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EDITORIAL
SwissLeaks, les secrets pulvérisés des puissants !
En février 2015, c’est la stupeur dans le monde: des médias de grande renommée, crédibles et influents révèlent un gigantesque système d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent imputé à la prestigieuse banque britannique HSBC par l’intermédiaire de sa filiale HSBC Private Bank SA.
 
L’affaire devient très vite un séisme de dimension mondiale à une échelle qui touche et compromet un gotha bien large: institutions respectables, hauts responsables politiques, des rois et souverains de pays richissimes, dirigeants de pays pauvres et sous-développés, stars interplanétaires du sport de haut niveau, mais aussi des gens apparemment sans histoires, des citoyens quelconques, etc.
 
A la base des fuites ayant révélé le scandale, un informaticien français employé de HSBC en Suisse, Hervé Falciani, qui fait parvenir au journal «Le Monde» une clef USB contenant plusieurs dizaines de millions d’archives de fichiers bancaires numérisés. Ces fichiers concernent la période comprise entre novembre 2006 et mars 2007.
 
C’est sous la coordination du Consortium International des Journalistes d’investigation (ICIJ) que les SwissLeaks ont été publiés grâce à la collaboration d’environ 150 journalistes appartenant à une soixantaine de médias issus de près de 50 pays après des enquêtes qui ont duré un an. Falciani, aux prises avec la justice suisse, est l’objet d’une condamnation par contumace pour «vol de documents», notamment, la France ayant refusé de l’extrader.
 
Pour l’Afrique de l’Ouest, cet événement– dans la lignée des autres révélations liées aux Panama Papers et Paradise Papers- est d’une importance capitale. Il dévoile les procédés par lesquels des institutions, personnes morales et individus ont fait évader des milliards de dollars dans des institutions financières ou autres comptes offshore. Un manque à gagner considérable orchestré à plusieurs niveaux, au détriment des finances de pays gravement confrontés à la corruption et dont les services fiscaux ne disposent que de moyens faibles et limités pour assurer leurs missions.
 
Selon José Antonio Ocampo, président de la Commission indépendante pour la réforme de la fiscalité internationale des sociétés, «l’Afrique perd chaque année entre 30 et 60 milliards de dollars (25 et 50 milliards d’euros)» à cause des pratiques liées à l’évasion fiscale. (voir Jeune Afrique du 11 au 17 mars 2018).

Pour cet expert en fiscalité, l’évasion fiscale est un drame pour les pays africains car «l’impôt sur les sociétés représente entre 13 et 18% des recettes fiscales contre 8,5% dans les pays développés.» La conséquence est immédiate: «des rentrées fiscales inférieures signifient moins de financement pour l’éducation, les soins de santé, les programmes de réduction de la pauvreté, l’infrastructure et la lutte contre les changements climatiques.»
 
 

Meurtre de l’étudiant Fallou Sène: Bien entendu, ni coupable ni responsable !
Un mort. Un de plus dans le ménage volcanique entre manifestants et forces de l’ordre. Une vie humaine de plus versée dans le sinistre bilan à mettre à l’actif des policiers et gendarmes préposés à un maintien de l’ordre public qui vire facilement à des drames pourtant évitables. Les protecteurs de notre «tranquillité» ont si tendance à avoir la gâchette un peu trop facile que l’on se demande s’ils ont été entraînés à faire du maintien de l’ordre pur et dur. C’est que, au fond, il y a un vrai problème, et il est politique.
 
Face à des manifestations de plus en plus nombreuses organisées par des organisations politiques et sociales reconnues, une violence d’Etat excessive est impunément exercée sur les citoyens au mépris de leurs droits constitutionnels. Ce constat irréfutable est le résultat de la frilosité qui caractérise le pouvoir gouvernant devant un désir débridé d’expression et de jouissance d’une liberté consacrée.
 
