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France - Tension autour de l’avancée d’un convoi d’agriculteurs vers Rungis

Mardi 30 Janvier 2024

Un convoi d’agriculteurs poursuit sa route mardi vers Rungis malgré l’intervention des forces de l’ordre et les réticences du syndicat agricole majoritaire, qui maintient la pression avec des blocages stratégiques avant un discours très attendu du premier ministre.

 

Partis d’Agen sous la coupe de la Coordination rurale, environ 200 tracteurs se dirigent vers le marché de Rungis, poumon alimentaire de l’Île-de-France.

 

Les autorités ont tenté de bloquer leur avancée dans la matinée avec une cinquantaine de véhicules de gendarmerie sur l’autoroute A20 en Haute-Vienne.  

 

« Mais comme on est sur des tracteurs, on a défoncé les barrières de sécurité pour rejoindre l’ancienne nationale qui longe l’A20 », a décrit à l’AFP Thomas Hégarty, un responsable local de la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole en France.  

Le convoi est depuis retourné sur l’autoroute.

 

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a échangé avec la présidente de la Coordination rurale, Véronique Le Floc’h, selon une source dans l’entourage du ministre. « Ils sont convenus de les laisser se regrouper à Vierzon (Cher), en les accompagnant jusque-là. Ils se rappelleront ensuite ».

 

Parmi les forces de l’ordre, des doutes subsistent sur la capacité du convoi à atteindre Rungis. « Ce serait un gros rapport de forces de passer » les barrages mis en place avec les blindés, a dit à l’AFP un membre des forces de l’ordre sous couvert de l’anonymat. « Cela irait à l’encontre de l’image qu’ils veulent donner », a ajouté cette source.

 

Le syndicat majoritaire du secteur, la FNSEA, a répété son malaise face à cette opération, son président Arnaud Rousseau fustigeant sur Europe 1 les « compétiteurs syndicaux qui veulent aller à Rungis pour faire le coup de force ».

 

Réunions à Bruxelles

 

Le gouvernement a promis pour mardi l’annonce de « nouvelles mesures », sans préciser si cela interviendrait au cours de la déclaration de politique générale du premier ministre Gabriel Attal, à 15 h.

 

Ce dernier a déjà mis sur la table plusieurs mesures vendredi, dont des indemnités gonflées pour les élevages bovins touchés par la maladie hémorragique épizootique et l’abandon de la hausse de la taxe sur le gazole non routier (GNR), sans parvenir à apaiser la colère.

 

Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau se rendra mercredi à Bruxelles « pour une série d’entretiens visant à accélérer le traitement des urgences européennes ».  

 

Le lendemain, le président Emmanuel Macron s’entretiendra avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen des mesures à prendre en faveur des agriculteurs. Ils aborderont notamment l’accord commercial entre l’UE et le bloc latino-américain Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay), les obligations de jachères et l’arrivée de produits ukrainiens dans l’Union.

 

Plus d’une semaine après le premier blocage d’axes routiers en Occitanie, qui a lancé le mouvement le 26 janvier, des agriculteurs ont passé la nuit dans leur tracteur sur l’A1, l’A4, l’A6, l’A13…  

 

« L’objectif de tenir jusqu’à vendredi est manifeste », selon une source policière.

 

« Nous sommes déterminés à bloquer le péage 24 heures, peut-être trois jours », a confié à l’AFP Thierry Bonnamour, maraîcher en Savoie, sur un barrage à une trentaine de kilomètres de l’est lyonnais.

 

« Nous demandons une meilleure considération évidemment, mais surtout une réduction des accords de libre-échange », affirme-t-il, alors que la France a perdu les trois quarts de ses exploitants en 50 ans et recourt de plus en plus aux importations : un poulet sur deux consommé dans le pays vient d’ailleurs, comme 60 % des fruits.

 

Contrôles informels de cargaisons de camions aux alentours des supermarchés à Marmande (Lot-et-Garonne), cortège de tracteurs en Corse, dégustation de fromages en Indre-et-Loire, déversement de pneus devant des bâtiments administratifs en Mayenne : les actions organisées mardi sont diverses.

 

Des agriculteurs se mobilisent aussi en outre-mer : sur l’île de la Réunion, une centaine se sont rassemblés dans la matinée devant la préfecture à Saint-Denis, après une opération escargot avec quelques tracteurs. Une délégation, réclamant notamment une meilleure prise en compte des spécificités de l’agriculture locale, a été reçue par le préfet.

 

Dans la vallée du Rhône, l’autoroute du Soleil empruntée par les vacanciers l’été, l’A7, est entièrement bloquée sur environ 130 kilomètres entre Chanas (Isère) et Bollène (Vaucluse).

La Confédération paysanne, le 3e syndicat agricole, classé à gauche, maintient également la pression. 

 

À Cavaillon, dans le Vaucluse, il bloque ainsi depuis lundi matin la base logistique d’Aldi pour la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et a installé dans la nuit des tracteurs aux entrées de la plateforme du groupe Leclerc, située à proximité.  

 

Les manifestants sont prêts à tenir les blocus « jusqu’à ce qu’on nous garantisse des prix justes et obligatoires pour la grande distribution et l’industrie », a déclaré à l’AFP Laurent Thérond de la Confédération paysanne du Vaucluse.

 

Les organisations écologistes s’inquiètent que cette crise débouche sur un retour en arrière en matière de protection de l’environnement, les syndicats majoritaires tentant de pousser leur avantage en demandant par exemple moins de restrictions d’usage des pesticides. [AFP]

 

 

 

 

 

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