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Procès du 13-novembre – Bernard Cazeneuve évacue les polémiques sur les forces de l’ordre

Mercredi 17 Novembre 2021

L'ancien ministre de l'Intérieur et ex Premier ministre à son arrivée au procès du 13-novembre
L'ancien ministre de l'Intérieur et ex Premier ministre à son arrivée au procès du 13-novembre
Menaces spécifiques sur le Bataclan, potentielle lenteur d’intervention de la BRI… L’ex-ministre de l’Intérieur français a défendu son action mercredi au procès des attentats du 13 novembre.
 
Au procès des attentats du 13 novembre, l’ancien ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a évacué, mercredi, les questions polémiques soulevées depuis six ans par des parties civiles.
 
Données chiffrées à l’appui et sans aucune note, l’ex-premier flic de France défend son action depuis près d’une heure devant la Cour d’assises spéciale de Paris quand il en vient spontanément aux controverses, anticipant les interrogations futures des avocats de parties civiles.
 
Est-ce que des policiers, tout comme des militaires de l’opération Sentinelle, «ont été empêchés d’intervenir» pour mettre fin à la prise d’otages au Bataclan, commence Bernard Cazeneuve, veste croisée, pochette, cravate à motifs verts.
 
«Six ans après, ma conviction demeure: on ne peut pas faire intervenir des forces qui ne sont pas spécialisées, pas préparées. (…) Seuls la BRI et le Raid pouvaient intervenir pour sauver les otages», affirme le témoin, cité par la partie civile.
 
«Question qui revient»
 
«Est-ce que cette intervention aurait pu être plus rapide?» D’un ton toujours égal, Bernard Cazeneuve détaille l’arrivée de chacune des équipes, soulignant que la BRI est présente devant le Bataclan en «vingt-cinq minutes», soit dans les délais prévus pour faire face au risque d’attentat.
 
«J’ai été très blessé, pas à titre personnel mais pour eux – je suis un ministre qui passe –, quand j’ai vu la manière dont ils étaient mis en cause», lâche l’ex-premier ministre.
 
De la même façon, il aurait pris, «c’est évident», «les dispositions pour assurer la protection» du Bataclan s’il avait été informé d’une quelconque menace, évoquée par des parties civiles et d’anciens responsables policiers. Bernard Cazeneuve le dit «solennellement devant la cour»: il n’a «jamais été destinataire d’une note» ou du «moindre document» en ce sens.
 
«Par quelle logique étrange» aurait-il laissé la salle de spectacle sans protection, rétorque-t-il encore, face à l’insistance de certains avocats des parties civiles.
 
Entendu à sa suite sur cette «question qui revient», l’ex-procureur de Paris, François Molins, confirme: si le Bataclan «a pu apparaître comme une cible potentielle» en 2009, dans le cadre d’une enquête visant une ancienne figure de l’islam radical, «à aucun moment» le magistrat n’a été, six ans plus tard, «en possession d’éléments» sur une quelconque menace.
 
L’ancien ministre de l’Intérieur est revenu sur une autre «polémique»: la «façon dont Salah Abdeslam a été interpellé le matin du 14 novembre» 2015. La façon dont le seul membre encore en vie des commandos projetés par l’État islamique (EI) a été «contrôlé», se corrige Bernard Cazeneuve.
 
Au lendemain des attentats qui ont fait 130 morts à Paris et à Saint-Denis, Salah Abdeslam prend la fuite vers la Belgique, aidé par deux complices, également jugés à ses côtés. Contrôlé sur l’autoroute par des gendarmes français, Salah Abdeslam poursuit sa route et ne sera arrêté que quatre mois plus tard à Bruxelles.
 
Cet échec est un des «angles morts» de la coopération judiciaire européenne à l’époque, dénoncés par Bernard Cazeneuve. «Le cadre légal en vigueur à l’époque n’a pas permis son interpellation», résume l’ancien premier ministre. «Le dispositif de contrôle aux frontières extérieures de l’Union européenne était insuffisant», reconnaît-il.
 
«Hanté en permanence»
 
Questionné sur son vécu personnel du 13 novembre, il évacue encore: «Ce que j’ai ressenti n’est rien comparé à la douleur insondable des familles». C’est pour cela qu’il est «resté extrêmement discret» sur ses sentiments après cette nuit d’horreur, explique l’ancien ministre de l’Intérieur.
 
L’armure se fissure enfin quand la première assesseure Frédérique Aline lui demande s’il a «des regrets», compte tenu de sa connaissance de l’état de la menace en France, confrontée en 2015 à une vague d’attentats sans précédent et à de multiples départs de ses ressortissants en Syrie.
 
«Aurions-nous pu faire autrement?» répond le témoin. «Il ne s’est pas écoulé un jour sans que je ne me sois posé la question de savoir s’il y avait quelque chose que j’aurais pu faire et que je n’ai pas fait. Cette question me hante en permanence», admet-il.
 
«En dépit de la mobilisation, des attentats sont survenus, des vies ont été brisées, des Français sont inconsolables», poursuit l’ex-premier ministre. «Je ne peux que m’interroger (…) et je continuerai à m’interroger jusqu’à mon dernier souffle», dit-il encore.
 
L’audition de l’ex-ministre de l’Intérieur a duré plus de trois heures. Ni le Parquet national antiterroriste ni les avocats de la défense ne lui ont posé la moindre question. (AFP)
 
 
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