La grande armée des petits producteurs qui s’active dans nos exploitations familiales a été jusqu’ici l’ossature et la force motrice de notre agriculture. Aujourd’hui une menace plane sur cette brave armée, la menace d’un remplacement et du chômage du fait du choix conscient ou inconscient de faire de l’agrobusiness la locomotive et le modèle pour l’atteinte de nos objectifs de souveraineté alimentaire.
L’approche du remplacement a été réaffirmée et confirmée devant l’assemblée nationale où le ministre de l’agriculture a exposé sa solution pour l’autosuffisance en tomate concentrée et en lait. Pour la tomate le ministre préconise 600 hectares de cultures sous serre financées par 6000 sénégalais de la diaspora. Pour le lait l’importation de vaches laitières étrangères.
Vous remarquerez avec moi que les solutions préconisées n’incluent ni les petits producteurs, ni l’existant comme les milliers d’hectares emblavés au Sénégal , ni les millions de vaches locales propriété de nos éleveurs!
Supposons que les 600 hectares de serre pour la culture de tomate se réalisent, que vont devenir les milliers de producteurs de tomate du Delta et de la Vallée du Fleuve Sénégal qui jusqu’ici fournissaient la Socas et la SNTI pour la production de la tomate concentrée? Que feront nous de millions de vaches locales?
Peut être que le schéma du remplacement peut conduire à une autosuffisance sans souveraineté alimentaire qui ne peut être obtenue sans la valorisation des ressources humaines, naturelles et animales du pays.
L’expérience de la dernière campagne de production de la pomme de terre démontre si besoin en était le danger du choix du remplacement des petits producteurs et leurs exploitations familiales par l’agrobusiness.
En effet au Senegal , il a été produit plus que nous avons besoin, d’où les proclamations d’autosuffisance. Plus de la moitié de la production de la pomme de terre a été à l’actif d’une seule entreprise controlée par des intérêts étrangers! Cette position hégémonique de cette entreprise s’est avérée catastrophique pour les petits producteurs sénégalais qui ont perdus entre 30 et 50 % de leur production suite à la mévente et bazardé le reste de leur production a vil prix.
Cette entreprise s’engage aussi dans la production de la semence de la pomme de terre ou également elle recherche l’hégémonie.
Une autosuffisance par la dépendance est nécessairement contre la souveraineté alimentaire et la souveraineté tout court!
Le choix du remplacement est un choix anti national suicidaire.
L’autosuffisance en tomate et en lait consistante avec la politique pour la souveraineté alimentaire ne se réalisera que par le renforcement et la capacitation de nos exploitations familiales et par l’amélioration des races locales de notre cheptel national. L’agrobusiness et les vaches importées ne peuvent et ne doivent être qu’une petite partie de la solution qui dans son essence sera nationale.
Amar Yaya Sall
Agropasteur
President du Mouvement Citoyen Kawkaw
Membre du Cadre de Concertation des Maraichers du Sénégal
Source : Ma Revue de presse







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