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Sénégal - Le maquillage présumé de la dette et du déficit publics par l’ancien régime enterre le programme en cours avec le FMI

Lundi 28 Octobre 2024

Le gouvernement sénégalais va devoir renoncer à 338 milliards de francs CFA du FMI suite à la décision convenue entre les deux parties de suspendre le programme économique et financier en vigueur depuis 2023. Une mesure imputable aux résultats de l’audit de l’Inspection générale des finances qui a révélé une falsification présumée des niveaux de la dette et du déficit de l’Etat sous l’ancien régime.

Moustapha Ba, ancien ministre des Finances et du Budget (g.) et son successeur Cheikh Diba. Un héritage lourd pour le nouveau régime.
Moustapha Ba, ancien ministre des Finances et du Budget (g.) et son successeur Cheikh Diba. Un héritage lourd pour le nouveau régime.

Le Programme économique et financier en cours entre le Sénégal et le Fonds monétaire international (FMI) a besoin d’être retravaillé et redéfini pour tenir compte des conséquences de la « falsification » de certains indicateurs macroéconomiques révélée par le gouvernement sénégalais, a déclaré Cheikh Diba, ministre des Finances et du Budget, selon des propos rapportés par l’agence de presse Bloomberg sur son site internet. Désormais, Dakar souhaite parvenir à un nouvel accord au plus tard en mars 2025.

 

Présent à Washington où se tiennent les réunions annuelles du FMI, Cheikh Diba a jugé nécessaire et incontournable une révision du programme entre Dakar et l’institution financière au regard de l’état réel de la dette publique et du déficit budgétaire constaté après l’audit de l’héritage légué par le régime en place jusqu’au 2 avril 2024 réalisé par l’Inspection générale des finances (IGF).   

 

Le 26 septembre 2024, le premier ministre Ousmane Sonko et le ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération Abdourahmane Sarr avaient annoncé que la dette publique serait de 76,3% du PIB et non 65,9%, tandis que le déficit budgétaire est prévu à 10,4 % et non à 5,5 %. 

 

Après une mission achevée le 16 octobre dernier à Dakar, le FMI avait conclu que « Le déficit budgétaire et la dette publique pour la période 2019-2023 sont désormais estimés significativement plus élevés que les chiffres précédemment rapportés dans les lois de finances et de règlement ».  

 

En attendant, le Sénégal et le FMI ont décidé de suspendre le programme de 1,8 milliard de dollars en cours depuis 2023, signale le site Seneplus. Ainsi, un versement de 338 milliards de francs CFA initialement prévu pour l’année 2024 ne sera exécuté qu’en 2025.

 

« Nous étions conscients des conséquences (de la révélation des écarts constatés sur la dette et le déficit), mais quand nous avons réalisé qu'il y avait ces écarts fondamentaux entre les chiffres communiqués au Fonds, qui formaient la base de notre relation, nous avons compris que nous devions les signaler », a affirmé Cheikh Diba. 

 

Ce qui serait une bonne nouvelle dans cet épisode inattendu des relations entre les deux parties, c’est que, souligne Cheikh Diba, les financements déjà déboursés par le FMI ne seront pas remboursés. 

 

« Cela aurait été le cas si nous avions essayé de cacher les faits et que nous avions été pris. Dans ce cas, le Sénégal a fait l'audit et est revenu vers le FMI avec les chiffres corrects », rapporte Bloomberg. 

 

« Orphelines » du Fonds monétaire international, les autorités sénégalaises vont devoir trouver des sources de financement alternatives pour soutenir leur politique économique et financière. Si des efforts particuliers vont être soutenus en ce qui concerne le recouvrement fiscal au plan local, de nouvelles pistes pourraient être explorées sur les marchés financiers internationaux alternatifs. Mais ceux-ci risquent d’être sous influence de la notation Moody’s en baisse infligée au Sénégal suite aux révélations du premier ministre et du ministre de l’Economie sur la dette et le déficit réels. 

 

Une partie du salut du gouvernement sénégalais réside dans les revenus attendus de la commercialisation du pétrole de Sangomar qui a débuté en juin 2024, d’une part, et d’âtres part de ceux espérés de l’exploitation du gaz naturel liquéfié du champ Grand Tortue Ahmeyim (GTA) situé aux frontières maritimes entre le Sénégal et la Mauritanie d’ici à la fin de l’année en cours.

 

Cheikh Diba a insisté sur la renégociation en cours des contrats sur le gaz, le pétrole et les autres ressources minérales signés par l’ancien régime dans le sens d’un meilleur équilibrage des recettes en faveur du Sénégal. 

 

« Nous ne pouvons pas changer les règles du jeu pendant le jeu, mais l'État a le droit de vérifier si les contrats respectaient les codes miniers et pétroliers en vigueur à l'époque », a souligné le ministre des Finances et du Budget. 

 
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