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EDITORIAL
Bonus de signature, contributions volontaires, projets sociaux: A qui profitent tous ces milliards de la compagnie TOTAL ?
«Bonus de signature»
 L’aspect le plus curieux qui ressort des éléments ci-contre, c’est l’évocation d’un «bonus de signature» dont il est précisé qu’il est «non recouvrable». D’un montant de 2,500 milliards de francs CFA au cours d’un dollar à 500 francs Cfa, il ressemble à un vrai-dessous de table car le discours officiel est très rodé en la matière.
 
En effet, toutes les autorités sénégalaises, de même que les experts du secteur des hydrocarbures soutiennent que le principe du «bonus de signature» n’existe pas dans le Code pétrolier de 1998 en vigueur, en attendant des réformes. Entre temps, la loi a-t-elle été modifiée dans ce sens ?
 
Logiquement, si ledit bonus n’est pas prévu par la législation sénégalaise en matière de contrats d’hydrocarbures, à quel titre la compagnie TOTAL a-t-elle versé ce montant de 2,500 milliards de francs Cfa ? A qui et à quoi est-il destiné ? Dans les poches de quelles autorités de l’Etat et/ou intermédiaires est-il tombé ou est en voie de l’être ?
 
Si, de droit, le bonus de signature n’existe pas, c’est clair. De fait, il est pratiqué en toute illégalité. D’aucuns l’appellent en plus simple: «corruption».
 
En fin 2016, au cours d’une rencontre à Dakar consacrée au secteur des hydrocarbures en Afrique, le journaliste et consultant Adama Gaye, spécialiste dans le domaine, avait directement interpellé les directeurs généraux de la Société africaine de raffinage (SAR), de Petrosen et des responsables du ministère du Pétrole et des Energies sur l’opacité des contrats signés par le Sénégal avec les firmes étrangères qui font de la recherche de gaz et de pétrole au Sénégal, en insistant particulièrement sur la réalité des bonus de signature dans la quasi-totalité des contrats signés à travers le monde.
 
En réponse, toutes les autorités interpellées de même que des responsables de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) s’étaient réfugiées derrière le Code pétrolier sénégalais qui, arguaient-elles, ne connaît pas le «bonus de signature». 
 
«Contributions volontaires»
Elles sont de l’ordre 20 millions de dollars, soit 10 milliards de francs Cfa. Le libellé du texte à ce niveau est très élastique et donne de réels pouvoirs à l’Etat central d’utiliser cette manne financière à sa totale discrétion. Sous cet angle, tout devient possible dans les destinations promises à ces contributions. Ce n’est pas la compagnie TOTAL qui reviendra demander des comptes aux autorités sénégalaises.
 
«Projets sociaux» 
C’est le vocable fourre-tout des autorités locales et des compagnies étrangères contractantes qui prennent possession des richesses pétro-gazières des pays pauvres, sous-développés et poreux à la corruption, notamment dans les élites gouvernantes. Le stratagème consiste à dégager des parts minimes du grand business sur le gaz et le pétrole pour les consacrer à des initiatives socio-économiques sans grande durabilité sur les populations de collectivités locales impactées.
 
Répartition
«En cas d’exploitation, une part maximale de soixante quinze pour cent (75%) des hydrocarbures produits dans le périmètre d’exploitation est destinée au remboursement des coûts pétroliers supportés par le contractant (TOTAL E&P Sénégal et PETROSEN).
 
En partant du principe que c’est la compagnie TOTAL qui va prendre en charge la quasi-totalité des investissements requis, c’est elle-même qui se remboursera sur la bête… Le Sénégal, en l’occurrence son bras pétrolier qu’est Petrosen, a-t-il les moyens techniques, scientifiques et comptables de surveiller les investissements de TOTAL dans un périmètre donné? C’est peu probable.
 
Dans cette hypothèse, et comme le vivent d’autres pays producteurs de pétrole et adeptes du Contrat de Recherche et de Partage de Production (CRPP), il va falloir se contenter des factures que la compagnie française présentera…
 

 
 
 
 
 

Aly Ngouille Ndiaye: Indigne d’être ministre !
Les déclarations du ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye sont simplement scandaleuses, irresponsables et, finalement, bêtes. Ces propos ne le grandissent pas (mais il s’en fout peut-être), mettent mal à l’aise son patron de président de la république (lui aussi applaudit dans le secret de son bureau) et rajoutent de la tension politique là où il n’y en avait déjà un peu trop.
 
