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Les élus franciliens dénoncent les méthodes de Bolloré sur l'Autolib'

Vendredi 1 Juin 2018

PARIS (Reuters) - Le Syndicat mixte Autolib' Vélib' Métropole (SAVM) chargé du suivi de la délégation de service public confiée à Bolloré pour la gestion des voitures électriques en libre-service Autolib', a dénoncé jeudi les méthodes de l'industriel, qui a réclamé une importante somme pour éponger le déficit.
Selon Le Monde, Vincent Bolloré réclame 40 millions d'euros par an jusqu'en 2023 à Paris et aux communes concernées. Le groupe n'a pas souhaité faire de commentaires sur ce dossier.
"On est en incapacité de dire quoi que ce soit sur ce dossier qui est en discussion avec la mairie", a répondu un porte-parole du groupe à Reuters.
"Les élus des communes membres du Syndicat restent pleinement déterminés à défendre au mieux l'intérêt des collectivités, des contribuables et des usagers d'Autolib'", peut-on lire dans un communiqué publié par le comité syndical du SAVM, qui compte une centaine d'élus. La mairie de Paris fait état séparément d'une analyse similaire de la situation.
"Sans tenir compte de l'avis du Syndicat, le groupe Bolloré a mis fin par courrier daté du 25 mai à toute procédure de conciliation et conditionne la poursuite du service à un financement des collectivités dont le montant repose sur sa seule évaluation", poursuivent les élus d'Ile-de-France.
Autolib' est un service public d'auto-partage disponible dans une centaine de communes d'Ile-de-France dont la mise en service a débuté en 2011 et doit s'achever en 2023.
Selon le SAVM, le plan d'affaires initial soumis par l'entreprise gestionnaire, une filiale de Bolloré, prévoyait que "ce service fonctionne sans aucun fonds public – en dehors de l'investissement sur les stations – et dégage même un bénéfice net d'au moins 56 millions d'euros au terme de la concession".
Les résultats se sont dès les premières années révélés en dessous des prévisions et le secteur a connu une révolution avec l'émergence des VTC et d'autres services d'auto-partage. Le système souffre notamment de problèmes de gestion des flux de voitures et d'un nombre d'utilisateurs trop faible pour assurer sa rentabilité.
 
CONCILIATION AVORTÉE
"Face à ces points d'inquiétude soulevés par le Syndicat, l'entreprise gestionnaire a toutefois longtemps laissé entendre qu'elle allait redresser d'elle-même son service", soulignent les élus dans leur communiqué.
Le plan d'affaires actualisé fourni par le gestionnaire à la rentrée 2016 a fait pour la première fois état d'un résultat net déficitaire au terme de la concession, pouvant atteindre 179,3 millions d'euros à la charge des collectivités, un montant "aberrant" selon le syndicat, qui a refusé le plan.
L'audit réalisé dans la foulée par le cabinet Ernst & Young de fin 2016 au printemps 2017 "a confirmé qu'une partie du déficit que l'entreprise voulait faire peser sur les collectivités était contestable", dit le SAVM.
Les préconisations étaient de fermer les stations les plus déficitaires, de réactualiser les tarifs, d'expérimenter la publicité sur les voitures et d'accueillir de nouveaux services dans les espaces d'abonnement, ce qui a été progressivement mis en œuvre, expliquent les élus.
Mais la SAVM affirme que l'entreprise n'a pas fait ce qui lui était demandé pour améliorer la qualité du service, notamment l'entretien et le renouvellement des stations et des voitures, et lancer une campagne commerciale d'envergure pour recruter de nouveaux abonnés.
"A la suite de cet audit, et au regard des désaccords persistants entre le Syndicat et le groupe Bolloré, les deux parties ont acté d'un commun accord, au printemps 2017, le déclenchement d'une procédure de conciliation", dit la SAVM.
L'arbitre mandaté pour trouver des solutions a rendu un rapport en mars 2018, qui préconisait que l'entreprise et les collectivités prennent en charge quasiment à part égale le déficit prévisionnel de 179,3 millions d'euros.
Dans des éléments transmis à Reuters, la mairie de Paris dit avoir jugé ce partage "assez équitable".
"Mais avant même que les collectivités aient le temps d’en débattre entre elles, le groupe Bolloré – qui avait pourtant accepté de se prêter à cette conciliation – a annoncé par courrier au syndicat qu’il rejetait les conclusions des conciliateurs", rapporte-t-elle.
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