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EDITORIAL
Sarkozy rattrapé, Wade aussi !
L’histoire est infalsifiable, et c’est toujours mieux ainsi. La garde à vue de Nicolas Sarkozy, possiblement suivie d’une mise en examen (inculpation), est une première dans les annales pourtant mouvementées de la République Française. C’est un séisme de grande magnitude sur l’échelle de la corruption présumée à laquelle les politiciens véreux sont si souvent habitués.
 
La justice française dira si l’ancien chef d’Etat français a oui ou non capté à son profit (et celui de se proches lieutenants, Guéant et Hortefeux notamment) une partie des 50 ou 20 millions d’euros tirés de la hotte du défunt et généreux Guide libyen. Mais l’histoire retiendra également – et c’est bien dommage – que Me Abdoulaye Wade a pratiquement été un des supports politiques de la «légitimité» arrachée par Sarkozy et ses souteneurs anglo-américains pour organiser la liquidation physique de Mouammar Kadhafi. L’expédition de Benghazi est encore trop fraîche dans les mémoires pour ne pas nous interpeller.
 
On ne comprend pas quelle mouche a piqué le panafricaniste Abdoulaye Wade pour qu’il aide ainsi le "colon"Nicolas Sarkozy et consorts à défricher à leur avantage une aire d’expansion économique sur fond de destruction d’un Etat naguère stable, riche, indépendant.
 
Il racontera un jour peut-être les événements de Libye à sa manière. Mais nous avons toujours soupçonné qu’au coeur du deal avec Sarkozy, il y avait la «carte» Karim Wade. Le père voulait-il faire adouber le fils par le «Tonton» dans le fameux «projet de transmission monarchique du pouvoir» de l’un à l’autre en contrepartie d’une complicité active dans le règlement violent du cas Kadhafi ? Si oui, le fils prodigue aura été jusqu’au bout un boulet pour le père mal attentionné…
 

Drame et vérité: vol militaire ou passagers commerciaux ?
Paix sur les morts de l’hélicoptère de l’armée qui a crashé à Missirah, tuant six personnes sur les vingt compatriotes qui étaient à bord. Une mort est toujours douloureuse quelles que puissent être les circonstances, normales ou anormales. Le seul tort de ces gens fauchés par la…faucheuse est d’avoir été au moment endroit au mauvais moment quand l’accident se produisait. Le destin prend toujours son dû comme il veut quand il veut.
 
C’est pourquoi autant la désolation est de mise pour ces personnes tuées, pour leurs parents, leurs enfants, leurs proches et amis. Autant, on peut éprouver un grand soulagement pour celles qui ont survécu au crash, par miracle. Le destin n’avait pas encore besoin d’elles.
 
Mais après le drame de Missirah, il faudra bien se tourner vers la recherche de la vérité. Pourquoi cet accident a eu lieu ? L’Armée, toute puissante dans notre pays comme ailleurs du reste, répondra à sa manière, en interne. Cela suffira-t-il ? On attend de voir.
 
Ce qui est certain, c’est que l’opinion a besoin d’être édifiée sur les circonstances de l’appareil. L’hélico était-il aux normes de sécurité requises ? Pouvait-il voler avec zéro risque? La maintenance suivait-elle ? Les passagers civils devaient-ils s’y trouver ? Qui leur a donné l’autorisation de l’emprunter ? Ont-ils payé leur billet ou voyageaient-ils à titre gracieux ?
Oui, l’opinion attend des réponses vraies à ces questions légitimes…
 

Vous avez dit palais présidentiel?
Un palais, même colonial, sur la corniche-Est de Dakar. Un autre un peu plus bas en face de l’hôpital Le Dantec. Un troisième dans le village de Popenguine. Mais il en faudrait un quatrième dans la ville nouvelle de Diamniadio, selon le président de la République.
 
Sur le tempo d’une économie émergente globalement au service d’intérêts étrangers et qui a besoin d’être recentrée sur le «moi» local, une idée comme celle annoncée par Macky Sall devrait être la dernière des mauvaises nouvelles à faire parvenir à l’opinion. Car il y a mille et une autre priorités à prendre en charge dans ce pays.
 
