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Procès des suicides à France Télécom: "Je n'y peux rien", dit l'ex-PDG

Mardi 7 Mai 2019

L'ex-PDG de France Télécom Didier Lombard, jugé à Paris pour "harcèlement moral" dix ans après la vague de suicides dans l'entreprise, a rejeté mardi toute responsabilité dans cette crise, qu'il a qualifiée de "crise médiatique".
 
"Que les transformations imposées à l'entreprise n'aient pas été agréables, c'est comme ça, je n'y peux rien. Si je n'avais pas été là, ça aurait été pareil peut-être même pire", a déclaré au tribunal M. Lombard. "Le problème était de ramener la maison dans un état normal".
 
Didier Lombard, patron de France Télécom de 2005 à 2010, a insisté sur le contexte économique. L'entreprise était, selon lui, "en péril" en 2005, "à cause de son surendettement, de l’agressivité de la concurrence et des évolutions technologiques extrêmement rapides".
 
Pour l'ex-PDG, âgé de 77 ans, il n'y a pas eu de "crise sociale" à France Télécom entre 2007 et 2010, la période au coeur du procès qui a débuté lundi. "Il y avait une difficulté : quelques milliers de salariés devaient retrouver un emploi différent. (...) Tout cela était stressant". "Des choses ont été gonflées artificiellement à un moment", a-t-il ajouté, provoquant un brouhaha du côté des parties civiles.
 
En 2009, alors que France Télécom avait, selon lui, surmonté ses difficultés économiques, "les phénomènes médiatiques ont détruit le résultat social de la transformation". A l'été 2009, il y a eu "une crise médiatique", a-t-il dit. "Nos collaborateurs ont été privés de leur succès. Les journaux disaient que leur entreprise était lamentable, ça a cassé le moral".
 
L'ex-dirigeant considère qu'il y a eu "un effet Werther", selon lequel "si vous parlez des suicides, vous les multipliez".
 
Dans leur enquête, les juges d'instruction ont retenu le cas de 39 salariés du groupe: 19 se sont suicidés, 12 ont tenté de le faire et huit ont connu un épisode de dépression ou un arrêt de travail.
 
Dans une lettre qu'il a lue au tribunal, l'ancien PDG a exprimé aux victimes et à leurs familles sa "sincère et profonde tristesse de ce que cette situation ait pu involontairement contribuer à fragiliser certains d’entre eux au point qu’ils accomplissent un geste irrémédiable". Cela "m'est insupportable".
 
Mais quand la partie civile lui a demandé s'il avait des regrets, il a préféré ne pas répondre.
"J'hallucine. Je suis écoeuré", a réagi à la sortie de la salle d'audience Yves Minguy, un ex-salarié qui a traversé une grave dépression. "Donc le sauvetage d'une entreprise passe par des pertes de vies humaines et il n'y peut rien? C'est sidérant. Il n'a pas changé".
 
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