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Venezuela - La libérale Maria Corina Machado en tête des primaires de l’opposition

Lundi 23 Octobre 2023

La libérale Maria Corina Machado, frappée d’inéligibilité par le régime en place, est arrivée largement en tête dimanche des primaires de l’opposition au Venezuela en vue de l’élection présidentielle de 2024 que briguera le président Nicolas Maduro, selon de premiers résultats préliminaires.  

 

Celle qui appartient à l’aile la plus radicale de l’opposition a obtenu 92 % des suffrages, sur la base des 26 % de bulletins de vote dépouillés par la commission qui a organisé ce scrutin dans un pays plongé dans une grave crise économique.

 

Son plus proche rival, Carlos Prosperi, qui avait dénoncé des irrégularités dans le processus, arrive loin derrière avec moins de 5 % des suffrages.

 

« Nous faisons partie d’une histoire citoyenne et ce que nous avons vu aujourd’hui est une avalanche citoyenne à l’intérieur et à l’extérieur du Venezuela », a déclaré Mme Machado avant l’annonce des résultats, évoquant les électeurs dans le pays et de l’étranger.

 

En juin, cette ingénieure de 56 ans et ex-députée a cependant été interdite d’exercer une fonction publique pendant 15 ans, une inéligibilité que les États-Unis, qui ont allégé cette semaine les sanctions contre le Venezuela au lendemain de la reprise du dialogue entre le pouvoir et l’opposition, appellent à lever.  

 

Mme Machado, qui s’est imposée avec un discours direct et sans concessions, est accusée par le régime de Caracas de corruption et d’avoir soutenu les sanctions de la communauté internationale contre le Venezuela.  

 

Fervente opposante au chavisme, du nom de Hugo Chavez, figure de la gauche radicale latino-américaine et défunt prédécesseur de M. Maduro, elle veut imposer une économie libérale, avec notamment la privatisation des entreprises publiques.  

 

« Peu à peu, elle s’est arrogé le monopole de l’alternative à l’opposition classique » dont les échecs répétés ont lassé les militants, analyse Luis Vicente Leon, directeur de l’institut de sondage Datanalisis.  

 

Les primaires se sont tenues au terme d’une semaine riche en annonces avec un accord entre le pouvoir et l’opposition pour que se tienne une présidentielle au second semestre 2024, la libération de cinq prisonniers politiques, le déblocage de 3 milliards de dollars de fonds gelés pour des dépenses sociales et surtout une levée temporaire des principales sanctions américaines.

 

Le dialogue entre opposition et gouvernement, qui s’est tenu à La Barbade sous les auspices de la Norvège, n’a cependant pas réussi à résoudre la question de l’inéligibilité de la plupart des leaders de l’opposition et notamment de celle de Maria Corina Machado.

 

Washington lie l’allègement prolongé des sanctions à une amélioration de la situation politique dans le pays et a dit s’attendre à ce que « tous » les candidats puissent se présenter aux élections générales de 2024.

 

« Un changement »

 

L’opposition n’a pas reconnu la réélection de Nicolas Maduro en 2018 lors d’un scrutin largement considéré comme frauduleux et non reconnu par de nombreux pays.

 

L’année suivante, Washington a renforcé contre Caracas des sanctions imposées pour la première fois en 2015 en raison de la répression brutale de manifestations antigouvernementales.  

 

Bien que son parti ne l’ait pas encore officiellement proclamé, M. Maduro briguera un troisième mandat de six ans l’année prochaine.  

 

Les primaires visant à désigner son prochain rival ont été organisées dans une improvisation relative après des mois de tergiversations, mais aussi d’opérations de « sabotage » du pouvoir, selon l’opposition. Cette dernière a renoncé à faire appel au Conseil national électoral (CNE) pour organiser le vote, jugé trop proche du pouvoir.

 

Certains bureaux de vote ont ainsi dû être improvisés dans la rue, d’autres chez des particuliers.  

 

« Je veux un changement, pour mes enfants, pour mon pays », a assuré Margarita Fuenmayor, une habitante d’un quartier de la capitale Caracas, bastion progouvernemental, qui a proposé sa maison comme bureau de vote.

 

Le Venezuela a vu son produit intérieur brut se contracter de 80 % en dix ans, ce qui a poussé plus de sept millions de personnes à fuir le pays depuis l’effondrement de son économie, selon l’ONU. [AFP]

 

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