L’Etat est incapable de satisfaire les revendications sociales et salariales des syndicats, cause principale du désordre actuel dans l’enseignement élémentaire et moyen. Les abris provisoires deviennent durables. Au portail du Trésor, des centaines ou milliers de chefs d’entreprises ne savent plus à quel saint-sauveur se confier pour récupérer des créances…irrécupérables. Les syndicats de médecins grognent et désertent les salles de soins. La criminalité prend des proportions dramatiques…
 
Sous un tableau pareil, un nouveau palais de la république pour agrémenter les séjours d’un couple présidentiel, de leurs enfants, parents et proches, à coup de milliards de francs Cfa n’est pas seulement une mauvaise nouvelle, c’est une atteinte au principe de stabilité sociale dont nous avons besoin. C’est fondamentalement de l’insouciance caractérisée. Ouvrez les yeux, président!
 

Bonus de signature, contributions volontaires, projets sociaux: A qui profitent tous ces milliards de la compagnie TOTAL ?
«Bonus de signature»
 L’aspect le plus curieux qui ressort des éléments ci-contre, c’est l’évocation d’un «bonus de signature» dont il est précisé qu’il est «non recouvrable». D’un montant de 2,500 milliards de francs CFA au cours d’un dollar à 500 francs Cfa, il ressemble à un vrai-dessous de table car le discours officiel est très rodé en la matière.
 
En effet, toutes les autorités sénégalaises, de même que les experts du secteur des hydrocarbures soutiennent que le principe du «bonus de signature» n’existe pas dans le Code pétrolier de 1998 en vigueur, en attendant des réformes. Entre temps, la loi a-t-elle été modifiée dans ce sens ?
 
Logiquement, si ledit bonus n’est pas prévu par la législation sénégalaise en matière de contrats d’hydrocarbures, à quel titre la compagnie TOTAL a-t-elle versé ce montant de 2,500 milliards de francs Cfa ? A qui et à quoi est-il destiné ? Dans les poches de quelles autorités de l’Etat et/ou intermédiaires est-il tombé ou est en voie de l’être ?
 
Si, de droit, le bonus de signature n’existe pas, c’est clair. De fait, il est pratiqué en toute illégalité. D’aucuns l’appellent en plus simple: «corruption».
 
En fin 2016, au cours d’une rencontre à Dakar consacrée au secteur des hydrocarbures en Afrique, le journaliste et consultant Adama Gaye, spécialiste dans le domaine, avait directement interpellé les directeurs généraux de la Société africaine de raffinage (SAR), de Petrosen et des responsables du ministère du Pétrole et des Energies sur l’opacité des contrats signés par le Sénégal avec les firmes étrangères qui font de la recherche de gaz et de pétrole au Sénégal, en insistant particulièrement sur la réalité des bonus de signature dans la quasi-totalité des contrats signés à travers le monde.
 
En réponse, toutes les autorités interpellées de même que des responsables de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) s’étaient réfugiées derrière le Code pétrolier sénégalais qui, arguaient-elles, ne connaît pas le «bonus de signature». 
 
«Contributions volontaires»
Elles sont de l’ordre 20 millions de dollars, soit 10 milliards de francs Cfa. Le libellé du texte à ce niveau est très élastique et donne de réels pouvoirs à l’Etat central d’utiliser cette manne financière à sa totale discrétion. Sous cet angle, tout devient possible dans les destinations promises à ces contributions. Ce n’est pas la compagnie TOTAL qui reviendra demander des comptes aux autorités sénégalaises.
 
«Projets sociaux» 
C’est le vocable fourre-tout des autorités locales et des compagnies étrangères contractantes qui prennent possession des richesses pétro-gazières des pays pauvres, sous-développés et poreux à la corruption, notamment dans les élites gouvernantes. Le stratagème consiste à dégager des parts minimes du grand business sur le gaz et le pétrole pour les consacrer à des initiatives socio-économiques sans grande durabilité sur les populations de collectivités locales impactées.
 
