2023, douze ans après les déflagrations ayant accompagné la fin de pouvoir d’Abdoulaye Wade, à batailler encore sur le nombre de mandat. En être là en 2023 n’est signifiant que d’une réalité : impasse et échec. L'impasse à laquelle mènent intolérance atavique et incompétence désastreuse. L'échec d'une vie.
Les événements sanglants du 1er juin 2023 n’honorent pas le Sénégal, certes, mais il est encore temps de renouer avec notre culture démocratique, seul garant de notre survie collective. Cela passe par un retour à une sorte d’état de nature où tout roulerait comme sur des roulettes. Cela donnerait un Président raisonnable, dépourvu de légitimité et appelé à s'auto-convaincre que son magistère n’ira pas plus loin que février 2024 conformément à la Constitution qu’il a fait voter. Des opposants raisonnables dont les ambitions ne sauraient être contradictoires à l’intérêt général. Une justice raisonnable qui exerce ses pouvoirs en liberté et indépendance, à l’ombre du peuple souverain.
La poignée de main entre le président Macky Sall et Khalifa Sall lors de la rencontre sur l'Economie sociale solidaire à Dakar.
Le « dialogue politique » lancé par le président de la République est la première grande épreuve politique à laquelle la coalition d’opposition Yewwi askan wi (Yaw) doit faire face après avoir brillamment survécu aux joutes locales et législatives de l’année 2022. Le projet porté par le président de la République et considéré dans l’opposition comme une entreprise de démantèlement de Yaw est à la hauteur des insomnies provoquées dans la mouvance présidentielle par le séisme électoral qui a enfanté une Assemblée nationale radicalement rééquilibrée au profit de l’opposition.
Dans la peau du futur président sortant qui, à l’origine, s’est auto-exclu de la présidentielle de février 2024, Macky Sall s’astreint une mission ultime de bonne guerre : brûler les terres de l’opposition avec l’aide présumée de figures remarquables de cette...opposition en espérant que les opposants qui n’auraient pas répondu à son appel seraient emportés dans la débandade enflammée qui s’en suivrait. En d’autres termes, le chef de l’Etat entend réaliser sur le tard son projet annoncé à Kaffrine en 2015 et consistant à réduire ses adversaires politiques à leur plus simple expression, en cendres.
Question de confiance !
Mais en-a-t-il seulement les moyens maintenant à quelques encablures du terme de son dernier mandat à la tête du Sénégal ? Ousmane Sonko est hors de portée, Déthié Fall est intransigeant, Malick Gakou est sur ses grands chevaux, Cheikh Tidiane Dièye imperturbable... En dehors de Yaw, Aminata Touré parait inatteignable, de même que Mamadou Lamine Diallo, Boubacar Camara, Thierno Alassane Sall, Abdourahmane Diouf, Mary Teuw Niane, etc. En même temps, le mouvement des Forces vives de la nation prépare son rassemblement anti 3e candidature du vendredi 12 mai 2023 à la place de la Nation. Tous critiquent chez le chef de l’Etat une volonté farouche de s’acheter à moindres frais une présence « illégale » à la présidentielle de 2024.
C’est donc avec l’énergie du désespoir qu’il se résout à chercher un contenu et des acteurs à son dialogue. Certains des invités potentiels comme Khalifa Sall, le couteau sous la gorge, réclament les termes de référence de la rencontre. Cette exigence, formulée autrement par certains acteurs, est déjà une barrière de taille. Leur crainte ? Que Macky Sall soit le modérateur caché des discussions, celui qui en délimite le périmètre, en connaît les objectifs, en trace la ligne rouge. Celui à qui reviendrait l’honneur exclusif de trancher dans le vif des désaccords électoraux fondamentaux liés à la sincérité et à l’inclusivité du scrutin de février 2024. Faudrait-il (re)faire confiance à la discrétion de son coude ? Certains ont déjà leur réponse. Pourtant, un audit sérieux du dialogue de la « saison 1 » fini en queue de poisson - au grand dam de Famara Ibrahima Sagna - aurait davantage éclairé la réalité de ce que pourrait être une « saison 2 ».
Comme pour le scrutin de 2019, le président Sall se replace allègrement dans sa position favorite : celle de choisir (encore) la liste des candidats de la présidentielle de février 2024. En parallèle, les recommandations des organisations de la société civile sénégalaise et de la Mission d’observation électorale de l’Union européenne ont été ‘’’poubellisées’’ alors que les décisions de la Cédéao ont été pour l’essentiel ignorées, en particulier en ce qui concerne le parrainage.
