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L’opposant et héros de Hôtel Rwanda libéré avec l'aide du Qatar et des Usa, dit renoncer à la politique

Samedi 25 Mars 2023

Paul Rusesabagina
Paul Rusesabagina
 
Paul Rusesabagina, qui a inspiré le film Hôtel Rwanda et est un farouche opposant du président Paul Kagame, a été libéré vendredi après que le gouvernement a annoncé avoir commué sa peine de 25 ans pour « terrorisme ».
 

 
Le président Joe Biden a remercié les gouvernements rwandais et qatari « pour avoir rendu ces retrouvailles possibles », faisant part de sa « joie ».
 
La Belgique a également salué « la décision du gouvernement rwandais d’accorder une remise de peine à Paul Rusesabagina ». « Nous espérons qu’il retrouvera bientôt sa famille », a souligné dans un communiqué la ministre belge des Affaires étrangères, Hadja Lahbib.
 
La condamnation de M. Rusesabagina en septembre 2021 avait suscité des réprobations internationales et de défenseurs des droits.
 
« Paul Rusesabagina et (son co-accusé) Callixte Nsabimana ont eu leurs peines de prison commuées par ordre présidentiel, après examen de leurs requêtes de clémence », a déclaré à l’AFP la porte-parole du gouvernement rwandais Yolande Makolo.
 
Dix-huit autres personnes condamnées pour terrorisme ont aussi vu leurs peines commuées, a-t-elle ajouté. Selon une source gouvernementale qui a requis l’anonymat, les autres détenus devraient être remis en liberté samedi.
 
Mme Makolo a précisé que le Rwanda « note le rôle constructif du gouvernement américain dans la mise en place de conditions pour le dialogue sur cette question, de même que la facilitation apportée par le Qatar ».
 
Mais elle a ajouté que « personne ne devrait se faire d’illusion sur ce que cela signifie, car il y a un consensus sur le fait que des crimes graves ont été commis, pour lesquels ils ont été condamnés ».
 
939 jours de détention
 
Cette affaire a longtemps été source de contentieux entre Kigali et Washington. En mai 2022, Washington avait estimé que M. Rusesabagina était « injustement détenu » par la justice rwandaise. M. Kagame avait rétorqué que les États-Unis ne pouvaient pas l’« intimider » pour le forcer à le libérer.
 
Cette décision « est le résultat d’un désir partagé de réinitialiser les relations États-Unis/Rwanda », a déclaré sur Twitter l’attachée de presse du président, Stéphanie Nyombayire.
 
Les pourparlers sur une libération de l’opposant avaient débuté fin 2022 et une avancée s’est produite la semaine dernière lors de discussions entre le président Kagame et l’émir du Qatar, a indiqué une source proche du dossier.
 
Le président Kagame avait annoncé lors d’une visite au Qatar il y a deux semaines que des « discussions » étaient en cours concernant l’emprisonnement de M. Rusesabagina.
 
Les soutiens de l’opposant de 68 ans estiment que son procès a été une imposture marquée d’irrégularités. Et sa famille avait alerté sur son état de santé déclinant.  
M. Rusesabagina a été détenu pendant 939 jours, selon le site Free Rusesabagina (Libérez Rusesabagina).
 
« Normes internationales »
 
Il a été rendu célèbre par le film Hôtel Rwanda, sorti en 2004, qui raconte comment ce Hutu modéré qui dirigeait l’Hôtel des Mille Collines dans la capitale rwandaise a sauvé plus de 1000 personnes durant le génocide des Tutsi en 1994.  
 
Opposant depuis plus de 20 ans à Paul Kagame, qu’il a accusé d’autoritarisme et d’alimenter un sentiment anti-Hutu, M. Rusesabagina a utilisé sa renommée hollywoodienne pour donner un écho mondial à ses positions.
 
Ses tirades contre M. Kagame lui ont valu d’être traité comme un ennemi de l’État.
Dans une lettre datée d’octobre 2022 publiée vendredi par le gouvernement, il a assuré qu’il se tiendrait désormais éloigné de la vie politique.
 
« Je vais passer le reste de mes jours aux États-Unis à réfléchir tranquillement. Je peux vous assurer par cette lettre que je n’ai aucune autre ambition personnelle ou politique. Je laisserai derrière moi les questions concernant la politique rwandaise », écrit-il.
 
Les défenseurs des droits humains accusent le Rwanda – dirigé d’une main de fer par M. Kagame depuis la fin du génocide de 1994 au cours duquel 800 000 personnes ont été tuées – de réprimer la liberté d’expression et l’opposition.
 
M. Rusesabagina vivait depuis 1996 en exil aux États-Unis et en Belgique, avant d’être arrêté à Kigali en 2020 dans des circonstances troubles, à la descente d’un avion qu’il pensait à destination du Burundi.
 
« Sa remise en liberté conclurait une affaire qui a souligné le mépris flagrant du Rwanda pour les normes internationales », avait souligné plus tôt dans la journée à l’AFP Lewis Mudge, directeur en charge de l’Afrique centrale pour Human Rights Watch.
 
L’opposant a été jugé de février à juillet 2021 pour neuf chefs d’accusation, dont celui de « terrorisme », pour des attaques menées par le FLN, organisation classée terroriste par Kigali, qui ont fait neuf morts en 2018 et 2019.
 
Paul Rusesabagina a admis avoir participé à la fondation en 2017 du Mouvement rwandais pour le changement démocratique (MRCD), dont le FLN est considéré comme le bras armé, mais il a toujours nié toute implication dans les attaques. (AFP)
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