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EDITORIAL
Inondations : ruse et incompétence sans limites
Ces inondations et les images de populations submergées par les eaux  jusque dans leur intimité ne témoignent de rien d’autre que d’une gouvernance corrompue dont la tête de gondole joue à cache-cache avec la réalité et la vérité.
 
Au-delà des « solutions structurelles globales » requises pour tourner cette page des naufrages pluviaux, il faut dénoncer ici et maintenant la responsabilité première du Président de la république et de ses ministres, coupables de n’avoir pas tenu leurs promesses aux populations des banlieues sénégalaises affectées par ce marasme, en dépit des moyens financiers colossaux censés avoir été injectés depuis plus de dix ans dans cette entreprise ratée. Mais seuls les naïfs, supporteurs du régime et autres situationnistes sont convaincus que des milliards de francs CFA n’ont pas été détournés des fonds originels que l’Etat a annoncé avoir investis dans la résolution définitive du cauchemar des inondations.
 
En vrai, si on met de côté l’incompétence et l’incurie de la gouvernance Sall sur le sujet, une chose semble acquise : les inondations ne sont pas forcément la tasse de thé du pouvoir actuel. Macky Sall semble d’autres priorités dans l’agenda politicien qu’il déroule tant bien que mal depuis son arrivée au palais de la république. La convocation en urgence d’une réunion de crise sur la question apparait comme une preuve incontestable de cette insouciance renouvelée et dramatique des gouvernants face aux douleurs quotidiennes des milliers de nos compatriotes en période d’hivernage.
 
La vadrouille annuelle des autorités étatiques et locale sur les lieux de misère de la banlieue ne règlera rien sauf à encore vendre des illusions à des populations dont la plupart ont fini de démythifier les paroles de circonstances pour tenter de prendre en charge leur destin et leurs drames du moment. En attendant des temps meilleurs…
 
 
 
 

Sénégal, une démocratie dirigée
Jusqu’au bout et sans en démordre, le gouvernement du président Macky Sall est résolu à maintenir sa chape de plomb sur la démocratie sénégalaise. Il y a bien longtemps que ce chef d’Etat animé de si peu de sincérité et soumis aux flagorneurs d’un cabinet-noir sans vergogne a décidé de capturer les institutions de l’Etat et de la République au profit de ses ambitions personnelles. Le vote en urgence de lois anti-terroristes scélérates le 25 juin dernier a été une étape de cette course folle à la puissance. L’approbation ce 12 juillet par les députés d’un code électoral stratégiquement tripatouillé à dessein entre 2017 et 2018 en est une autre sur les chemins de l’hyper-puissance. L’intolérance et l’arrogance avec lesquelles le Code-Macky a été validé par l’assemblée nationale est, du reste, conforme au standard de médiocrité qui caractérise désormais le statut de la démocratie dans notre pays. Le dialogue politique inclusif qui devait accoucher d’un minimum de consensus politique autour d’un code électoral réaménagé pour être du niveau de celui obtenu par feu Kéba Mbaye en 1992 replonge notre pays dans des tiraillements potentiellement explosifs.
 
Visiblement, le pouvoir en place n’en a cure. Malgré ce que ses parlementaires racontent sur le thème du « rien n’a changé » en ce qui concerne le code électoral, les faits sont têtus et leur apportent un cinglant démenti. C’est la loi n°2018-22 du 4 juillet 2018 portant révision du Code électoral de 2017 qui a substantiellement changé les conditions d’éligibilité par l’introduction du vocable « ELECTEUR » à l’entame de l’article 57. A cette période, il était difficile de penser que Karim Wade et Khalifa Sall n’étaient pas deux des adversaires non désirés par Macky Sall à l’élection présidentielle de février 2019. Du reste, une course contre la montre avait été lancée pour éviter que cette modification substantielle de la loi électorale ne rentrât dans la période des six mois en dessous de laquelle le Sénégal enfreindrait le Protocole de bonne gouvernance de la Cedeao relatif à l’organisation des élections.
 