Il y a quelques mois, en marge d’une manifestation avortée de l’opposition, des policiers avaient allègrement balancé des grenades lacrymogènes à l’intérieur de l’école primaire Mame Yacine Diagne en plein centre-ville. Des élèves d’une dizaine d’années pris au piège des odeurs avaient été durement choqués. Quelques jours plus tard, des policiers de Mbacké avaient imité leurs collègues de Dakar. Dans les deux cas, le pire pouvait arriver. Les récentes violences exercées sur des élèves de Thiès sont également frais dans les mémoires.
 
Face à des étudiants déterminés à se faire entendre, non armés et, surtout, dans leurs droits, pourquoi des gendarmes en viennent-ils à utiliser des armes qui tuent ? Leur a-t-on intimé l’ordre d’ouvrir le feu ? Qui a été le donneur d’ordre dans la troupe massée à l’Université Gaston Berger ? Car au final, il y a eu quand même une personne tuée. Qui en est responsable ? Qui faut-il sanctionner ? Qui se souvient encore des dix personnes tuées au stade Demba Diop en juillet 2017, sans qu’aucune responsabilité politique ou administrative ait été identifiée et livrée à la justice ?
 
Il est grand temps que les autorités politiques sénégalaises reviennent aux principes fondamentaux de l’Etat de droit en ce qui concerne la liberté de manifester. Continuer à se  cloîtrer dans cette culture de répression systématique des droits constitutionnels des Sénégalais ne fera qu’alourdir la facture des morts et des blessés. Or, empiler les morts dans les espaces publics de liberté ne saurait être érigé en coutume républicaine avec un président de la république transformé en présentateur vedettes de condoléances aux familles de victimes. Car enfin, les gens veulent simplement vivre dans la dignité, avec leurs droits.   
   
En regard des nombreuses jurisprudences déjà accumulées dans la répression étatique des mouvements revendicatifs, il n’y aura aucune suite à ce drame. Les politiciens commanditaires-responsables des châtiments infligés aux citoyens et les policiers/gendarmes qui acceptent d’être transformés en exécuteurs des basses besognes sont comme unis dans un bateau à la dérive. Le ministre de l’Intérieur peut donc toujours annoncer l’ouverture d’une enquête qui va être faite par ses propres services…
 
 
 
 
 
 

55 tués dont 8 enfants. Plus de 2500 personnes blessées, la plupart par balles. Tel est le bilan du massacre délibéré perpétré par l’Etat sioniste d’Israël sur des manifestants de la Bande de Gaza en territoire gazaoui. Le résultat du pacte de sang qui unit Donald Trump et Benjamin Netanyahou sur le dos des populations palestiniennes et du droit international.


Massacre à ciel ouvert à Gaza : Trump-Netanyahou, le nouvel Axe du mal
«Ils maudissent Hitler jour et nuit, mais ils l’ont surpassé dans la barbarie. Ils n’ont ni humanité, ni conscience, ni honneur…» (Recep Tayip Erdogan, Président de la Turquie)
 
Sous le silence habituel de la «communauté internationale» (en fait, les pays occidentaux en général membres de l’Organisation de coopération et de développement économique, OCDE), l’Etat d’Israël a commis hier l’un des plus odieux crimes de l’histoire contre la population palestinienne de Gaza au moment où la nouvelle ambassade des Etats-Unis était transférée et inaugurée à Jérusalem.
 
Près de 50 Palestiniens massacrés en une journée de bombardements de l’armada israélienne par-dessus la frontière qui sépare de la Bande de Gaza. En écho, cette éternelle impuissance volontaire et/ou contrainte qui perdure de la part de ces Etats qui ont monopolisé entre eux et pour eux la conscience de l’humanité. Plus que jamais, les populations palestiniennes en sont encore à se demander quand prendra fin le calvaire inhumain qui accompagne la spoliation de leurs terres depuis soixante-dix ans maintenant.
 
