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Chronique de l’assistant social : Quand «TEUSS» et «XALASS» racontent le Sénégal de 2018 ! (par Madi Waké Touré)

Lundi 26 Mars 2018

Chronique de l’assistant social : Quand «TEUSS» et «XALASS» racontent le Sénégal de 2018 ! (par Madi Waké Touré)
S’il est des émissions qui suscitent passions et intérêts chez les populations, c’est bien « Teuss » et « Xalass » diffusées respectivement par la radio Zik fm et la  Rfm. Il suffit pour s’en convaincre de faire le tour des maisons à l’heure de leur retransmission.
 
Mais au fait c’est quoi : « Teuss » et « Xalass » ? Des  exclamations propres à  la langue Wolof ! Et celles-ci, renseigne le dictionnaire Robert, renvoient à cette définition : « cris, paroles brusques exprimant de manière spontanée une émotion, un sentiment. » Ces titres « Teuss » et « Xalass » sont  bien choisis et collent parfaitement aux thématiques développées dans l’émission ; lesquelles se déclinent en faits divers. 
 
Celui-ci, nous dit Guy De Maupassant, s’intéresse au crime, à la mort, au morbide, à la misère, bref à tout ce que l’homme bien que fasciné, ne regarde qu’avec un certain dégoût. Le fait divers c’est le mal, l’évocation de la part monstrueuse de l’homme. Le fait divers est un fait vrai, un « petit fait vrai » pour citer Stendhal, un signal qu’envoie une société malade.
 
La question de l’éclairage des vocables énoncés plus haut, réglée, il ne serait pas superflu de décrire un peu la manière de fonctionner des dites émissions. Elles passent généralement à la radio entre neuf heures et dix heures. Et quelques trente minutes avant leur démarrage effectif, ces boites à paroles sont inondées de publicités de toutes sortes. Une manne financière sur laquelle ne cracherait aucun support médiatique en ces temps de crise exacerbée dans le milieu de la presse.
 
S’agissant des thématiques abordées, elles ont le plus souvent un rapport avec la bêtise humaine dans toutes ses facettes. Ici le côté sensationnel, voire affreux de l’être humain est mis en exergue.
 
Un tel état de fait, qu’on le veuille ou non, peut sur la longue durée pousser certaines personnes  à banaliser le mal en convoquant des arguments faciles du genre : « étant entendu que tout le monde le fait, ce ne serait pas grave si moi aussi je faisais de même ». Et il y a de fortes chances que certains esprits fragiles tombent dans certains travers du fait que leur esprit est meublé d’images négatives.
 
Ce n’est pas là une vue de l’esprit et ce qui le conforte, ce sont les propos du Docteur Stanton Samenow : « la criminalité est causée par la façon de penser de la personne. Le comportement est en grande partie le fruit de la pensée. Celle-ci précède et suit tout ce que nous faisons. » in Dans la tête d’un criminel ( Ang). C’est dire qu’il ya lieu de recadrer un peu et ne pas céder à la dictature de l’urgence et à la spectacularisation de la communication.
 
L’ayant bien compris, cet universitaire de haut vol, Docteur en Sciences de l’Education et expert en Suivi et Evaluation des Projets  et Programmes, Pape Baïdaly Sow, me faisait remarquer dans une belle tirade n’admettant aucune objection les propos suivants : « Ces émissions nous renvoient en quelque sorte le miroir de nos bêtises du plus ridicule au plus tragique, nous interpellent parfois par rapport à nos négligences, nos responsabilités individuelles et collectives.
 
Mais parallèlement, elles pourraient ou  devraient nous offrir des situations où nos "semblables" s’illustrent par leur "Grandeur". Cela ferait peut-être "moins sensationnel", mais...aussi exemplaire qu'instructif...» C’est important voire fondamental ce qu’il dit !
 
 
«Teuss et Xalass nous renvoient en quelque sorte
le miroir de nos bêtises du plus ridicule au plus tragique.»
 
Nos sociétés fragiles ont besoin qu’on exhume les talents qui sortent de l’ordinaire, qu’on magnifie en permanence certaines formes de générosité, qu’on arrive à être moins pessimiste en ce sens que l’être humain peut être  porteur de grandeur.
 
Tout compte fait, il serait malhonnête de dire que tout est négatif dans ces émissions. Au contraire ! A plusieurs reprises, il m’est arrivé de féliciter les responsables de ces émissions. Messieurs Alassane Samba Diop de la Rfm et Ahmed Aïdara de Zik fm ne me démentiront pas !
 
Je conclus par ces mots assez profonds de Jean Claude Guillebaud qui nous interpellent tous dans son ouvrage, la Refondation du monde : « Ici, comme toujours, écrit Maurice Bellet, le seul vrai malheur serait la prétention. Mais tout est permis, si l’on demeure dans cette humilité : de tracer le chemin qu’on peut, avec la part de clarté qu’on a, pour se tenir à hauteur d’homme, prêt à entendre toute parole qui nous mènera plus loin ».
 
Pas facile de se conformer à cet idéal dans un pays comme le Sénégal où toute voix discordante est assimilée à de la… Mais nous devons nous y faire si nous voulons avancer!
MWT
 
 
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