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Macky Sall, échec et impasse

Vendredi 2 Juin 2023

 
Innocenté par le tribunal criminel qui le jugeait (en son absence) des accusations de viols et menaces de mort proférées par une mythomane grassement entretenue par des forces occultes, Ousmane Sonko est sorti grandi de ce qui aura été jusqu’ici l’épreuve majeure de sa jeune carrière politique. Le verdict des juges en sa faveur – mis à part le subterfuge politicien utilisé en dernière instance pour sauver la face à certains – lave publiquement son honneur et celui de sa famille au terme d’une campagne de dénigrement sertie autour d’une violence inouïe qui attendra longtemps avant de trouver un équivalent dans l’histoire des adversités politiques sénégalaises.
 
La désormais sanglante journée du 1er juin 2023 (et peut-être celles suivantes) a fait son entrée fracassante au panthéon des grandes dates de la violence politique au Sénégal. Le président Macky Sall s’en souviendra longtemps encore après avoir promis, au lendemain des événements meurtriers de mars 2021, que « cela ne se reproduira plus jamais. » L’histoire a bégayé ! Et c’est pour lui rappeler que la gouvernance d’un pays ne se fait jamais durablement contre ses populations, contre leurs aspirations, contre les principes fondamentaux de justice, d’équité, de bons sens. L’arrogance, la volonté de puissance, le mépris, l’intolérance, l’illusion de l’invincibilité, voilà des mauvaises conseillères qui ont de tout temps et en tout lieu corrompu les capacités de jugements des ‘’princes’’. 
 
« Force restera à la loi », ânonnent à longueur de journée des bataillons de politiciens sans vergogne et dont l’utilité publique n’est pas toujours à la hauteur des prébendes qui les font vivre au crochet généreux du bien public. Ils parlent de « la loi » transformée en un grotesque instrument judiciaire de liquidation d’adversaires politiques. Ils parlent de « la loi » qui discrimine les citoyens selon qu’ils appartiennent à une chapelle X ou Y. Ils parlent de « la loi » qui ferme les yeux sur les appels publics à la violence et au meurtre suivant qu’ils sont proférés par certains et pas par d’autres.
 
Ce sont toutes ces entraves à un fonctionnement normal de la justice dans notre pays qui indignent et exaspèrent les Sénégalais dans leur chair, la persécution d’Etat contre Ousmane Sonko n’en étant que le reflet grandeur nature. C’est cela l’échec majeur du Macky Sall président de la République après la version Bêta qui nous avait vendu des nouilles pour accéder à la magistrature suprême. Il nous a eus, et dans l’ordre !
 
Le chef de l’Etat Macky Sall, actionnaire majoritaire de la tragédie sénégalaise qui s’offre en spectacle au monde, en porte une énorme part de responsabilité en remettant en cause lui-même son impossible candidature à l’élection présidentielle de février 2024. C’est cela la pierre angulaire de ce chaos ambiant qui nous menace tous. A la gravité de son serment constitutionnel et de ses engagements personnels, il a osé opposer en dernière instance des considérations du juge constitutionnel et des « circonstances politiques » contraignantes pour lui. Cette posture de reniement rampant apparait comme le soubassement des dérives autoritaires mises en œuvre par des organes sécuritaires qui ne semblent plus avoir de limites légales. Leurs pratiques ont radicalement changé le visage de la démocratie sénégalaise et la valeur du principe de liberté dans l’espace public. Nous ne sommes pas loin d’un régime d’exception inédit pour notre pays.
 
En être là en 2023, à devoir tenir des statistiques autour de toutes ces vies (jeunes) fauchées parce que certains ont décidé de privatiser la justice, à assister à la destruction de biens publics et privés et d’infrastructures nationales coûteuses. En être là en 2023, à devoir enchaîner des jours entiers d’improductivité économique pour un pays quasiment sous tutelle de Bretton Woods. En être là en 2023, à devoir subir des perturbations scolaires et universitaires dans un système souffrant déjà de graves lacunes. En être là en 2023, douze ans après les déflagrations ayant accompagné la fin de pouvoir d’Abdoulaye Wade, à batailler encore sur le nombre de mandat. En être là en 2023 n’est signifiant que d’une réalité : impasse et échec. L'impasse à laquelle mènent intolérance atavique et incompétence désastreuse. L'échec d'une vie.
 
Les événements sanglants du 1er juin 2023 n’honorent pas le Sénégal, certes, mais il est encore temps de renouer avec notre culture démocratique, seul garant de notre survie collective. Cela passe par un retour à une sorte d’état de nature où tout roulerait comme sur des roulettes. Cela donnerait un Président raisonnable, dépourvu de légitimité et appelé à s'auto-convaincre que son magistère n’ira pas plus loin que février 2024 conformément à la Constitution qu’il a fait voter. Des opposants raisonnables dont les ambitions ne sauraient être contradictoires à l’intérêt général. Une justice raisonnable qui exerce ses pouvoirs en liberté et indépendance, à l’ombre du peuple souverain.
 
