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Birmanie ! Un risque « sans précédent » de guerre civile, avertit l’ONU

Jeudi 1 Avril 2021

Birmanie ! Un risque « sans précédent » de guerre civile, avertit l’ONU
Risque « sans précédent » de « guerre civile », « bain de sang imminent », « catastrophe » : l’émissaire de l’ONU pour la Birmanie a exhorté mercredi le Conseil de sécurité à agir contre les militaires qui ont renversé Aung San Suu Kyi, dont l’avocate a assuré qu’elle était « en bonne santé ».
 
« La cruauté des militaires est trop grave et de nombreuses organisations armées ethniques manifestent clairement leur opposition, renforçant le risque de guerre civile à un niveau sans précédent », a mis en garde Christine Schraner Burgener lors d’une réunion à huis clos du Conseil de sécurité.
 
« Un bain de sang est imminent », a-t-elle aussi prévenu, relevant que l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP) avait recensé « 536 personnes tuées par la junte » depuis le coup d’État militaire du 1er février.
 
« J’appelle ce Conseil à envisager tous les moyens à sa disposition pour prendre des mesures collectives et faire ce qu’il faut », « afin d’éviter une catastrophe multidimensionnelle au cœur de l’Asie », a-t-elle ajouté lors de cette réunion en urgence demandée par le Royaume-Uni. Elle a réclamé une « réponse internationale ferme, unitaire et résolue ».
 
Dissensions internationales
 
La réunion du Conseil s’est achevée après deux heures et quart de discussions. Selon des diplomates, la Chine a demandé un délai avant d’adopter une proposition de texte formulée par le Royaume-Uni, renvoyant une décision dans un sens ou un autre à jeudi.
 
Si les États-Unis et le Royaume-Uni viennent d’annoncer une nouvelle salve de sanctions, la Chine et la Russie ont refusé jusqu’à présent de condamner officiellement le putsch.
 
Profitant de ces dissensions, les généraux poursuivent leur sanglante riposte.
Huit personnes ont été abattues mardi par les forces de sécurité, selon l’AAPP. Des centaines d’autres, détenus au secret, sont portés disparus.
 
Aung San Suu Kyi, la dirigeante civile renversée et arrêtée il y a deux mois, « paraît en bonne santé », a fait savoir mercredi son avocate Min Min Soe, qui s’est entretenue par vidéoconférence avec sa cliente, d’un commissariat de la capitale Naypyidaw.
 
La lauréate du prix Nobel de la paix 1991 fait face à de multiples accusations, notamment de corruption.
 
Âgée de 75 ans, elle n’a toujours pas été autorisée à rencontrer ses défenseurs et l’entretien s’est déroulé en présence de gardes et de policiers, a raconté l’avocate. Aung San Suu Kyi s’est interrogée sur la légalité de cette surveillance, selon l’équipe chargée de sa défense.
 
Une audience est prévue jeudi devant la justice. Un autre de ses avocats, Khin Maung Zaw, a précisé qu’elle devrait être brève et consacrée à des questions administratives.
 
Postes de police attaqués
 
Les violences ont déclenché la colère parmi la vingtaine de groupes de rebelles constitués sur une base ethnique que compte la Birmanie.
 
Deux d’entre eux, l’Union nationale karen (KNU) et l’Armée pour l’indépendance kachin (KIA), ont déclenché plusieurs attaques contre les forces de sécurité.  
 
Mercredi, la KIA a pris pour cible un poste de police dans l’État Kachin, dans l’extrême nord, d’après un média local.
 
Et un commissariat a été visé au lance-roquettes la veille dans la région de Bago, au nord-est de Rangoun, la capitale économique, blessant cinq policiers.
 
La KNU s’était emparée le week-end dernier dans l’État Karen voisin d’une base militaire, entraînant des frappes aériennes de l’armée — les premières en 20 ans dans cette région.
Après ces raids, cette faction a dit « soutenir fermement » le soulèvement populaire contre la junte et être prête à riposter.
 
Trois autres groupes rebelles ont menacé de reprendre les armes. Un responsable militaire de l’un d’eux, le général Tar Bhone Kya, de l’Armée de libération nationale Ta’ang (TNLA), a expliqué mercredi à l’AFP qu’ils envisageaient de rompre le cessez-le-feu conclu ces dernières années avec certaines factions par l’armée qu’il a accusée de « crimes de guerre ».
 
Dans l’État Karen, les raids aériens ont fait plusieurs blessés et quelque 3000 personnes ont tenté de fuir en Thaïlande. Environ 2400 sont retournées volontairement dans leur pays et 200 autres ont accepté d’y repartir, selon les autorités thaïlandaises.
 
Mais des militants karens des droits humains accusent ce royaume de refouler les réfugiés à la frontière, empêchant aussi les organisations humanitaires d’entrer en contact avec eux.
 
« Un nouveau gouvernement civil »
 
En Birmanie, la résistance se poursuit avec des dizaines de milliers de fonctionnaires et de salariés du privé toujours en grève pour protester contre le régime militaire.
 
Des contestataires ont défilé sur des deux-roues à Mandalay, dans le centre du pays, avec des pancartes implorant : « Sauvez la Birmanie », « Arrêtez les crimes contre l’humanité ».
 
Mais, craignant les représailles, les manifestants sont peu nombreux par rapport aux centaines de milliers des premières semaines après le coup d’État.  
 
Un groupe de députés de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) d’Aung San Suu Kyi évincés du Parlement par les putschistes a par ailleurs annoncé mercredi qu’il formerait début avril « un nouveau gouvernement civil ». (AFP)
 
 
 
 
 
 
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