Que cherche Aly Ngouille Ndiaye ? A-t-il encore besoin de donner des gages de loyauté au chef de l’Etat ? Veut-il être déchargé de ses fonctions trop lourdes et risquées pour lui? Ou, plus concrètement, se dit-il que le jeu de la présidentielle étant déjà plié, rien ne l’empêche d’être le premier à pouvoir célébrer la «victoire» de son clan ? Dans tous les cas de figure, rester à son poste n'a plus de sens. Il ne peut que partir, démissionner. Pas d'alternative à ce sujet!
 
Malheureusement, c’est le type de propos auxquels il faut s’attendre quand on a des ministres nommés pour des «missions vitales» de survie d’un régime à des postes-clefs de l’Etat. Il semble évident que cet homme là est radicalement indigne d’être Ministre dans une République qui se respecte et qui fait écrire ses lettres de noblesse à la Démocratie.
 
Son passage à l’Energie a été calamiteux à bien des égards, notamment dans sa «gestion» des hydrocarbures. A ce poste, il a reçu les gifles de l’Inspection générale d’Etat qui a jugé sa gestion du dossier Petrotim «précipitée, surprenante, improductive et risquée», dans un article produit pas nos confrères du Quotidien.
 
Grillé et cramé sur place, il a été exfiltré vers une autre patate chaude, le ministère de l’Intérieur, avec la perspective de conduire le processus vers les échéances fatidiques de 2019. Le placer donc ici relevait d’un cynisme politique de bonne intelligence: si l’homme est discrédité et susceptible même un jour de répondre des dossiers pétro-gaziers qui sont passés entre ses mains, autant le presser jusqu’au bout. Par exemple, en lui donnant pour nouvelle mission de parachever le travail de vampirisation du fichier électoral et de distribution des cartes d’identité dites biométriques.
 
Aly Ngouille Ndiaye est sur la «bonne voie»: aujourd’hui, dit-il, plus de 92% des documents de vote ont été distribués ; et les «experts» de l’Union européenne viennent de finir l’audit du fichier: il est plus que fiable ; la période de révision des listes a été fixée au début du mois de mars… Tout est nickel. Dans son esprit, celui qui gère le processus électoral dans notre pays est déjà convaincu d’une chose: le président de la république a déjà gagné la présidentielle de 2019. Le reste, d’est de la routine au quotidien.

Ce pays n'avancera pas au plan démocratique avec de tels esprits retors et politiciens sans aucune considération pour leurs fonctions républicaines. Mais l’Histoire, elle, n’est jamais pressée pour rendre son verdict.
 
 

Transparence sur le gaz : le faux-fuyant Sall!
En évoquant la question des hydrocarbures, notamment celle liée à l’accord bilatéral signé avec la Mauritanie, Idrissa Seck a touché le cœur fragile de la gouvernance du pouvoir : la transparence. Dans ce pays, personne ne croit un seul instant que Macky Sall soit un innocent dans le scandaleux dossier de Petrotim.
 
La preuve, et sur un autre dossier, celui de la transaction signée avec la française TOTAL, il a fermement imposé une opacité brumeuse qui dit tout et rien à la fois. A part quelques initiés de la République, personne aujourd’hui, dans cette démocratie appelée Sénégal, ne sait un iota d’information sur l’accord avec le mastodonte hexagonal.
 
La réplique apportée à Idrissa Seck, dans la posture du professeur en face de  ses étudiants, porte en elle les traces d’un réel embarras. En décrivant le processus de validation de l’accord avec Nouakchott, Macky Sall confirme l’état de vassalisation de l’assemblée nationale qui va devoir estampiller positivement les éléments qui lui seront soumis après adoption de l’accord par le Conseil des ministres. Le Président a négocié l’accord, l’a validé, va demander au parlement d’en faire autant.
 
Comme il n’est pas pensable ni envisageable un seul instant que nos chers parlementaires rejettent ledit accord, il va falloir se dire que les dés sont donc jetés. Alors, monsieur le Président de la République, publiez-en les termes, de grâce !
 
