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Réforme des retraites : Charles Amédée du Buisson de Courson, le député de "la noblesse" qui veut faire tomber le gouvernement

Dimanche 19 Mars 2023


La position de ce "moine -soldat" de l'Assemblée est paradoxale : il a fait la campagne présidentielle de Valérie Pécresse, dont le programme promettait un report de l'âge légal à 65 ans.

"Libéral", mais "vieux républicain", "très technique", opposant farouche de la macronie et tenant de la rectitude budgétaire... Le député centriste Charles de Courson -sept mandats au compteur- s'est mué à 70 ans en opposant farouche à la réforme des retraites.
Lundi, l'Assemblée examinera sa motion de censure "transpartisane" contre le gouvernement Borne

Ce vieux routier du Palais Bourbon n'a pas de mots assez durs pour critiquer la réforme. "Votre projet n'a pas de légitimité démocratique", "la confiance, vous ne l'avez pas", avait-il d'emblée lancé au gouvernement le 6 février. Et c'est autour de cet aristocrate du centre droit et son groupe indépendant Liot qu'une "motion de censure transpartisane" a été déposée, susceptible de coaliser des voix de la gauche, du RN et de quelques LR pour tenter de faire tomber le gouvernement et son texte controversé.

Un paradoxe pour ce député libéral qui a fait la campagne présidentielle de Valérie Pécresse, dont le programme promettait un report de l'âge légal à 65 ans, contre 64 ans dans la réforme du gouvernement d'Élisabeth Borne. "C'est un mec que j'apprécie, mais son positionnement actuel n'est pas consistant, ce n'est pas bien", critique le macroniste Jean-René Cazeneuve.

La gauche, elle, applaudit Charles Amédée du Buisson de Courson, son nom complet : "Quand la noblesse rejoint le tiers État", s'amuse le patron du Parti socialiste Olivier Faure sur Twitter. Pro-européen, catholique convaincu, assumant des positions sociétales conservatrices, Charles de Courson est élu dans la Marne où le Rassemblement national, hostile à la réforme des retraites, fait de gros scores.
 
À l'Assemblée, il est souvent présenté comme un "moine-soldat" en raison de sa combativité et de sa rectitude en commission des Finances. "Il est très technique, c'est notre grimoire. Il a un peu ce côté Père Castor", sourit l'Insoumise Alma Dufour, qui aime sa "sagesse" malgré leurs désaccords sur pratiquement tout, hors retraites.

Diplômé de l'école de commerce ESSEC, énarque et ancien de la Cour des comptes, il ne compte pas ses heures pour dénicher les contradictions gouvernementales ou pester contre l'accumulation des dépenses publiques.

Sans lassitude, malgré ses trente budgets au compteur : "Comme je suis un vieux célibataire, je me fais pas engueuler en rentrant", plaisante cet élu à lunettes à l'allure sévère, raie sur le côté, gilet et complet cravate. Des horaires à rallonge donc, quitte à exiger beaucoup de travail de ses collaborateurs, trop parfois selon plusieurs habitués de la maison.

Depuis 2017, Charles de Courson n'a jamais été en phase avec le macronisme et ses promesses de "nouveau monde". "Je suis un libéral mais aussi un vieux républicain", explique parfois le député. "Je connais le monde de l'argent, j'en suis issu, j'en connais les limites".

Et ce n'est pas la première fois que le parlementaire monte au front aux côtés de la gauche de l'hémicycle. En janvier 2019, il s'était dressé contre la loi "anticasseurs", se posant en gardien des libertés publiques contre des interdictions administratives de manifester. "Où en sommes-nous mes chers collègues, c'est la dérive complète! On se croit revenu sous le régime de Vichy", avait lancé ce fils de résistant sous les vives protestations de la majorité.

Et de rappeler, les larmes aux yeux, son héritage familial: "Mon père a été proscrit, poursuivi par la police de Vichy, qualifié de terroriste alors qu'il était un patriote. Quand vous commencez à toucher aux libertés publiques, il faut faire bien attention".

L'engagement est une histoire de famille. Son père Aymard de Courson fut maire et conseiller général de la Marne; et son grand-père maternel, Léonel de Moustier, député du Doubs. Il avait refusé de donner les pleins pouvoirs à Pétain en 1940. Entré dans la résistance, il est mort en camp de concentration. 
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