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Les coupes budgétaires de Donald Trump érodent la lutte contre le VIH en Afrique du Sud

Jeudi 15 Mai 2025

Le démantèlement de l’USAID par l’administration Trump a mis au chômage plus de 8000 professionnels de la santé appartenant au programme national sud-africain de lutte contre le VIH, a annoncé jeudi le ministre de la Santé du pays. Il a également souligné l’impact des coupes budgétaires américaines sur le plus grand projet de traitement du sida au monde.

 

Ces coupes budgétaires ont également entraîné la fermeture de 12 cliniques dédiées au VIH, gérées par des organisations non gouvernementales en Afrique du Sud et financées par l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID) dans le cadre du Plan présidentiel d’urgence pour la lutte contre le sida (PEPFAR), a déclaré le ministre sud-africain de la Santé, Aaron Motsoaledi, aux journalistes.

 

Il a indiqué que les autorités sanitaires enregistraient actuellement les plus de 60 000 patients pris en charge par ces cliniques dans les établissements de santé publics afin qu’ils puissent poursuivre leur traitement vital.

 

L’Afrique du Sud compte près de six millions de personnes sous traitement contre le VIH, soit plus que tout autre pays au monde.

 

Les cliniques privées qui se sont vu retirer leur financement par les États-Unis traitaient principalement des populations dites « clés », a pointé M. Motsoaledi. Il s’agit notamment des homosexuels et des travailleurs du sexe, considérés comme présentant un risque plus élevé d’infection par le VIH et parfois stigmatisés dans les établissements de santé publics.

 

Le ministre a indiqué que l’administration Trump avait supprimé environ 436 millions US par an de financement pour le traitement et la prévention du VIH en Afrique du Sud, qui constituaient une partie du programme de 2,5 milliards US par an. Le gouvernement sud-africain et d’autres donateurs financent le reste.

 

Les tests de charge virale – qui mesurent la quantité de VIH présente dans le sang des patients sous traitement – ont diminué de 21 % depuis l’entrée en vigueur des coupes budgétaires en février, a mentionné le ministre de la Santé. Il n’a pas fourni de chiffres sur l’impact du programme de dépistage des personnes séropositives.

 

Inquiétude des professionnels de la santé

 

La Dre Linda-Gail Bekker, PDG de la Fondation Desmond Tutu pour la santé, a confié que les professionnels de santé sont vivement préoccupés par la possibilité d’une réduction à néant des progrès réalisés dans le traitement du VIH et de pertes d’emplois pour les professionnels de santé.

 

« Nous savons que ces services sont à l’arrêt et nous commençons à observer des signes inquiétants de baisse des taux de dépistage, ainsi que d’autres signes avant-coureurs de lacunes, a pointé la Dre Bekker. Il serait vraiment utile que le ministère reconnaisse les lacunes créées et élabore un plan pour garantir leur comblement, au moins partiel. »

 

Le traitement et la prévention du VIH sont l’un des domaines les plus touchés par la fin de l’aide étrangère américaine, notamment en Afrique subsaharienne.

 

Le directeur général de l’agence des Nations Unies pour la lutte contre le sida a déclaré à l’Associated Press en février que le nombre de nouvelles infections par le VIH dans le monde pourrait être multiplié par plus de six d’ici 2029, en raison des coupes budgétaires.

 

Le ministre Motsoaledi a nié que le programme national sud-africain soit au bord de l’effondrement, mais a souligné des problèmes importants, tels que le manque de personnel, le manque de financement et la difficulté à localiser les personnes séropositives devant commencer un traitement.  

 

La décision du président Trump de supprimer plus de 90 % de l’aide étrangère par l’intermédiaire de l’agence USAID a mis à mal près de 20 ans d’efforts pour enrayer les morts dues au VIH dans le pays le plus touché par la maladie. Le financement américain a été essentiel aux efforts de l’Afrique du Sud pour arrêter les morts dues au sida, notamment en contribuant à la fourniture gratuite de médicaments antirétroviraux qui empêchent le virus de se répliquer dans l’organisme.

 

« Nous devons être catégoriques : nous ne laisserons en aucun cas cet effort colossal, mené sur une période de plus de 15 ans, s’effondrer et partir en fumée parce que le président Trump a décidé de faire ce qu’il a fait », a tonné M. Motsoaledi.

 

Selon l’agence des Nations Unies pour le sida, l’Afrique du Sud compte environ 7,7 millions de personnes vivant avec le VIH. Malgré la gratuité du traitement, toutes ne sont pas traitées. L’Afrique du Sud a récemment lancé une campagne visant à mettre un million de personnes supplémentaires sous traitement.  

 

Les 8061 professionnels de la santé qui ont perdu leur emploi représentent plus de la moitié des professionnels de santé financés par l’USAID par l’intermédiaire du PEPFAR, a déclaré le ministre. Il a ajouté que l’Afrique du Sud comptait encore plus de 250 000 professionnels de la santé dans le programme de lutte contre le VIH, rémunérés par le gouvernement et d’autres donateurs.

 

Bien que l’Afrique du Sud bénéficie toujours d’une aide financière de donateurs comme le Fonds mondial pour son programme de lutte contre le VIH, Aaron Motsoaledi a indiqué qu’elle faisait pression sur d’autres gouvernements et organismes d’aide pour obtenir du soutien, mais qu’aucun nouveau financement n’avait été obtenu. [Associated Press]

 
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