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Marché de la cocaïne - La Colombie en déclin au profit de nouveaux acteurs, indique un rapport

Jeudi 21 Décembre 2023

Marché de la cocaïne - La Colombie en déclin au profit de nouveaux acteurs, indique un rapport

Le marché de la cocaïne est en train de changer. Si la Colombie reste le plus grand producteur de cette drogue, d’autres acteurs dans le monde commencent à prendre de l’importance dans sa fabrication et sa distribution, selon un rapport basé sur des milliers de fichiers du parquet colombien divulgués par des pirates informatiques.

 

La Colombie a atteint un record de culture de feuilles de coca en 2022, avec 230 000 hectares plantés et une production de 1738 tonnes de cocaïne, selon les Nations unies.

 

Mais des groupes mexicains, albanais, brésiliens, équatoriens et israéliens commencent à gagner en puissance dans le commerce mondial de cette drogue, selon un groupe d’une centaine de journalistes, qui a déchiffré sept millions de courriels et 38 000 fichiers divulgués par le groupe Guacamaya, qui a piraté en 2022 les agences de sécurité et les armées du Mexique, Chili, Pérou, Salvador et de la Colombie.

 

C’est de là qu’est né « Narcofiles », un rapport qui dessine les réseaux de production et de trafic de cocaïne dans le monde. « Le marché est en train de muter », explique à l’AFP Nathan Jaccard, éditeur pour l’Amérique latine de l’Organised Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), un consortium de journalistes d’investigation. 

 

En août 2022, avec des journalistes de 23 pays, il a eu accès aux dossiers piratés du parquet colombien qui montrent notamment le rôle de l’industrie bananière dans l’exportation de la cocaïne et la hausse du trafic le long de routes telles que le fleuve Amazone, d’où partent de plus en plus de sous-marins chargés de cocaïne vers l’Atlantique.

 

L’un des nouveaux points chauds du marché de la cocaïne est aussi la triple frontière entre la Colombie, le Pérou et le Brésil, une région « relativement calme il y a encore 15 ans », souligne Nathan Jaccard.   

 

Le rapport « Narcofiles » révèle aussi que les plantations de feuilles de coca se sont multipliées en Amérique centrale et au Mexique, tandis que la pâte de coca est de plus en plus transformée dans des laboratoires en Europe.

 

Industrie bananière

 

La chute des prix de la feuille de coca en Colombie et l’apparition de nouvelles drogues dans le monde ont porté atteinte au commerce de la cocaïne dans le pays, notent les experts. « La Colombie ne joue plus un rôle de premier plan dans la chaîne internationale du trafic de drogue », explique Elizabeth Dickinson, analyste au Crisis Group.  

 

« Les trafiquants de drogue décident de se rapprocher des marchés » pour réduire les coûts et les risques, tout en maximisant les profits, explique M. Jaccard.  

 

Ces changements ont eu pour conséquence que les cartels colombiens, qui abritaient autrefois des caïds tels que Pablo Escobar, ne « mènent plus la danse » sur le marché, souligne Mme Dickinson.  

 

Bien que de grandes structures criminelles telles que le Clan del Golfo, premier producteur mondial de cocaïne, continuent d’opérer dans le pays, « on assiste à un processus d’atomisation des groupes » qui réduit leur pouvoir, poursuit M. Jaccard.  

 

En parallèle, des groupes mexicains, albanais, brésiliens, équatoriens et israéliens montent en puissance. « D’autres acteurs se développent et pourraient à l’avenir concurrencer la Colombie sur le marché », confirme Ana Maria Rueda, chercheuse à la fondation Ideas para la Paz.  

 

Un mémorandum entre la Colombie et Israël, obtenu dans le cadre de la fuite de documents, décrit une « augmentation significative » des crimes commis dans le pays sud-américain par des Israéliens attirés par le tourisme sexuel et liés, selon les autorités locales, à des affaires de trafic de cocaïne.

 

Le rapport « Narcofiles » révèle le rôle croissant de l’industrie bananière dans l’exportation de la cocaïne. Selon la Commission européenne, 70 % des saisies de drogue en Europe ont lieu dans les ports. Les trafiquants utilisent les cargaisons de bananes pour cacher leur marchandise, car les produits frais passent plus rapidement les contrôles douaniers. [AFP]

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