Répartition
«En cas d’exploitation, une part maximale de soixante quinze pour cent (75%) des hydrocarbures produits dans le périmètre d’exploitation est destinée au remboursement des coûts pétroliers supportés par le contractant (TOTAL E&P Sénégal et PETROSEN).
 
En partant du principe que c’est la compagnie TOTAL qui va prendre en charge la quasi-totalité des investissements requis, c’est elle-même qui se remboursera sur la bête… Le Sénégal, en l’occurrence son bras pétrolier qu’est Petrosen, a-t-il les moyens techniques, scientifiques et comptables de surveiller les investissements de TOTAL dans un périmètre donné? C’est peu probable.
 
Dans cette hypothèse, et comme le vivent d’autres pays producteurs de pétrole et adeptes du Contrat de Recherche et de Partage de Production (CRPP), il va falloir se contenter des factures que la compagnie française présentera…
 

 
 
 
 
 

Aly Ngouille Ndiaye: Indigne d’être ministre !
Les déclarations du ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye sont simplement scandaleuses, irresponsables et, finalement, bêtes. Ces propos ne le grandissent pas (mais il s’en fout peut-être), mettent mal à l’aise son patron de président de la république (lui aussi applaudit dans le secret de son bureau) et rajoutent de la tension politique là où il n’y en avait déjà un peu trop.
 
Que cherche Aly Ngouille Ndiaye ? A-t-il encore besoin de donner des gages de loyauté au chef de l’Etat ? Veut-il être déchargé de ses fonctions trop lourdes et risquées pour lui? Ou, plus concrètement, se dit-il que le jeu de la présidentielle étant déjà plié, rien ne l’empêche d’être le premier à pouvoir célébrer la «victoire» de son clan ? Dans tous les cas de figure, rester à son poste n'a plus de sens. Il ne peut que partir, démissionner. Pas d'alternative à ce sujet!
 
Malheureusement, c’est le type de propos auxquels il faut s’attendre quand on a des ministres nommés pour des «missions vitales» de survie d’un régime à des postes-clefs de l’Etat. Il semble évident que cet homme là est radicalement indigne d’être Ministre dans une République qui se respecte et qui fait écrire ses lettres de noblesse à la Démocratie.
 
Son passage à l’Energie a été calamiteux à bien des égards, notamment dans sa «gestion» des hydrocarbures. A ce poste, il a reçu les gifles de l’Inspection générale d’Etat qui a jugé sa gestion du dossier Petrotim «précipitée, surprenante, improductive et risquée», dans un article produit pas nos confrères du Quotidien.
 
Grillé et cramé sur place, il a été exfiltré vers une autre patate chaude, le ministère de l’Intérieur, avec la perspective de conduire le processus vers les échéances fatidiques de 2019. Le placer donc ici relevait d’un cynisme politique de bonne intelligence: si l’homme est discrédité et susceptible même un jour de répondre des dossiers pétro-gaziers qui sont passés entre ses mains, autant le presser jusqu’au bout. Par exemple, en lui donnant pour nouvelle mission de parachever le travail de vampirisation du fichier électoral et de distribution des cartes d’identité dites biométriques.
 
Aly Ngouille Ndiaye est sur la «bonne voie»: aujourd’hui, dit-il, plus de 92% des documents de vote ont été distribués ; et les «experts» de l’Union européenne viennent de finir l’audit du fichier: il est plus que fiable ; la période de révision des listes a été fixée au début du mois de mars… Tout est nickel. Dans son esprit, celui qui gère le processus électoral dans notre pays est déjà convaincu d’une chose: le président de la république a déjà gagné la présidentielle de 2019. Le reste, d’est de la routine au quotidien.

Ce pays n'avancera pas au plan démocratique avec de tels esprits retors et politiciens sans aucune considération pour leurs fonctions républicaines. Mais l’Histoire, elle, n’est jamais pressée pour rendre son verdict.
 
 

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