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1.Posté par Fary DIOP le 14/06/2023 12:17
Et cela donnerait la levée inconditionnelle de la séquestration du Président Ousmane Sonko, cela donnerait l'annulation, en appel, de sa condamnation grotesque et fallacieuse pour "corruption de jeunesse"....
Merci M. Dieng pour cette brillante analyse

2.Posté par Me François JURAIN le 17/06/2023 12:32
Remarquable analyse, et qui permet de bien comprendre comment le SENEGAL, phare de la démocratie africaine autrefois, a basculé dans la dictature, par étapes, et par la seule volonté d'un homme, à l'orgueil insensé, et l'amour immodéré de l'argent. Mais cela permet de faire, en parallèle, l'analyse du "travail" accompli par cet homme et son armée mexicaine, composée d'incompétents, de bras cassés, et d'opportunistes.

Qu'ont-ils fait en onze ans de "règne" ? RIEN pour le Sénégal et les Sénégalais, TOUT pour eux. L'endettement du pays, en 2023, dépasse les 77% du PIB, alors que la côte d'alerte, pour les pays de l'Afrique de l'ouest est fixé à 70%, La corruption, c'est à dire le vol de l'argent public à des fins particulières, est estimé, par les économistes les plus optimistes, à trente pour cent du montant des prêts contractés (remboursés par les Sénégalais!). Nous sommes passés sous la direction du FMI, la corruption est à son paroxysme, au point que le SENEGAL figure sur la liste grise des pays infréquentables, rares sont les grandes réformes indispensables pour le pays, concernant l'instruction, l'éducation, et la formation qui ont été faites et appliquées. Tous les contre pouvoirs, à savoir la presse, la justice, ont été mis sous coupe réglée, et le dictateur entend bien imposer sa loi, la seule qui prévale d'après lui, en se présentant de force à un mandat qui lui est interdit de par la constitution, d'une part, mais également par son ministre de la Justice de l'époque, tailleur ès constitution, qui renie sa parole sans ressentir la moindre gène, comme son patron, le dictateur en chef.

Les pages les plus noires de ce pays sont en train de s'écrire, sous les yeux ébahis des Sénégalais qui ne comprennent toujours pas comment on a pu en arriver là; peut-être aurait-il fallu être moins passif, et ne rien laisser passer à cet homme qui ne connait que corruption, vol et détournements en tous genre. Sa fortune, bâtie sur le dos des Sénégalais, serait considérable, mais cela ne lui suffit pas. Les Sénégalais se sont laissés prendre par le mirage du béton: une autoroute par ci, un stade par là, une salle Arena en supplément, mais tout cela n'a jamais été construit pour les Sénégalais! Tout ce béton a été utilisé, tout simplement parce qu'il est le principal vecteur de la corruption étatique, et il n'y a pas une construction qui ne soit entachée d'un scandale financier, comme le PRODAC par exemple, avec la disparition des dossiers et autres anéantissements des organes de contrôle! Il aura fallu l'intervention ferme et énergique des prêteurs mondiaux, pour que les Sénégalais apprennent (ce dont ils se doutaient déjà,) que les fonds du COVID avaient été détournés par quelques malfrats en col blanc, afin de grossir leur fortune personnelle: l'argent des pauvres, l'argent des malades, ces criminels mafieux ne reculent devant rien! La vie des Sénégalais ne les intéresse pas, seul compte l'argent, l'argent qu'ils peuvent voler, amasser, leur coffre-fort, bourré de diamants, pour les uns et non les moindres, l'or, et les paradis fiscaux, y compris africains pour les autres (ils se reconnaitront).

Ces gens là non aucune pudeur, aucune éthique, aucune morale et aucun sens de l'honneur. Mais s'ils en sont arrivés là, il faut bien reconnaitre que le peuple sénégalais y est aussi pour quelque chose, car enfin, en 2012, Macky SALL n'était pas "le poussin de la dernière couvée". Déjà il y avait des suspicions de détournement à son sujet, le scandale des fonds taïwanais si ma mémoire est bonne, entre autres. Donc, sans vouloir accabler le peuple sénégalais qui l'est déjà suffisamment et encore pour longtemps, hélas, lui recommander d'être beaucoup, beaucoup plus vigilant sur le choix des hommes appelés à diriger le pays, ne serait pas du luxe. Même si, maintenant que nous sommes entrés en dictature, une élection ne signifie plus grand chose, puisque le résultat est connu d'avance et pour la prochaine de FEVRIER, ce sera Macky SALL avec 62% (les dictateurs aiment les scores excessifs, pour tenter de faire croire à la face du monde que le peuple les a plébiscités, sauf que personne n'est dupe).

Voilà, à ce jour, le monde entier a très bien compris et assimilé que le SENEGAL était devenu une dictature, il reste donc aux Sénégalais à s'approprier cette nouvelle, qui ne réjouit personne, mais c'est ainsi. Gardons en nos mémoires l'image du SENEGAL démocratique que nous avons connu, et subissons, le dos courbé, cette nouvelle dictature à laquelle nous n'étions pas habitués, mais il faudra nous y faire, et malheureusement pour encore pas mal de temps.

Mais, pour terminer sur une note optimiste, ne perdons jamais de vue qu'il n'y a pas d'exemple, dans l'histoire du monde, qu'un dictateur finisse paisiblement sa vie: ils ont tous fini mal, voire très mal, avec obligation de rendre des comptes, et rendre surtout l'argent qu'ils ont volé, ce qui pour eux est le pire des châtiments. Celui-ci ne fera pas exception à la règle, tout n'est que question de temps.
COURAGE!
Me François JURAIN


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