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Magistrat Alioune Ndao : L’UMS actuelle ne se bat plus pour l’indépendance de la justice

Lundi 24 Octobre 2022

Dans un entretien avec le site Jotaay.net, Alioune Ndaw, ex procureur de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) fustige le renoncement de l’Union des magistrats sénégalais (UMS) à s’affranchir de la tutelle du pouvoir exécutif.


 
C’est avec nos confrères du site jotaay.net que l’ex procureur de la Cour de répression de l’enrichissement illicite a dénoncé, encore une fois, la soumission du pouvoir judiciaire à l’exécutif. Pour Alioune Ndao, cette situation est intolérable car « on a besoin d’une justice indépendante dans ce pays, c’est ce qui manque le plus. »
 
« L’ancien bureau (ndlr : de l’Union des magistrats sénégalais, UMS) faisait de cette indépendance de la justice un point de bataille important, mais ce qu’on remarque actuellement, c’est que le nouveau bureau a carrément abandonné cette question-là. On a l’impression que les magistrats se soumettent au pouvoir exécutif. Ils ne se battent plus pour l’indépendance de la justice et c’est vraiment regrettable. »
 
Depuis août 2021, l’UMS est présidée par une nouvelle équipe conduite par le magistrat Ousmane Chimère Diouf qui a succédé au juge Souleymane Téliko qui a épuisé deux mandats marqués par plusieurs de fer avec l’Exécutif.
 
« C’est vraiment regrettable de le dire, mais cette justice, en ce moment, est sous ordre. Cela ne veut pas dire que tous les magistrats sont sous ordre. Il y a des magistrats indépendants, intègres. Mais, malheureusement, le système mis en place est tel qu’aucun magistrat ne pourra faire valoir son indépendance. C’est pourquoi je suis contre l’actuel bureau quand il dit que l’indépendance est une question de personne. »
 
Selon Alioune Ndao, « l’indépendance est d’abord une question de système. On a beau vouloir être indépendant, mais quand le système ne permet pas d’être indépendant, vous ne le serez jamais. »
 
« Si quelqu’un fait acte d’indépendance, au premier Conseil supérieur de la magistrature, il est relevé de ses fonctions. Le cas Ngor Diop est bien là pour le prouver. Même si, par la suite, la Cour suprême a essayé de réparer, mais c’est tardivement que cette réparation a eu lieu…»
 
Le magistrat Ngor Diop avait été affecté à la cour d’appel de Thiès suite à une procédure de « consultation à domicile » alors qu’il était président du tribunal d’instance de Podor. Mais la cour suprême qu’il avait saisie avait annulé cette mesure « illégale » prise en « violation du principe d’inamovibilité du magistrat. » (source : www.jotaay.net )
 
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1.Posté par Me François JURAIN le 25/10/2022 09:05
Monsieur le Procureur Alioune NDAO a parfaitement raison. Et cela est d'autant plus regrettable, que l'immense majorité des magistrats de ce pays sont des gens parfaitement intègres, bien formés, et rendent une justice équilibrée et fort bien motivée. Mais l'indépendance de la justice va de pair avec la corruption, et force est de reconnaitre que, dans ce domaine (la corruption) si le Sénégal n'est pas champion du monde, il est, à coup sûr, sur le podium. Macky SALL a fort bien compris que, dans une bouteille, ce qui compte, et l'élément le plus important, ce n'est pas le contenant, ce n'est pas le contenu, mais c'est le bouchon! L'ensemble des magistrats a beau constituer un corps d'excellence, si vous avez un Procureur général à la botte du pouvoir, tous ces valeureux magistrats dont l'excellence n'est plus à démontrer, ne pourront rien contre un tel système étatique! Et cela est d'autant plus regrettable, que la perversion et la compromission de quelques uns d'entre eux, une poignée seulement, jette l'anathème sur l'ensemble d'une corporation dont l'excellence de ses membres est chaque jour démontrée. Il est regrettable que le courage du juge TELIKO n'ait pas servi d'exemple, et que, pour des raisons obscures, cette ligne qu'est la défense de l'indépendance de la justice, ne soit pas, ne soit plus l'obsession permanente et quotidienne de l'UMS et de son président. Car dans ce petit jeu de complicité, tout le monde est perdant. Les magistrats, qui laissent planer, avec leur connivence avec le pouvoir en place, un doute sérieux quant à leur intégrité, et le pouvoir, qui se voit accuser, à juste raison, d'avoir fabriqué une justice aux ordres. Le résultat, c'est que les populations perdent confiance, à juste titre, en leur justice, et que, dans un pays comme le Sénégal qui a une institution judiciaire remarquable, de par ses composants, est pointé du doigt par le seul fait et cause de quelques personnes, qui ont cédé à la tentation du Franc CFA; nous sommes là, toujours et encore, dans un problème de corruption étatique, qui est le véritable cancer qui ronge le continent tout entier en général, et le Sénégal en particulier. Tant que le pays, mais aussi le continent, n'aura pas réglé ce problème, par des mesures extrêmement fortes et sévères, l'Afrique, sur le plan international, ne sera pas prise au sérieux, et les plaidoyers justifiés, du Président Macky SALL, pour une réorganisation de l'ordre mondial, ne trouveront aucun écho, dès lors qu'il est impossible de faire confiance à des chefs d'Etat aussi corrompus: qui eut faire confiance et prendre au sérieux des chefs d'Etat et membres de leur gouvernement, qui se comportent ainsi? Personne, et ça, le reste du monde l'a parfaitement compris. C'est pourquoi, tant que les Présidents de tous les pays d'Afrique - car malheureusement, aucun ne fait exception à la règle - n'auront pas fait preuve d'une certaine maturité, c'est à dire lutter d'une manière énergique contre la corruption, et surtout s'appliquer à eux-mêmes ces décisions fortes, tant qu'ils ne respecteront pas leur propre constitution, tant qu'ils ne trafiqueront pas les élections dans leur pays, pour faire barrage à toute alternance, qu'ils n'attendent pas du reste du monde qu'ils soient pris au sérieux: le résultat, on le voit bien au SENEGAL (mais pas que): taux de pauvreté, taux de chômage, taux d’illettrisme. Dans un pays où tout le monde pourrait vivre dignement, pendant que les uns et les unes remplissent leurs coffres forts de diamants, d'autres ne font qu'un repas tous les trois jours, et ne savent ni lire ni écrire. Sans même parler des coups d'Etats permanents, pour les autres. Oui, le mal de l'Afrique, est avant tout le résultat de Présidents voyous, et tant que ces gens là ne seront pas écartés définitivement de tous pouvoirs, et que leurs remplaçants ne prendront pas la place pour faire la même chose en pire, et bien il n'y a rien à espérer pour le continent tout entier.
Me François JURAIN

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