Connectez-vous

Président cherche rebond désespérément

Jeudi 13 Avril 2023

Emmanuel Macron espère s'appuyer sur la décision du Conseil constitutionnel sur sa réforme des retraites, attendue vendredi, pour tourner enfin la page de la crise qui secoue le pays, mais sa capacité de rebond reste une équation à multiples inconnues.
 
L'enjeu est de taille pour le chef de l'Etat tant son second mandat, déjà mal engagé avec l'absence de majorité absolue à l'Assemblée nationale, est plombé par ce conflit social. A l'image d'un quartier de l'Elysée barricadé jeudi par les forces de l'ordre au 12e round de la mobilisation syndicale.
 
"C'est une page qu'on se doit impérativement de tourner si on veut avancer", reconnaît une source gouvernementale.
 
Dans le camp présidentiel, on fait mine d'écarter le scénario catastrophe qui verrait les Sages censurer la retraite à 64 ans, la mesure la plus emblématique et la plus contestée du projet phare d'Emmanuel Macron.
 
On laisse au contraire filtrer une certaine confiance: ministres et élus disent s'attendre à la validation du coeur de la réforme, même si des dispositions plus marginales sont retoquées.
Quoi qu'il en soit, l'exécutif souhaite renouer rapidement le dialogue social.
 
Très offensif la semaine dernière, le président Macron invoque maintenant "l'esprit de concorde" en confirmant vouloir recevoir les syndicats.
 
S'esquisse donc une prochaine étape autour du triptyque suivant: le président doit promulguer la loi si elle est validée, recevoir les syndicats et s'adresser aux Français.
 
Dans quel ordre? Mystère. Mais ces trois moments-clés pourraient s'enchaîner en début de semaine prochaine, selon plusieurs sources au sein de l'exécutif.
 
Ça, c'est pour la théorie.
 
En pratique, beaucoup de questions restent en suspens.
La réaction de la rue d'abord. Les autorités sont sur les dents, et les forces de l'ordre sont d'ores et déjà déployées en nombre autour du Conseil constitutionnel.
 
"Nous condamnons toute forme de violence", a prévenu le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, tout en affirmant que la décision des Sages doit être "respectée par tous".
 
- "Epée de Damoclès" -
 
Car une autre inconnue est la réponse syndicale à la main tendue présidentielle.
La Macronie compte sur Laurent Berger et son "respect des institutions", dixit un ministre, pour venir à la table des discussions et "désamorcer les tentations de semer le désordre ou de faire passer la décision du Conseil comme illégitime". Mais le leader de la CFDT n'entend pas suivre le tempo d'Emmanuel Macron: il lui réclame un "délai de décence".
 
Un autre élément peut perturber les plans élyséens, si le Conseil constitutionnel donne son feu vert au référendum d'initiative partagée lancé par la gauche contre le report de l'âge de la retraite. Pendant plusieurs mois, les opposants à la réforme pourraient alors poursuivre leur combat pour recueillir les signatures nécessaires, une "épée de Damoclès" que redoute une source gouvernementale et qui empêcherait de tourner la page.
 
Or l'exécutif veut embarquer les partenaires sociaux pour mettre en orbite sa loi censée améliorer les conditions de travail et les rémunérations.
 
Un membre du gouvernement espère qu'Emmanuel Macron explicitera "de manière sonnante et trébuchante" ce que "cela va changer à la fin du mois des Français".
 
Autour de ce thème mais aussi de l'éducation, de la santé et de l'écologie, le sommet de l'Etat est en quête d'annonces pour améliorer "concrètement" le "quotidien". Mais il lui reste encore à résoudre une dernière partie de l'équation. Et non des moindres: avec quelle majorité?
 
Le chef de l'Etat a déjeuné jeudi avec Elisabeth Borne, à laquelle il avait demandé en mars de tenter d'élargir la majorité et d'établir une feuille de route.
 
Force est de constater que les députés ne se sont pas bousculés au portillon. L'exécutif est donc condamné à rechercher laborieusement des soutiens au gré des textes, au risque de devoir remiser ses projets les plus ambitieux.
 
Pour autant, les jours de la Première ministre à Matignon ne sont pas forcément comptés.
"Je ne vois pas le gain pour le président de la changer", dit un proche d'Emmanuel Macron, quand d'autres estiment que la remplacer par quelqu'un venu de la droite entraînerait des départs à l'aile gauche du camp présidentiel sans apporter beaucoup de voix du parti Les Républicains.
 
Plusieurs misent donc sur un maintien d'Elisabeth Borne, au moins le temps de "laisser la poussière retomber", selon l'expression d'un allié du président. Les mêmes espèrent qu'il n'attendra pas pour changer d'autres têtes, au gouvernement et à l'Elysée, afin de remettre de l'ordre après une gestion souvent jugée erratique, même en interne.
 
Nombre de lectures : 99 fois











Inscription à la newsletter