Khalifa Sall, un avenir tracé par ses adversaires ?
Mais le contexte politique a changé et Macky Sall n’a plus forcément les cartes et la marge de manœuvre stratégique dont il disposait il y a quatre ans. Une forte défiance politique et populaire a altéré sa toute-puissance. Cette faiblesse sournoise expliquerait en partie l’incroyable chantage public contre les récalcitrants au dialogue qui ont déjà fait vœu de candidature. Karim Wade et Khalifa Sall semblent particulièrement ciblés par la pression présidentielle car, à eux deux, ils seraient en mesure de crédibiliser ( ?) le scrutin du 25 février 2024 duquel serait alors exclu Ousmane Sonko, principal leader de l’opposition. Aminata Touré a-t-elle tort de dénoncer le « deal » en gestation entre Macky Sall et le Pds visant à offrir à Karim Wade l’amnistie et la révision du code électoral qui lui donneraient le droit de participer au scrutin de l’année prochaine en échange d’une acceptation de la candidature du futur président sortant ?
Cependant, le plus en danger et le plus exposé de tous dans ces manœuvres hallucinantes du chef de l’Etat reste Khalifa Sall. Des deux « K », il demeure le plus à même de tout perdre et définitivement sur l’échiquier politique sénégalais. Sa participation au « dialogue » reviendrait d’une certaine manière à laisser le président de la République avoir « droit de vie et de mort » sur ses ambitions politiques. Macky Sall et la coalition Bby le veulent singulièrement au cœur du futur dialogue en tant qu’identité prestigieuse de la coalition Yewwi askan wi. Ils voudraient en faire un objectif marketing en l’exposant en public comme un trophée de guerre arraché à l’ennemi Sonko pour frapper les esprits. La publication peu innocente des images du trio Habib Sy-Barthélémy Dias-Khalifa Sall en toute décontraction avec le président Sall, en marge de la rencontre internationale sur l’Economie sociale et solidaire qui a pris fin dimanche à Dakar, est une première étape dans cette entreprise de fragilisation de Yaw. Mais une question s’impose à lui : quels engagements substantiels liés à l’organisation des élections au Sénégal Macky Sall a-t-il déjà tenus à l’endroit de ses adversaires politiques ?
Silencieux pour le moment dans l’attente des « retours » de la base militante de Taxawu Senegaal, Khalifa Sall semble vouloir se projeter dans une posture passive, celle qui laisserait ses adversaires et bourreaux actuels déterminer son avenir politique après un retour gagnant au premier plan. Tout un mystère !
Drôle de démocratie sénégalaise ! Un président de la république auquel la loi suprême (la Constitution qu’il a lui-même fait réviser pour la « verrouiller » selon ses dires) interdit de participer à l’élection présidentielle de février 2024 déroule dans une tranquillité absolument mystérieuse un agenda personnel qui lui permet d’instrumentaliser des gens bien au chaud à des postes de responsabilités stratégiques et déterminantes à la seule fin d’éliminer un adversaire politique qui n’est même plus son concurrent à cette échéance électorale à venir !!!
Après 63 ans d’indépendance, le Sénégal en est encore à l’ère de la démocratie grotesque et mesquine, celle qui reconnaît de facto au chef de l’Etat en exercice le soin de bâtir son propre royaume avec ses propres lois en marge des lois et règlements qui nous sont communs dans le cadre démocratique et républicain. Ce que nous disions depuis quelques années ne s’est jamais démenti : nous avons élu un homme autoritaire et figé dans l’absolue incapacité de lutter loyalement avec ses adversaires, en permanence agrippé aux moyens violents et méthodes coercitives qui naissent de sa volonté de puissance, en quête perpétuelle d’ingrédients et d’expédients qui lui dégagent les chemins de la gloire !
La gestion comique de la procédure judiciaire de l’affaire dite « Sweet Beauté » - avec une fille comme pièce à conviction prise en otage depuis deux ans - et les conséquences dramatiques qui pourraient en découler in fine seront-elles le stade suprême de la descente aux enfers du projet démocratique sénégalais ? On constate, effarés mais pas surpris, que le Président le plus impopulaire de la République du Sénégal depuis plus de six décennies aspire à la récidive. Son autoritarisme sarcastique le rend naturellement prévisible à tous les instants et le conduit droit sur les chemins de la tyrannie.