 

Calamity Trump, sans surprise ! (Par Momar Dieng)
Surpris des propos de Donald Trump sur Haïti et l’Afrique ? Pas vraiment ! Il fallait bien que les pays et chefs d’Etat africains reçoivent leur part de satire et d’insulte de l’atypique Président des Etats-Unis d’Amérique. Il fallait bien qu’un jour ou l’autre, d’une manière ou d’une autre, à partir de la Maison Blanche ou de sa résidence de Mar-a-Lago d’où il ne sent pas le changement climatique, l’imprévisible occupant de White House démolisse la frontière de retenue qui le séparait de l’Afrique depuis son élection de novembre 2016.
 
L’Afrique a le droit de s’indigner de propos aussi moralement orduriers sortis de la bouche d’un homme posté au niveau de responsabilité qui est le sien, elle a le devoir de réagir comme l’ont fait avec courage et célérité les président Ian Seretsé Khama du Botswana et Macky Sall du Sénégal, ainsi que le président de la Commission de l’Union Africaine, Moussa Faki Mahamat.. Mais en quelques mois de présidence, Trump avait déjà montré son véritable visage : celui d’un individu arrogant, inculte, primesautier, sans foi ni loi que celles qui font prospérer son business et approfondir son égo.
 
Ne soyons pas surpris outre mesure: cet individu n’a de respect et considération que pour le triptyque «Trump Tower, Business, Famille», et peut-être un peu pour les Russes du costaud camarade Vlad, comme dirait Mamane. Son univers mental ne va pas plus loin. Après avoir quasiment ramassé le pouvoir qui gisait dans les rues de l’Amérique profonde, Trump fait du jackpot de sa vie – son bail avec le bureau Ovale de la Maison Blanche – l’instrument d’une déconstruction méthodique et cynique des rares avancées permises par un multilatéralisme intelligent et utile quoique critiquable.
 
Ne soyons pas surpris: cet homme n’est ni fou ni rêveur: il sait ce qu’il fait, il sait où il veut aller, il sait dire ce qu’il lui passe par la cervelle ; mais il sait les limites à ne pas franchir en tant que spécialiste des rapports de forces et du bluff. Son problème : il souffre simplement de cette grande misère morale et mentale que l’on appelle «idiotie». Et ça, malheureusement, ça ne soigne pas forcément dans les centres de santé…
 
Aux Africains, Haïtiens et autres peuples méprisés par ce Brutus impénitent, de savoir à quoi s’en tenir désormais. Cet épisode les aura au moins découragés – peut-être – de programmer des séances de photo souvenir dans les jardins de la Maison Blanche en oubliant les propos racistes de Trump. Mais avec certains de nos dirigeants, il ne faut jurer de rien !
 

Barbarie, pas plus ni moins !
L’assassinat sans appel de treize jeunes coupeurs de bois dans une de ces belles et sublimes forêts de Casamance que l’on croyait dans un processus de guérison irréversible nous rappelle une bien triste réalité.

Il y a encore dans ce bout méridional de notre pays des hommes capables de tuer leurs semblables avec une désinvolture criminelle sans pareil. Le procédé d’exécution de ces coupeurs de bois qui vivotent dans la précarité est un élément d’information sur la nature psychique cinglée de tueurs imbus de leurs capacités de nuisance à l’intérieur de leurs zones de prédilection. Ce sont des barbares !
 
En cela, le Président de la République et son gouvernement sont gravement interpellés par ce saut inattendu dans l’horreur cru. Sans occulter la complexité de la question casamançaise et en sachant qu’une paix durable ne se décrète point, il devient urgentissime de poser les actes forts desquels jaillira une solution définitive contre l’irrédentisme.
 
Mettre hors d’état de nuire les bandits encore saoulés aux mamelles de l’indépendantisme, remettre les territoires perdus ou occupés dans le giron de l’espace vital national, accélérer avec équité et transparence la transformation économique et sociale du bassin casamançais, telles sont les missions qui incombent à nos gouvernants pour que nous échappions tous ensemble à des phénomènes insupportables comme celui de ce samedi 6 janvier 2018. Une vérité s’impose : tant que des poches de territoires seront «administrées» par des rebelles supposés, les populations vivront avec le danger.

Au regard de ce drame, on voit bien que toutes les compromissions, ruses, tactiques et autres manigances aux soubassements politiciens qui encerclent la crise casamançaise ne peuvent avoir que deux points de convergence: le dérisoire et l'égoïsme.
 
Il est simplement déplorable que le Président Macky Sall ait pu aller soutenir «Charlie Hebdo» à Paris dans un laps de temps très court et ne pas pouvoir le faire auprès des familles des treize jeunes assassinés…à Ziguinchor.     
 
 

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