« Un ajout en juillet 2018 »
 
Cette exclusion d’adversaires politiques n’a pas échappé aux observateurs électoraux de l’Union européenne après le scrutin de février 2019. « Les candidatures de Khalifa Sall et de Karim Wade n’ont pas été rejetées en raison des parrainages mais parce qu’ils faisaient l’objet de condamnations à une ‘’peine d’emprisonnement sans sursis (…) pour l’un des délits passibles d’une peine supérieure à 5 ans d’emprisonnement » » (Article L.31). Leurs condamnations ont été considérées comme les privant automatiquement de leurs droits civiques, en tant qu’électeurs et, par voie de conséquence, en tant que candidats. Cette interprétation n’était pas sans équivoque. Elle tenait à un ajout fait en juillet 2018 à la liste des pièces à inclure dans les dossiers de candidature, à sa voir le numéro de la carte d’électeur (Article L.115). Ainsi l’éligibilité était explicitement subordonnée à la qualité d’électeur, ce qui est de pratique courante, mais, étant donné l’exposition médiatique des deux cas en question, pouvait apparaître comme dicté par les circonstances », lit-on à la page 30 du Rapport final de la Mission d’observation.
 
En réalité, au regard du manque de fiabilité et de crédibilité morales qui caractérise le président de la république, nombreux étaient les observateurs qui s’étaient fait déjà une raison sur l’issue du dialogue politique voulu par Macky Sall lui-même. Le décor de l’échec était ainsi planté en deux segments : accords sur des aspects précis de la loi électorale mais sans grand danger pour le pouvoir ; désaccords majeurs sur des points plus compliqués comme l’usage du bulletin unique et la suppression des barrières politiques factices privant un certain nombre d’acteurs de participation aux joutes électorales. Arbitre en dernier ressort, Macky Sall savait exactement ce qu’il voulait et comment l’obtenir. Son objectif fondamental était de recruter les têtes de la dissidence du Pds qu’il savait en conflit avec Me Abdoulaye Wade. Ce ne fut donc pas un hasard si la bande à Oumar Sarr a rejoint la mouvance présidentielle avec armes, bagages et convictions après plusieurs décennies de guérilla et d’exercice du pouvoir. A ces moments précis, ont commencé les complaintes de Famara Ibrahima Sagna, alors à la tête du Comité de pilotage du dialogue national, furieux de constater que ses efforts étaient sabotés à certains niveaux du processus… Le hasard peut-être. Le fait est que Macky Sall n’avait plus réellement besoin d’un machin qui, au passage, aura coûté quelques dizaines de millions de francs CFA au contribuable. Les ravages de Dame Covid-19 se chargeront de finir le sale boulot…
 
Le « Code Kéba Mbaye » est mort
 
Au sortir de cette grande récréation, on peut bien accabler une certaine opposition, autant pour sa naïveté renouvelée face aux stratagèmes du président de l’APR que pour sa propension presque naturelle à se faire piéger par un «lion» qui ne dort jamais. Pouvait-elle pour autant refuser l’appel du président de la république ? Peut-être que oui, peut-être que non. C’est à ce niveau là que le peuple sénégalais, dans sa diversité politique, aurait pu pourtant assister au premier grand geste d’élégance d’un chef partisan lancé à toute vitesse dans un projet de conservation du pouvoir d’Etat.
 
Aujourd’hui, il faut se rendre à l’évidence : le « Code Kéba Mbaye » n’existe plus. C’est le Code-Macky qui est à…l’horreur au Sénégal. Autant le premier était concrètement inclusif et à la hauteur des exigences minimales d’une démocratie représentative. Autant le second trahit fondamentalement les soubassements d’une compétition électorale juste et équitable entre acteurs politiques. Mais cela ne dérange pas un président sénégalais historiquement adepte des passages en force et signataire incorrigible de contrats d’exclusion à durée indéterminée contre tous les petits « diables » qui lorgnent son fauteuil...
 

