Pour l’ancien président du Nigeria, Buhari fait du bon travail depuis son arrivée au pouvoir, en particulier contre la corruption. Mais il ne dispose pas des compétences économiques dont a besoin le Nigeria pour sortir de la crise actuelle.
Par Momar DIENG (Marrakech)
Invité annuel de « Atlantic Dialogues », l’ancien président de la république fédérale du Nigeria, Olusegun Obasanjo, s’est livré à un diagnostic assez sévère da la situation actuelle du géant continental. En conversation avec la journaliste Zeinab Badawi de la BBC, celui qui se définit comme « agriculteur » s’est ému de l’entrée en récession de son pays il y a quelques mois et du choc que cela a représenté, tant pour ses gouvernants actuels que pour l’écosystème économique. Mais d’une certaine manière, Obasanjo en a tiré une nouvelle perspective en termes de remise en cause de certaines orientations. « Aujourd’hui, nous devons prendre possession de notre processus de développement ».
Dans le « Grand Salon » du gigantesque hôtel Mamounia de Marrakech, il a déploré les occasions manquées par les régimes successifs de tirer profit de la manne financière permise par les exportations d’hydrocarbures. « Nous avons stupidement mal géré l’argent du pétrole et du gaz », s’est indigné l’ex-président au pouvoir de 1999 à 2007. « Il est temps de diversifier nos matières premières pour amoindrir notre dépendance à l’égard des hydrocarbures. »
Concrètement, les réserves monétaires du Nigeria sont passées de 65 milliards de dollars à moins de 24 milliards de dollars, a révélé Obasanjo. C’est pourquoi, « quand les cours du pétrole sur le marché mondial ont chuté, nous n’avions pas de bouée de sauvetage à notre disposition », a-t-il indiqué. La faute à cette descente aux enfers n’est pas imputable au président en exercice, Muhammadu Buhari, arrivé aux affaires au mois de mai 2015. « Par rapport à son prédécesseur, le président Buhari a fait du bon travail depuis sa prise de fonctions, notamment dans le combat contre la corruption », a concédé Obasanjo. « Mais on doit admettre qu’il n’a jamais été fort en Economie, surtout pour ceux qui connaissent ses points forts et ses points faibles », a-t-il ajouté.
« Prendre en charge notre développement »
Olusegun Obasanjo accuse explicitement un « bras du gouvernement » d’agir comme un « robot armé » dans le système de gouvernance: l’assemblée nationale. Selon lui, c’est cette institution qui « couvre la corruption ». Dans ce contexte, « comment les citoyens peuvent-ils faire confiance aux politiques », s’est demandé Obasanjo. « Il est constaté que de hauts responsables actuels du pouvoir qui n’avaient pas une seule voiture avant l’arrivée de Buhari en ont aujourd’hui trois ou quatre ou plus. » Une situation que l’ancien chef d’Etat met en parallèle avec la situation précaire des jeunes nigérians dont 50% sont aujourd’hui sans emploi. Et encore, cette « statistique ne couvre même pas l’économie informelle. »
Il semble qu’une partie de la solution du problème nigérian doive provenir de l’éducation. A ce propos, Obasanjo se réjouit de l’importance grandissante et salutaire du secteur privé dans la prise en charge du système d’enseignement. « Aujourd’hui, 25% de l’éducation primaire, 45% de l’éducation secondaire et 40% de l’enseignement supérieur au Nigeria sont assurés par des écoles privées », a-t-il révélé. « Si le secteur privé ne s’était pas investi, c’est tout le système d’enseignement qui se serait effondré. »
« The Atlantic Dialogues » s’est tenu du 14 au 16 décembre à Marrakech en présence de 300 invités venus d’une cinquantaine de pays autour du thème : « Changer les mentalités : Stratégies pour un espace atlantique en transition. » Il est co-organisé par le German Marshall Fund des Etats-Unis et l’OCP Policy Center du Maroc.
Par Momar DIENG (Marrakech)
Invité annuel de « Atlantic Dialogues », l’ancien président de la république fédérale du Nigeria, Olusegun Obasanjo, s’est livré à un diagnostic assez sévère da la situation actuelle du géant continental. En conversation avec la journaliste Zeinab Badawi de la BBC, celui qui se définit comme « agriculteur » s’est ému de l’entrée en récession de son pays il y a quelques mois et du choc que cela a représenté, tant pour ses gouvernants actuels que pour l’écosystème économique. Mais d’une certaine manière, Obasanjo en a tiré une nouvelle perspective en termes de remise en cause de certaines orientations. « Aujourd’hui, nous devons prendre possession de notre processus de développement ».
Dans le « Grand Salon » du gigantesque hôtel Mamounia de Marrakech, il a déploré les occasions manquées par les régimes successifs de tirer profit de la manne financière permise par les exportations d’hydrocarbures. « Nous avons stupidement mal géré l’argent du pétrole et du gaz », s’est indigné l’ex-président au pouvoir de 1999 à 2007. « Il est temps de diversifier nos matières premières pour amoindrir notre dépendance à l’égard des hydrocarbures. »
Concrètement, les réserves monétaires du Nigeria sont passées de 65 milliards de dollars à moins de 24 milliards de dollars, a révélé Obasanjo. C’est pourquoi, « quand les cours du pétrole sur le marché mondial ont chuté, nous n’avions pas de bouée de sauvetage à notre disposition », a-t-il indiqué. La faute à cette descente aux enfers n’est pas imputable au président en exercice, Muhammadu Buhari, arrivé aux affaires au mois de mai 2015. « Par rapport à son prédécesseur, le président Buhari a fait du bon travail depuis sa prise de fonctions, notamment dans le combat contre la corruption », a concédé Obasanjo. « Mais on doit admettre qu’il n’a jamais été fort en Economie, surtout pour ceux qui connaissent ses points forts et ses points faibles », a-t-il ajouté.
« Prendre en charge notre développement »
Olusegun Obasanjo accuse explicitement un « bras du gouvernement » d’agir comme un « robot armé » dans le système de gouvernance: l’assemblée nationale. Selon lui, c’est cette institution qui « couvre la corruption ». Dans ce contexte, « comment les citoyens peuvent-ils faire confiance aux politiques », s’est demandé Obasanjo. « Il est constaté que de hauts responsables actuels du pouvoir qui n’avaient pas une seule voiture avant l’arrivée de Buhari en ont aujourd’hui trois ou quatre ou plus. » Une situation que l’ancien chef d’Etat met en parallèle avec la situation précaire des jeunes nigérians dont 50% sont aujourd’hui sans emploi. Et encore, cette « statistique ne couvre même pas l’économie informelle. »
Il semble qu’une partie de la solution du problème nigérian doive provenir de l’éducation. A ce propos, Obasanjo se réjouit de l’importance grandissante et salutaire du secteur privé dans la prise en charge du système d’enseignement. « Aujourd’hui, 25% de l’éducation primaire, 45% de l’éducation secondaire et 40% de l’enseignement supérieur au Nigeria sont assurés par des écoles privées », a-t-il révélé. « Si le secteur privé ne s’était pas investi, c’est tout le système d’enseignement qui se serait effondré. »
« The Atlantic Dialogues » s’est tenu du 14 au 16 décembre à Marrakech en présence de 300 invités venus d’une cinquantaine de pays autour du thème : « Changer les mentalités : Stratégies pour un espace atlantique en transition. » Il est co-organisé par le German Marshall Fund des Etats-Unis et l’OCP Policy Center du Maroc.