A ce drame, s’est rajoutée une catastrophe qui a donné une trajectoire criminelle à la question palestinienne: l’accession de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis. Il est vrai que, dans ses grandes lignes, la politique américaine est restée dans une logique de soutien inconditionnel à l’Etat d’Israël. Et personne n’y a échappé, même pas Barack Obama. Le pire, c’est l’engagement total et inconsidéré de celui qui a justement succédé au premier président noir d’Amérique.
 
Délibérément, Trump a rompu avec fracas et arrogance les rares et fragiles équilibres qui donnaient encore à la Maison Blanche un semblant de présence dans un «processus de paix» qui n’existe plus depuis plusieurs années. Son exploit, c’est d’avoir libéré le messianique Netanyahou de toutes considérations dans sa volonté terroriste de parachever la conquête des terres palestiniennes devant assurer le «destin» d’Israël pour l’avenir.
 
En retour, Trump a non seulement bénéficié des fonds et de l’influence de l’aile ultra-sioniste du judaïsme américano-israélien contre Clinton en novembre 2016, mais il va encore en jouir pour sa tentative de réélection en 2020. En gros, c’est le pacte qui le lie au premier ministre israélien. C’est l’Axe du mal dans cette partie du monde à feu et à sang…
 
Le massacre perpétré ce lundi 14 mai 2018 à Gaza par Tsahal avec la bénédiction de Donald Trump et de son Administration remet au (dé)goût du jour l’inanité des principes du droit international. Quand un Etat comme Israël est capable depuis si longtemps d’assassiner d’un coup des dizaines de personnes avec une facilité si déconcertante et en toute impunité, c’est qu’il y a quelque chose de détraqué dans le «système» gouvernant/dominant ce monde.
 
C’est la loi des plus forts qui fait office de justice. On est bel et bien dans une jungle, au-delà des hypocrisies et des lâchetés, des silences et des bavardages. Et les Palestiniens ne sortiront donc pas de ce piège meurtrier sans en payer le prix, comme d’autres peuples l’ont fait avant eux, et s’ils ne soldent pas leurs contradictions internes qui font le petit bonheur d’Israël.

Sur qui peuvent-ils encore compter ? Sur une Amérique sans légitimité et disqualifiée, sur une Grande Bretagne foncièrement atlantiste, sur une France faible et sans consistance ? Sur l’Egypte, l’Arabie saoudite, les autres monarchies du Golfe ? Sur le Sénégal ? Allons…
 
 

Du béton de Diamniadio aux Ba.ba de la démocratie
C’est à grand renfort médiatique que les autorités sénégalaises ont fait couvrir l’inauguration d’une partie des «sphères ministérielles» de Diamniadio destinées à concentrer les activités gouvernementales. Super !, lit-on un peu partout pour magnifier un acte de décentralisation majeur dans notre pays, sans pour autant s’interroger sur ce que disent vraiment les contrats signés avec les bailleurs du projet. Mais ça, c’est une autre histoire que le temps révélera peut-être.
 
L’inauguration de ces bâtiments dits intelligents intervient quelques jours après le retour au pays du président de la république. On se souvient que Macky Sall avait quitté le pays avec une partie de sa famille à la veille de la manifestation annoncée contre le très contestable projet de loi (devenu loi) instituant le parrainage pour tous les candidats à l’élection présidentielle de février 2019. Le lien entre ces deux événements ?
 
Sortir des immeubles de terre comme à Diamniadio est un jeu d'enfant pour ceux qui savent user et abuser de toute la puissance et de l'entregent qu'offre le pouvoir dans un pays comme le nôtre, sans contre-pouvoirs dignes de ce nom, capables de freiner les magouilles qui peuvent se nicher dans des investissements déguisés en partenariat public privé. De fait, la plupart ou tous les régimes autoritaires, parce qu'ils ont enseveli sous terre les principes démocratiques élémentaires et consensuelles au profit de leur propre «bonheur», sont tentés d’offrir à leurs opinions les images de bâtisses monumentales destinées à installer un tant soit peu leur propre ego dans l'inconscient de leurs peuples. «Père de la nation»…
 