Pour Macky Sall, l’heure de la vengeance a sonné
Le président de la république avait promis de tirer les leçons des événements meurtriers de mars 2012 et leur cohorte de 13 à 14 morts en proclamant sur un air guerrier que cela ne se reproduira pas. Il n’avait pas dit comment. Les images puissantes de villes insurgées pendant plusieurs jours pour défendre les droits politiques et constitutionnels des citoyens trop longtemps bafoués, les déchainements incontrôlables de populations jeunes victimes des conséquences monstrueuses de politiques économiques et sociales dont l’essentiel des retombées ne profitent qu’à des oligarchies connectées au régime, le ras-le-bol contre la pauvreté et l’indigence dont les stigmates sont de plus en plus visibles au cœur et à la périphérie de nos cités, avaient créé un vrai traumatisme chez le président Macky Sall. La belle figure du chef, construite autour d’une fiction sans rapport avec la réalité intrinsèque d’un homme belliqueux et violent, s’était effondrée. A partir de là, la plaie de mars a laissé place à l’idée d’une riposte contre toutes les forces qui avaient mis à nu sa duplicité et son incompétence. L’heure de la vengeance  a sonné, sous la forme d’une procédure d’urgence imposée à une assemblée nationale naturellement ringarde pour faire passer un package de lois du code pénal et du code de procédure pénal dont quelques-unes, scélérates, restreignent et criminalisent substantiellement les libertés relatives aux manifestations et rassemblements pacifiques.
 
L’article 279 alinéa 1 dispose : «Constituent des actes de terrorisme punis de la réclusion criminelle à perpétuité, lorsqu’ils sont commis intentionnellement en relation avec une entreprise individuelle ou collective ayant pour but d’intimider une population, de troubler gravement l’ordre public ou le fonctionnement normal des institutions nationales et internationales, de contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir un acte quelconque par la terreur
 
Cette disposition est une conséquence directe des événements dramatiques de mars rappelés plus haut. A elle seule, elle suffit désormais à envoyer devant une chambre criminelle une flopée d’opposants politiques, de militants de la société civile engagés dans la défense des libertés constitutionnelles, d’activistes soucieux de contrecarrer ou de dénoncer les velléités de capture des institutions censées favoriser le fonctionnement démocratique de notre pays. Sa qualité d’épée de Damoclès aux mains du binôme Etat-mouvance présidentielle va constituer une menace permanente pour cette catégorie d’acteurs. A tout moment et au gré de circonstances qui se présenteraient, leurs rassemblements politiques seraient susceptibles d’être versés dans la catégorie «terrorisme» pour peu que des incidents surviennent. La criminalisation se ferait sous la supervision d’un procureur de la république doté d’un spectre d’interprétation des faits d’une grande élasticité.
 
Le maquillage des intentions du président de la république ne fait aucun doute : il profite de la rengaine mondialisée de lutte contre le terrorisme/jihadisme pour chercher à liquider les pans radicaux de l’opposition sénégalaise, ceux qui se déclarent prêts à l’empêcher de concourir à une troisième candidature consécutive à laquelle il s’est déjà auto-exclu. Au travers de l’assemblée nationale, il piège donc et sans coup férir le principe fondamental du droit constitutionnel à organiser des manifestations publiques en toute sérénité. Qui peut s’opposer à ce qu’un Etat et ses démembrements répressifs aux ordres d’une mouvance politique dépourvue d’états d’âme créent les conditions d’une émeute de basse ou petite intensité dans un rassemblement d’opposants et en attribuent ensuite la responsabilité et la paternité à ceux-ci, qu’ils soient des personnes physiques ou morales ?
 
C’est pour cette raison que le débat autour de cette loi qui confond terrorisme à manifestations et introduit le concept de « association de malfaiteurs » devrait être plus politique que technique en raison des visées sous-jacentes non avouables. Le caractère scélérat de cette loi de vengeance vicieuse et disproportionnée n’a pas été mieux rendu que par l’intelligence de situation du député Mansour Sy Jamil. S’adressant à Moustapha Niasse lors des débats d’hémicycle, il lui a dit : «Monsieur le président de l’Assemblée, on vous a vu avec une pierre (le 23-juin 2011, ndlr) (…) Si cette loi existait avant, on vous aurait accusé de terrorisme et vous ne seriez pas là aujourd’hui.»
 

Laurent Gbagbo, promesses et défis d’une ultime séquence politique
Après une décennie de détention à la Haye et moins de trois mois après son acquittement définitif de toutes charges de crimes contre l’humanité par la Cour pénale internationale, Laurent Gbagbo revient chez lui, ce jeudi 17 juin, en grandes pompes. A 15H45 GMT, l’avion qui le ramène de Bruxelles se posera sur le tarmac de l’aéroport international Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan. Une voiture officielle le déposera à l’entrée du pavillon présidentiel où, en présence de ses proches et des représentants du président Alassane Ouattara, il dira ses premiers mots en faveur du projet de «réconciliation nationale» pour lequel il a indiqué vouloir travailler de toutes ses forces, comme l’y a invité son ennemi intime.
 
