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Ultime visite de Merkel à Poutine en pleine crise afghane

Vendredi 20 Août 2021

Photo d'archives
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La chancelière allemande se rend à Moscou vendredi, elle fera ses adieux avant de se retirer de la scène politique après les élections législatives allemandes du 26 septembre.
 
Vladimir Poutine et Angela Merkel se retrouvent vendredi à Moscou, une dernière rencontre avant la retraite de la chancelière, un an exactement après l’empoisonnement d’Alexeï Navalny, l’opposant russe à qui l’Allemagne sauva la vie.
 
L’Afghanistan, la crise internationale du moment, sera bien sûr à l’agenda des deux vétérans de la vie politique européenne, mais le cas du détracteur du Kremlin, désormais emprisonné et qui a vu son organisation démantelée par les autorités, doit être mis en avant par la dirigeante allemande.
 
Les échanges Poutine-Merkel lors de la conférence de presse prévue vers 15h00 sont donc très attendus. D’autant que les discussions devraient aussi toucher aux contentieux que sont l’espionnage russe, la répression au Bélarus et la guerre en Ukraine.
 
Un an après l’empoisonnement de Navalny
 
Mais l’affaire de l’opposant Navalny, désormais emprisonné en Russie, est dans toutes les têtes. Car après deux jours dans le coma dans un hôpital sibérien, c’est à Berlin que le militant anticorruption avait été transféré le 22 août 2020.
 
C’est là que son empoisonnement par un produit militaire soviétique, le Novitchok, a été diagnostiqué et soigné. Sauvé, il accusera le Kremlin et ses services de sécurité. Depuis, l’Occident, Berlin en tête, réclame des explications à Moscou, qui dément tout.
 
Le porte-parole de la chancelière Steffen Seibert a souligné mercredi que l’affaire Navalny «pèse lourdement sur la relation avec la Russie», relevant aussi que Mme Merkel rencontrait le président russe «le jour anniversaire de l’empoisonnement».
 
Revenu en Russie en janvier 2021, M. Navalny a été emprisonné et ses organisations bannies pour «extrémisme», nourrissant la colère occidentale à l’égard de M. Poutine qui a refusé de reconnaître l’empoisonnement de son adversaire. Il «est injustement emprisonné, purge sa peine dans un camp pénitentiaire et il y a même de nouvelles accusations retenues contre lui», a noté M. Seibert.
 
Le président français Emmanuel Macron a prêté main-forte à la chancelière, demandant jeudi au téléphone à son homologue russe la libération d’Alexeï Navalny. En guise d’accueil pour Mme Merkel, le ministère russe des Affaires étrangères s’est fendu mercredi d’un long communiqué courroucé, accusant Berlin et ses alliés de se servir de l’affaire Navalny pour «attaquer» Moscou et s’ingérer dans les législatives prévues en septembre.
 
L’opposant de 45 ans a, lui, écrit depuis sa prison une tribune, publiée vendredi dans plusieurs journaux européens, demandant aux dirigeants occidentaux d’agir plus résolument contre la corruption des régimes autoritaires, dont la Russie. Et son équipe a indiqué que le gendarme russe de l’internet, Roskomnadzor, a exigé que l’application de l’opposant soit retirée de l’Apple store du fait de ses contenus «extrémistes».
 
L’Ukraine, autre sujet brûlant
 
Autre sujet brûlant pour cette dernière rencontre: l’Ukraine. Mme Merkel tente avec la France de négocier avec Moscou une solution au conflit séparatiste prorusse qui déchire l’Est du pays depuis 2014 et a été déclenché dans la foulée de l’annexion russe de la Crimée. Mais le processus est dans l’impasse. La chancelière est d’ailleurs attendue dimanche à Kiev.
 
Mais derrière les sujets qui fâchent, la chancelière allemande a aussi des points de convergence avec la Russie de M. Poutine. Les deux vétérans de la scène internationale ont ainsi imposé au final aux Etats-Unis, à des alliés européens méfiants et à l’Ukraine un gazoduc sous-marin, Nord-Stream 2 qui va accroître l’alimentation en gaz russe de l’Allemagne et de l’Europe pour les décennies à venir. La rencontre de vendredi vient donc clore une relation complexe nouée en 2005, à l’arrivée au pouvoir de la chancelière.
 
Pour l’illustrer, une anecdote revient régulièrement. En 2007, lors d’entretiens à Sotchi, Vladimir Poutine avait laissé son labrador approcher la chancelière, dont il connaissait la méfiance à l’égard des chiens. Elle apparaît tendue, lui sourit. Beaucoup y voient un geste de pression.
 
Mais Mme Merkel, la russophone qui a grandi en RDA, et M. Poutine, germanophone car il servit le KGB en Allemagne de l’Est, ont néanmoins établi une vraie relation de travail. Ils ont toujours échangé sur leur longue liste de contentieux et Mme Merkel a même plaidé en mai, sans succès, pour une reprise des contacts directs entre l’Union européenne et la Russie. (AFP)
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