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Frank Bavard (Dga des Grands Moulins de Dakar) : «La vérité sur notre entrée dans le secteur avicole»

Lundi 9 Juillet 2018

Directeur général adjoint (Dga) des Grands moulins du Sénégal, Frank Bavard revient dans cet entretien accordé au quotidien Tribune, sur le projet d’installation d’une ferme avicole : enjeux, perspectives, emplois... Non sans lever les suspicions liés au partenaire marocain, Zalar.


Frank Bavard (Dga des Grands Moulins de Dakar) : «La vérité sur notre entrée dans le secteur avicole»

Avec le retrait de Mimran, les Grands moulins sont-ils encore une société de droit sénégalais ?
C’est une société intégralement de droit sénégalais. Il n’y a que l’actionnaire qui a changé. Tout le reste est identique par rapport à ce qui se passait. C’est-à-dire depuis 1954 date de notre implantation au Sénégal.
 
Vous étiez dans le secteur de la farine et maintenant vous comptez investir celui de la volaille. Ce qui suscite quelques bruits. Qu’est-ce qui se passe réellement ?
C’est une évolution tout à fait naturelle. Elle se fait depuis de nombreuses années sur le marché. Donc, ce n’est pas récent même si certains veulent le faire croire. Déjà, depuis 2014, nous avions décidé de modifier notre usine pour être dans une stratégie de développement dans le monde avicole. Depuis fin 2015, nous faisons de l’aliment de volaille, en 2016 nous avons investi le marché. Maintenant, nous passons à l’étape suivante qui consiste en la mise en place des installations. Ce qui permettra un développement complémentaire de nos activités.
 
Donc, au-delà de l’aliment, vous allez vendre de la volaille ?
Effectivement. Nous allons faire une intégration verticale. C’est-à-dire que nous allons avoir un couvoir et mettre sur le marché des poussins d’un jour. Nous aurons nos propres fermes et nous allons aussi avoir notre abattoir. Cela veut dire que l’on entre dans un marché, mais de manière très structurée.
 
Avez-vous les moyens de vous imposer sur le marché ?
C’est vrai qu’il y a une entité dominante sur le marché. Mais, il y a aussi une majorité d’éleveurs et nous allons rentrer dans une position intermédiaire. Seulement, en aucun cas, notre rentrée ne se veut hégémonique parce que nous n’avons pas cette intention de détruire quoi que ce soit. Notre vocation est plutôt de soutenir ce qu’il va se passer. Donc, nous allons aider comme nous le faisions dans le domaine de la farine. Ce qui veut dire que nous allons rehausser le niveau de la qualité. Si vous le faites, les gens vous suivent parce que vous devenez un exemple.
 
Seriez-vous la béquille d’une entreprise étrangère qui veut s’installer au Sénégal ?
Il n’y a aucune béquille parce qu’ici au Sénégal, nous respectons toutes les entités qui viennent s’y installer. En fait, les Grands moulins sont actionnaires d’une société présente au Sénégal à hauteur de 50%. Et nous sommes associés à un partenaire marocain qui est Zalar, numéro 2 au Maroc, qui dispose d’une grande expertise. Donc, c’est un partage et un transfert de savoir-faire dans lequel tous les emplois seront sénégalais.
 
Cette société marocaine ne viendrait-elle pas phagocyter les entreprises sénégalaises qui évoluent dans le même secteur ?
Pas du tout ! Déjà, les Grands moulions sont à part égale avec les Marocains. Donc, aucune possibilité de phagocytose. Nous sommes présents dans ce pays depuis plus de cinquante ans et nous comptons encore y rester pendant une très longue période. Maintenant, il faut être honnête. Nous sommes dans un domaine industriel. Il y a une expertise qu’il faut aller chercher là où elle existe. Quand une société étrangère vient s’installer au Sénégal, c’est un développement puisqu’il y a un transfert de technologie. In fine, c’est malgré tout des employés sénégalais qui sont utilisés, des familles qui en profitent, c’est aussi un rehaussement social.
 
Avez-vous le soutien de l’Etat sénégalais ?
Nous avons un soutien. Car le fait d’attirer des financements étrangers est déjà extraordinaire. Ce qui veut dire que le Sénégal est un pays porteur. Il ne faut pas oublier que certains sont ici au Sénégal et sont très heureux d’aller s’implanter au Mali, au Burkina, etc. L’Etat a une volonté qui est de développer la sécurité alimentaire, de s’assurer qu’il y a un transfert de technologie, que le pays est en croissance. Nous répondons à toutes ces questions.
 
Quels impacts sur le prix de la volaille ?
L’objectif n’est pas de déstabiliser un marché. Nous n’entrons pas dans une concurrence effrénée. Nous nous adaptons au marché. Nous sommes là depuis très longtemps et nous n’avons jamais fait de bruit. Nous sommes une entreprise citoyenne. Nous allons plutôt entrer dans le marché pour lui faire profiter de notre aspect qualitatif. Autrement dit, produire un aliment de bonne qualité, produire à terme des poussins de bonne qualité. Ce qui va relever le panel. Il y a aussi l’abattoir qui est quelque chose de différent.
 
Quel le coût global de cet investissement ?
Ici, on parle d’un projet d’une dizaine de milliards francs CFA. Donc, ce n’est pas un petit projet. Ce qui veut que l’on ne lésine pas sur la qualité.
 
Combien d’emplois allez-vous créer ?
Il est encore trop tôt pour pouvoir le dire. En tout cas, il y aura une centaine d’employés et l’intégralité sera sénégalaise. Cela va permettre d’avoir un impact constructif.
 
Et les petits producteurs dans tout cela ?
Le bonheur de les voir grandir. Nous allons leur apporter des poussins et leur apprendre comment les élever. Nous le faisons déjà avec la distribution de nos aliments. Nous avons des vétérinaires. Il y a de la place pour tout le monde. Nous sommes là pour les accompagner.
 
Un grand pas vers l’autosuffisance en volaille au Sénégal ?
Nous l’espérons. Un grand pas vers l’autosuffisance et la sécurité alimentaire. Aujourd’hui, on parle de près de quarante millions de poulets consommés dans le pays. Avec 14 millions d’habitants, nous sommes à trois poulets par an. Imaginez donc le besoin.
 
Des possibilités d’exportation du poulet sénégalais ?
En tout cas, en augmentant le niveau qualitatif, notre poulet n’aura rien à envier au produit américain ou suisse. Nous avions la même farine au Sénégal comme celle produite un peu partout dans le monde. Il n’y avait donc pas une sous-farine, mais une farine. Pourquoi ferions-nous un sous-poulet ? 
(Propos recueillis par Abdoulaye Mbow pour Tribune)
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