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Justice: Téliko accentue la pression

Vendredi 5 Janvier 2018

Souleymane Téliko est sur tous les fronts en ces temps qui courent. Au dernier colloque organisé par l’Union des magistrats sénégalais autour du fonctionnement de la Justice au Sénégal, l’exigence d’une indépendance concrète des juges avait été réaffirmée dans la résolution publiée à cet effet. Dans la foulée, le président de l’Union des magistrats sénégalais, dans des entretiens accordés aux quotidiens «Enquête» et «L’Observateur», enfonce le clou pour maintenir la pression sur le chef de l’Etat.
 
Dénonçant le «maintien des magistrats dans une situation de précarité totale», Souleymane Téliko rappelle que «la tutelle dispose du moyen de s’immiscer dans le traitement des affaires pénales.» Une raison suffisante, selon lui, pour que le Sénégal «dispose d’un Conseil supérieur de la magistrature dirigé par des personnalités qui n’ont aucun lien avec l’Exécutif» afin que les mécanismes d’ordre fonctionnel et organique fonctionnent normalement.
 
Expliquant le fonctionnement concret de la machine judiciaire, Souleymane Téliko identifie une certaine hypocrisie qui relègue les magistrats au statut de faire-valoir. «Aux termes de l’article 4 du statut du magistrat, explique-t-il, c’est le ministre de la Justice, en sa qualité de vice-président du CSM, qui fait les propositions de nomination aux postes.» Ainsi, «c’est lui qui élabore les critères de nomination (qui peuvent varier d’une réunion à une autre), fixe l’ordre du jour, c’est-à-dire la liste des juges et procureurs susceptibles d’être affectés…»
 
En réalité, «l’étendue des pouvoirs du ministre contraste avec le caractère symbolique des pouvoirs des autres membres du CSM», indique-t-il. «Ces derniers, qui n’ont pas le droit de faire des propositions, disposent d’une marge de manœuvre très étroite (car) ils sont placés devant l’alternative, à savoir approuver ou donner un avis défavorable, sans pouvoir faire une contre-proposition.»
 
D’après le patron de l’UMS, dans les sociétés démocratiques d’aujourd’hui, «la simple proclamation de la séparation des pouvoirs ne suffit plus» car «c’est un postulat (désormais) universellement admis que lorsque, dans un Etat quelconque, l’Exécutif se donne le moyen de choisir les juges et les procureurs, le risque d’instrumentalisation (des uns et des autres) devient réel» dans les procédures judiciaires.
 
 
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