Aux dérives judiciaires, des réponses politiques mais jusqu’à quand ?
Avec Ousmane Sonko, il aspire à rééditer les « coups » qui lui ont permis de liquider politiquement et judiciairement Khalifa Sall et Karim Wade pour emporter la présidentielle de 2019. L’évidence du choix de la guillotine promis au chef du Pastef depuis au moins deux ans sautait tellement aux yeux que son début d’exécution en parait saugrenu, renforcé par le passage en force d’un juge d’instruction destructeur des principes élémentaires d’une justice d’équité. On ignore de quoi sera fait l’avenir du chef du parti Pastef, mais la partie semble moins aisée pour le « cabinet noir » de la république qui fait tant de mal à notre pays.
Pourquoi ? Parce que fondamentalement, aux dérives judiciaires imposées par Macky Sall, Ousmane Sonko a choisi d’opposer une réplique politique. La démonstration de force du meeting de ce 22 janvier 2023 à Keur Massar entre dans ce cadre. Certes, elle ne résout pas l’équation à laquelle il est confronté – répondre ou ne pas répondre à la justice dans un faux-dossier manifeste qui ne lui laisse pour l’instant pas une grande marge de manœuvre – mais elle annonce les couleurs d’une « résistance » dont le contenu et les modalités embraseraient le pays et dont nous avons déjà pu mesurer les conséquences dramatiques en mars 2021. Devons-nous tolérer ce risque potentiellement meurtrier qui nous pend au nez en prolongeant le silence sur les obsessions politiciennes personnelles d’un président de la république qui a renié la plupart de ses engagements solennels pris devant le peuple sénégalais ?
Aujourd’hui, c’est la tyrannie qui nous menace plus que l’autoritarisme déjà en vigueur depuis dix ans. La tyrannie dont nous parlons, ce n’est rien moins que la propension de Macky Sall à faire du Sénégal et de sa démocratie ce que lui-même en entend : un pays qui fonctionne sous sa botte et celle de ses thuriféraires, où les opposants sont punis devant la loi, où les partisans du président ont l’enseigne « impunité » caricaturée au front, un pays où l’exercice des libertés de presse et d’expression – genre « Libérer Pape Alé Niang » - finit devant le procureur puis à la prison de Rebeuss...
Les tétanisés !
Il est grand temps que les voix autorisées de ce pays sortent de leur torpeur complice et égoïste en faisant fi des largesses (ou non) du pouvoir à leur égard pour oser franchir le Rubicon des mots et des actes qui sauvent le Sénégal d’un basculement sans retour dans la folie. Attendre que la violence politique s’installe pour venir jouer les pompiers-médiateurs après coup ne serait pas glorifiant pour elles. Le président Sall est dans sa bulle, sous un régime mental qui l’a éloigné des réalités sénégalaises, auto-endoctriné victime du renforcement d’incapacités de courtisans aussi désespérés que lui de pouvoir perdre un jour le pouvoir. En janvier et juillet 2022, il a perdu deux fois de suite des élections, locales et législatives, deux expressions démocratiques qui lui ont renvoyé les sentiments profonds de ses compatriotes vis-à-vis de sa gouvernance. La sanction populaire d’une impopularité qu’il ne pourra jamais retourner en sa faveur. D’où l’appel à la dignité et à la lucidité que lui lancent tant de Sénégalais transpartisans…
Tout le monde a compris que l’affaire « Sweet Beauté » est une canaillerie politicienne. Les plus irréductibles partisans du chef de l’Etat le savent. Les citoyens sans attaches partisanes le savent. Même cette confrérie des « neutres », dont de très nombreux journalistes, engluée dans une couardise mercantiliste qui tue en elle toute crédibilité professionnelle, le sait. Sont-ils tous à ce point tétanisés qu’ils en deviennent incapables de dire « basta » à celui qui travaille depuis dix ans à détruire les fondements de notre démocratie ?
En 1993, le puissant journaliste d’investigation burkinabè Norbert Zongo avertissait : « les peuples comme les hommes finissent toujours par payer leurs compromissions politiques : avec des larmes parfois, du sang souvent, mais toujours dans la douleur. »
Dieu sauve le Sénégal !
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