La page prison tournée, l’ancien chef d’Etat peut derechef se consacrer donc à la politique, son ADN. Entre les murs de la détention à Scheveningen et l’escale prolongée de Bruxelles pour préparer son retour au pays natal, le «camarade Laurent» a sans doute commencé à mettre en place les scénarios qui constitueront une nouvelle séquence dans une carrière politique de très haute intensité. Entre les défis liés à la reprise en main d’un Front populaire ivoirien (FPI) éclaté en morceaux dont un aux mains de son ex-fidèle Pascal Affi-Nguessan, le solde des comptes restant à faire avec la (toujours ?) puissante Simone Ehivet, Laurent Gbagbo devra retrouver l’inspiration, l’influence, la place et l’autorité qui avaient fait de sa personne un cœur-réacteur de la vie politique ivoirienne. C’est ce potentiel renouvelé d’attraction sur de nombreux segments de la société ivoirienne qui lui permettra surtout de revenir au centre d’un jeu que ses concurrents Bédié et Ouattara ne se résignent pas encore à quitter et que des jeunes loups déjà pressés ou en embuscade se plairaient à contrôler pour affirmer l’émergence d’une nouvelle génération de cadres politiques biberonnés à la sauce post Houphouët. Y parviendra-t-il ? L’histoire à venir le dira à travers les contes qui en feront le contenu.
 
Ce qui semble certain, c’est que Laurent Gbagbo sera sous étroite surveillance des autorités politiques ivoiriennes, et en premier lieu d’Alassane Ouattara lui-même. Il est probable que sa condamnation judiciaire à vingt ans de prison dans un des volets de l’affaire des effractions d’agences de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à Abidjan, Bouaké, Korhogo et Man ne sera pas exécutée par la justice ivoirienne. Par contre, cette même décision judiciaire pourrait être en permanence l’épée de Damoclès par lequel il sera tenu de ne pas franchir la ligne rouge qui pourrait rebasculer le pays dans un nouveau cycle de violences. Gbagbo n’y a aucun intérêt et n’y pense peut-être même pas !
 
L’attitude des héritiers politiques
 
Dans le vif de ses brûlantes retrouvailles avec son monde naturel de la politique, cet éternel activiste de 76 ans, fondateur du FPI dans la clandestinité en 1982, syndicaliste radical et historien sorbonnard, trouvera peut-être le temps de se reposer un peu. A Gagnoa, son fief politique et affectif du grand-ouest d’abord. Puis à Abidjan, centre bouillant du marigot ivoirien, avant de lâcher ses filets de part et d’autre de la Lagune Ebrié.
 
Selon « Jeune Afrique », les avantages liés à ses anciennes fonctions sont les suivantes : des indemnités mensuelles globales de 17 millions de FCFA, une équipe de sécurité de dix agents, un cabinet de cinq membres, une demi-douzaine d’employés de maison, trois voitures avec chauffeurs… Mais suivant la formule macronienne du «en même temps», Laurent Gbagbo ne manquerait pas de négocier le paiement de ses émoluments d’ancien président de la république, une petite fortune non versée dans ses comptes bancaires pendant la durée de sa détention à Scheveningen. Une issue heureuse à cette requête éventuelle dépendra sûrement de la posture qu’il choisira d’adopter à l’égard du président Alassane Ouattara, détenteur des bourses du Trésor ivoirien.
 
Ses héritiers politiques présomptifs le laisseront-ils dérouler un schéma de «réconciliation nationale» qui lui donnerait un statut de «patriarche» de la paix et de la stabilité et qui rassurerait Alassane Ouattara tout en neutralisant leurs ambitions légitimes ? Difficile d’y-voir-clair pour le moment !

