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Dialogue de sourds sur la SNCF, la grève continue mercredi

Mercredi 4 Avril 2018

PARIS (Reuters) - Le dialogue de sourds entre le gouvernement et les syndicats s’est poursuivi mardi au premier jour d’une grève contre la réforme de la SNCF, marqué par une forte mobilisation des cheminots et un trafic ferroviaire réduit.
 
Selon la direction de la SNCF, 48% des personnels nécessaires au fonctionnement des trains et soumis à une obligation d’annoncer 48 heures à l’avance un arrêt de travail(conducteurs, contrôleurs, aiguilleurs) étaient en grève, soit 12 points de plus que lors de la journée de grève du 22 mars.
 
Ainsi, selon les chiffres donnés à la mi-journée par la direction, 77% des conducteurs, 69% des contrôleurs et 39% des aiguilleurs suivaient le mouvement.
 
Au total, toutes catégories de personnel confondues, le taux de grévistes a été de 34%, soit un peu moins que lors de la journée de grève du 22 mars (35,4%), a déclaré en fin d’après-midi à la presse le directeur général adjoint Mathias Vicherat.
 
Selon lui la situation devrait être mercredi à peu près identique, avec un TGV sur 7, un Intercités sur 8, un TER et un Transilien sur 5 et trois trains internationaux sur 4, le trafic sur le réseau RER opéré par la SNCF variant entre une rame sur deux et une sur six, en fonction des lignes.
 
“La journée de demain va être encore très difficile”, a confirmé le directeur général du Transilien, Alain Krakovitch.
 
Mathias Vicherat a estimé que le trafic serait en revanche “quasi normal avec de légères perturbations” jeudi.
 
Cette grève intermittente est censée s’étaler sur près de trois mois, à raison de 48 heures par tranche de cinq jours, à l’appel de quatre syndicats.
 
Sud-Rail s’est distingué en lançant un appel à une grève illimitée reconductible par 24 heures.
 
“REPARTIR D’UNE FEUILLE BLANCHE”
 
Une manifestation de soutien aux grévistes, rejoints par d’autres corps de métier et des étudiants, a donné lieu dans l’après-midi à des incidents à Paris - vitrines brisées, feu de poubelle et heurts avec les forces de l’ordre de la part d’une centaine d’”individus cagoulés et violents”, selon la préfecture de police.
 
Organisée par Sud-Rail depuis la gare de l’Est en direction de la gare Saint-Lazare, elle a rassemblé 2.700 personnes, précise la préfecture, qui fait état de cinq interpellations. Le cortège s’est dispersé dans le calme à la demande de la police.
 
Dans une interview publiée par Le Figaro, Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, invite le gouvernement à rouvrir rapidement des discussions pour éviter un conflit dur.
 
“Plus on discutera vite avec l’exécutif, plus on a de chance d’éviter un conflit dur, que je ne souhaite pas”, dit-il.
 
Interrogé sur France Inter, son homologue de la CGT, Philippe Martinez, s’est dit d’accord avec lui mais a rejeté par avance sur le gouvernement la responsabilité d’un durcissement.
 
“Les cheminots ne font pas grève par plaisir (...). C’est le gouvernement qui ne veut pas écouter”, a dit le dirigeant de la CGT, pour qui il faut “revoir complètement le projet du gouvernement” et “repartir d’une feuille blanche”.
 
Il estime notamment n’avoir aucune garantie sur le fait que la SNCF, entreprise publique, ne sera pas privatisée à terme, sous prétexte d’adaptation à l’ouverture à la concurrence. Une hypothèse rejetée par la ministre des Transports.
 
“CONVERGENCE DES LUTTES?”
 
“J’entends qu’il peut y avoir des craintes de la part des cheminots (...). Ces craintes, elles ne sont pas justifiées et elles sont alimentées”, a déclaré Elisabeth Borne sur BFM TV.
 
“Quand on vous dit, ‘la SNCF va être privatisée’, c’est faux ; quand on vous parle de casse du service public, c’est faux ; quand on veut faire l’amalgame avec d’autres conflits, on voit bien que certains essayent effectivement de politiser le débat”, a-t-elle ajouté.
 
“Le gouvernement tiendra bon, dans l’écoute, dans la concertation, dans le dialogue”, a ajouté Elisabeth Borne, qui doit recevoir les syndicats jeudi. “Je ne peux pas résoudre à 36 jours de galère pour les Français.”
 
Le Premier ministre, Edouard Philippe, lui a fait écho lors des questions d’actualité à l’Assemblée nationale, où il a jugé le “statu quo” à la SNCF inacceptable et souhaité que les usagers soient aussi respectés.
 
Des secteurs économiques s’inquiètent de l’impact de ce mouvement, comme le tourisme et l’hôtellerie. L’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) prédit ainsi un taux d’occupation des hôtels en recul de 10% pour le seul mois d’avril, soit une perte de 150 millions d’euros ce mois-là.
 
Les plus radicaux des syndicats et une partie de la gauche espèrent en une “convergence” des luttes - des universités, où la tension monte contre la loi “orientation et réussite des étudiants”, à Air France, avec une quatrième journée d’action ce mardi pour des hausses de salaires, en passant par le secteur de l’énergie et les éboueurs.
 
L’issue de ce bras de fer pourrait être déterminante pour la capacité du chef de l’Etat, Emmanuel Macron, et du gouvernement à poursuivre les réformes.
 
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