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Les coalitions politiques sont-elles au-dessus des lois électorales?

Samedi 21 Mai 2022

Les coalitions politiques sont-elles au-dessus des lois électorales?
Faire le choix de passer par pertes et profits les turpitudes, conneries et batailles de positionnements que se livrent les politiciens sous nos yeux est une option discutable pour ne pas dire compromission. Il consiste à moduler la loi en l’adaptant à des circonstances qui lui sont étrangères et qui délient les acteurs politiques de leurs responsabilités. Sous une autre forme, on a ici l’équivalent de la distorsion des peines entre les voleurs de poulets (souvent promis à la prison) et les cambrioleurs de deniers publics (bénéficiaires d'arrangements qui leur évitent l’embastillement).  
 
Yewwi askan wi (YAW) a fauté sur la parité, pourquoi sa liste de Dakar serait-elle validée si elle a violé la loi ? Benno Bokk Yaakaar (BBY) a eu un surplus de parrain en plus d'une liste nationale de suppléants non paritaire entre les 43e et 44e places, au nom de quoi sa participation aux élections devrait-elle être autorisée si elle a succombé à l’étourderie à un moment où il ne fallait pas ? Pourquoi donner une prime spéciale aux deux principales coalitions électorales en leur faisant passer par dessus les barrières de contrôle et bloquer les autres concurrents alors que, visiblement, l'administration électorale est partie-prenante dans les compétitions électorales depuis l'arrive de Macky Sall au pouvoir en 2012 ? Ce ne serait pas juste.  
 
C’est ce jeu de yoyo contre les lois et les textes organisant les joutes électorales qui, insidieusement, parviendra un jour à tuer la démocratie en la laissant entre les mains exclusives de politiciens avides de travailler entre eux en vase-clos. C’est inacceptable pour notre pays, pour notre peuple et pour les sacrifices financiers et matériels qui sont investis dans l’organisation des élections depuis plusieurs décennies.
 
Le Sénégal est dans une région lourdement soumises aux violences terroristes, idéologiques et criminelles. Au lieu de continuer à rester cet îlot de stabilité qui nous épargne bien des tourmentes et des incertitudes, on préfère des solutions de facilité : par exemple la promotion de tactiques de « sorties de crises » plus fumistes que salvatrices. Partout en Afrique, c’est en partie la manipulation des lois électorales par les régimes en place, les ripostes des oppositions et la volonté des franges radicales des uns et des autres de défendre leurs postures partisanes qui a fait le lit des déstabilisations meurtrières et durables.
 
Ces fausses manœuvres visent uniquement à mettre un terme (momentané) aux crises électorales. Celles-ci finissent en crises politiques et empruntent bien vite les chemins de la violence généralisée. Une gymnastique brutale qui contribue essentiellement à ensevelir les principes fondamentaux de justice et d’équité. Lesquels, aux côtés d’autres paramètres consubstantiels à nos valeurs religieuses et culturelles, font pourtant de la démocratie le premier rempart de notre sécurité institutionnelle et physique. C’est ce socle qui est menacé par les arrangements avec la loi.
 
L’actuel président de la république en porte une grande responsabilité depuis dix ans par sa détermination agressive à déstructurer la quasi-totalité du consensus général qui a prévalu depuis 1992 pour la sauvegarde du processus électoral. Une aventure politicienne, personnelle et narcissique dont une part d’impertinence se déroule sous nos yeux. Comme un film mais de catégorie navet.
 
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