Mais le béton ne peut être un substitut sensé au respect de la dignité des gens, de leur intelligence, de leurs aspirations, de leur autonomie. En somme de leur humanité. Seuls des esprits tordus par l’incompétence structurelle de leur gouvernance peuvent penser un instant que des artifices somptuaires en mesure de remplacer les idéaux qui assurent notre liberté de jugement face aux actes que pose le pouvoir. Par compétence, ne pas entendre uniquement la capacité de réaliser des merveilles: il y faut de l’éthique, de la transparence, de la justice. En cela, Diamniadio n’est qu’un misérable cache-sexe dont l’élastique ne tient pas plus que ces fils légers dont se sert le tailleur.
 
Un lien est là entre le récent bref «exil» du chef de l’Etat à Paris et l’inauguration en grandes pompes des sphères ministérielles de Diamniadio: savoir assumer tout quand on se veut un chef respectable… Tant mieux néanmoins si la ville dit nouvelle de Diamniadio sert les intérêts fondamentaux du Sénégal.
 
 

L'instinct de survie
Sans surprise, le projet de loi sur le parrainage citoyen est passé sans encombre à l’assemblée nationale. Même si l’opposition a eu gain de cause en arrachant du temps conséquent pour ses questions préalables, elle a dû céder face à la mécanique implacable mise en place par l’exécutif et traduite en actes par la majorité Benno Bokk Yaakaar.
 
La surprise était impossible car tout dans cette journée a été l’objet de verrouillages systématiques contre les débats de fond dont on n’a eu qu’un bref aperçu à travers les interventions des députés de l’opposition et les répliques de la majorité. La surprise était impossible car, fondamentalement, les jeux étaient faits, et le chef de l’Etat l’avait dit, relayé par ses courroies de transmission, avant sa dérobade brusque pour les bords de Seine.
 
Ce qu’il restait en jeu dans ce dossier pour le moins sulfureux, c’était donc moins l’issue du coup de force constitutionnel planifié que la forme qu’allait emprunter ce vaudeville cauchemardesque pour la démocratie sénégalaise. Finalement, c’est l’argument majoritaire stricto sensu qui est sorti vainqueur d’un duel où la morale politique n’a jamais eu sa place.
 
Les reniements trop flagrants et pour le moins cyniques du ministre de la Justice par rapport à des questions majeures foulées aux pieds par ce parrainage scélérat n’ont échappé à personne de ceux qui ont suivi ses productions liées à la gouvernance juridique de la démocratie sénégalaise depuis plusieurs années.
 
C’est grave certes, mais cela relève davantage du registre des ambitions personnelles qui l’ont placé en première ligne dans la guérilla parlementaire active de ce 19 avril 2018. L’essentiel est ailleurs, sous des dehors beaucoup plus simples à appréhender.
 
L’histoire retiendra que Macky Sall, juge et partie, président en exercice de la république du Sénégal, candidat déclaré à l’élection présidentielle du 24 février 2019, a unilatéralement et violemment modifié les règles du jeu électoral en confisquant le fichier des candidatures adverses potentielles.
 
L’histoire retiendra que le président Sall, au lieu de mettre toute son énergie dans le rétablissement de la confiance perdue des électeurs après le fiasco retentissant des législatives de juillet 2017, a choisi d’ouvrir une page d’aventure personnelle et égoïste. Cette même histoire retiendra l’arrogance silencieuse et ostentatoire déployée contre des Sénégalais justement opposés à ce projet de capture de la démocratie et des libertés politiques des citoyens.
 
On peut passer sur le mépris administré à tous ces chefs religieux -mais «simples citoyens» - qui ont fait prévaloir le souci de la paix sociale sur l’égoïsme démesuré d’un candidat plus que jamais sans limites. Non, le pire pour la démocratie au Sénégal est peut-être devant nous, en état de maturation dans les ateliers d’un pouvoir pris par la panique que peut conseiller l’instinct de survie. 
 

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