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Le droit à l’avortement grand gagnant des élections de mi-mandat

Mercredi 9 Novembre 2022

Joe Biden avait fait du droit à l’avortement un thème central de son discours avec l’espoir de mobiliser sa base électorale lors des «midterms». Un pari réussi.


 
Les défenseurs du droit à l’avortement se réjouissaient mercredi d’avoir enregistré des victoires «historiques» lors des élections de mi-mandat aux États-Unis, y compris dans le très conservateur État du Kentucky.
 
Après la volte-face de la Cour suprême qui, en juin, a rendu à chaque État la liberté d’interdire les avortements sur leur sol, le droit aux interruptions volontaires de grossesse (IVG) s’était imposé avec fracas dans la campagne. Posant en champion du droit des femmes, le président démocrate Joe Biden en avait fait un thème central de son discours avec l’espoir de mobiliser sa base électorale dans ce scrutin traditionnellement défavorable au parti au pouvoir.
 
L’organisation Planned Parenthood, qui gère de nombreuses cliniques pratiquant des IVG dans le pays, est convaincue que cette stratégie a «changé la donne» en tirant vers le haut la participation «des démocrates, des femmes et des jeunes».
 
«L’avortement a gagné»
 
Bien que les résultats au Congrès soient encore en suspens, «il est très clair que le droit à l’avortement a redéfini cette élection» puisque la déroute annoncée des démocrates n’a pas eu lieu, a commenté sa présidente Alexis McGill Johnson lors d’un point-presse.
 
Interrogés par l’institut de recherche Edison à la sortie des urnes, 27% des électeurs ont cité la défense de ce droit comme ressort de leurs votes juste derrière l’inflation à 31%. Mais surtout, «l’avortement a gagné dans tous les États où il y avait un référendum», a applaudi l’organisation Women’s March sur Twitter.
 
Les électeurs de Californie, du Vermont et du Michigan, où les IVG sont légales, ont ainsi accepté d’inscrire le droit à l’avortement dans leur Constitution pour le protéger si des élus locaux tentaient de s’y attaquer dans le futur.
 
«Fous de joie»
 
Ces résultats étaient attendus dans ces trois États à majorité démocrate. Mais les électeurs du Kentucky, un État conservateur et religieux dans le centre des États-Unis, ont également rejeté une proposition hostile à l’IVG, et, selon des résultats préliminaires, ceux du très rural Montana ont fait de même.
 
«Nous sommes fous de joie», «c’est une victoire historique», a commenté Elisabeth Smith du Center for Reproductive Rights. «Les défenseurs du droit à l’avortement, quelle que soit leur affiliation politique, et originaires d’États très différents, se sont rendus aux urnes pour protéger ou étendre ce droit», a-t-elle ajouté dans un échange avec l’AFP.
 
En août, près de 60% des électeurs du Kansas, un fief républicain, avaient déjà rejeté un amendement anti-IVG grâce à une forte participation. Tous ces scrutins confirment, selon Alexis McGill Johnson, que «la défense de l’avortement est une stratégie gagnante».
 
«Continuer à se battre»
 
Tout en saluant à son tour une «victoire historique», Anthony Romero directeur de la puissante organisation des droits civiques ACLU a souligné que le «travail était loin d’être terminé». «Chaque personne mérite de pouvoir prendre ses décisions personnelles concernant sa grossesse et nous n’arrêterons pas de nous battre tant que cette vision ne sera pas concrétisée dans tout le pays», a-t-il noté dans un communiqué.
 
Depuis l’arrêt de la Cour suprême, une vingtaine d’États ont totalement interdit ou profondément limité le droit à l’avortement sur leur sol. Et le résultat des élections n’y change rien… pour l’instant. Dans le Kentucky, toutefois, la Cour suprême de l’État doit examiner la semaine prochaine la loi qui, depuis juin, interdit aux femmes d’avorter même en cas d’inceste ou de viol.
 
L’audience «semble avoir été programmée de manière délibérée après l’élection» et le référendum proposant de graver dans le marbre que rien dans la Constitution locale ne protège le droit à l’avortement, remarque Elisabeth Smith. Pour elle, «le rejet ferme par les électeurs de cette ‘‘proposition deux’’ devrait peser sur l’analyse de la Cour». (TDG)
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