Mort du détenu Abdou Faye : la police ne peut être juge et partie en même temps
La mort violente survenue au commissariat central de police de Dakar du jeune Abdou Faye, complice présumé du repris de justice Baye Modou Fall surnommé «Boy Djinné», vient allonger la liste longue des personnes qui perdent la vie entre les mains des policiers sénégalais. Selon le rapport d’autopsie publié par le quotidien «Libération» (proche du pouvoir) et par le site Seneweb.com, Abdou Faye est décédé «suite à une anoxie cérébrale et une asphyxie mécanique provoquée par une pendaison.» Des éléments tirés du certificat de genre de mort établi par le chef du Service d’anatomie et de cytologie de l’Hôpital général Idrissa Pouye (ex Hôpital général de Grand-Yoff, Hoggy).
 
Cette thèse du suicide n’emporte pas encore la conviction des autres parties impliquées dans ce dossier. Le père du garçon défunt, Pape Aly Faye, l’a réfutée de manière catégorique lors d’une conférence de presse tenue jeudi au siège du mouvement «Frapp France Dégage». Visiblement surpris par la tournure des événements, il s’est étonné du laxisme à l’égard d’un gardé à vue considéré comme un complice d’un «as» de l’évasion. A ses yeux, cette affaire doit être «portée devant les tribunaux (afin d’être) tirée au clair», a-t-il indiqué sur le site Dakarmatin.com.  
 
Pour Seydi Gassama, directeur exécutif d’Amnesty International au Sénégal, « la responsabilité de la police est engagée.» D’où la nécessité de « faire la lumière sur les circonstances dans lesquelles cette personne a pu se suicider » dans les locaux du commissariat central de Dakar, a-t-il souligné dans les colonnes du site Pressafrik.com.
 
Habitué de longue date aux environnements de travail des forces de sécurité, Gassama rappelle une règle principale liée à la détention de personnes. « Quelqu’un qui est gardé à vue est censé être à la vue de la police. Celle-ci doit non seulement le surveiller dans cette chambre de sûreté, mais elle doit aussi s’assurer qu’il n’y entre avec aucun élément qui puisse lui faire du mal, y compris de se suicider par pendaison.»
 
Selon Guy Marius Sagna du mouvement «Frapp», «l’Etat du Sénégal nous a habitués à maquiller des morts du fait de la violence de sa police ou de sa gendarmerie en suicide. (Elle) nous a habitués à imposer aux familles des victimes de violence policière ou de la gendarmerie ce que l’on appelle un déni de justice.»
 
La mort d’Abdou Faye remet au goût du jour (ou du contexte) les traitements que les forces de police et de gendarmerie infligent aux personnes en détention avant leurs procès.
 
L’absence de sanctions réelles contre les auteurs de ces «morts suspectes», les protections présumées que leur assurent les hiérarchies et l’absence de procès devant les tribunaux ont encouragé la poursuite de comportements inqualifiables entre commissariats de police et brigades de gendarmerie contre des citoyens ayant droit à la dignité et à la préservation de leur intégrité physique.
 
Dans son Rapport 2020, le Département d’Etat américain relève d‘ailleurs la commission de meurtres arbitraires ou illégaux avec au moins des cas documentés survenus à Fatick (mars 2020) et Diourbel (mai 2020) et attribués à des agents de police.
 
Dans des conditions normales d’exercice de la transparence, la famille d’Abdou Faye ainsi que des organisations de défense de droits humains doivent être associées de façon étroite à l’autopsie du corps du défunt. Il peut ne pas être trop tard pour le faire car c’est le seul moyen de mettre un terme aux suspicions légitimes entourant la mort de l’ex gardé à vue (et d’autres dans un passé récent). Cette ambition suppose que la police (ici) et la gendarmerie cessent d’être à la fois juges et parties quand leurs services sont en mises en cause dans la disparition brutale de personnes détenues. A cet effet, la piste d’une enquête sérieuse dans laquelle la police ne serait qu’une des parties s’avère indispensable pour la manifestation de la vérité. Sinon, comme le dit Alioune Tine, directeur du Think-Tank Afrikajom Center, des organisations de la société civile se verraient contraintes un jour ou un autre de recourir à des juridictions internationales. C’est à la toute-puissance de la police et de la gendarmerie au détriment des citoyens qui tombent entre leurs mains qu’il faut mettre un terme à travers un système de transparence inclusif. La démocratie aura toujours un coup.
 
 
 
 

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