Victimes indirectes du gel, depuis suspendu, de tous les financements fédéraux voulu par Donald Trump, les agriculteurs américains étaient mardi au Congrès alors que les subventions vers leur secteur, politiquement influent, sont toujours sur pause.
Pour l’instant, ils n’ont en effet touché aucun remboursement prévu théoriquement dans le cadre de deux programmes du département de l’Agriculture (USDA) créés pour soutenir leurs investissements dans la conservation des sols et la production d’énergie propre.
Ces deux programmes ont été créés dans le cadre de l’Inflation Reduction Act (IRA), le grand plan vert de l’ancien président Joe Biden, qui a permis plusieurs milliards de dollars d’investissements dans des projets d’énergie renouvelable dans tout le pays.
« Je suis très inquiète quant à la sécurité financière de nos exploitations » a déclaré à l’AFP Elisa Lane, maraîchère de 44 ans basée au Maryland (Est), qui devait bénéficier de 30 000 dollars l’été dernier pour soutenir l’installation de panneaux solaires sur son exploitation de six hectares.
Mais dès son retour dans le bureau ovale, Donald Trump a signé un décret suspendant « immédiatement tous les déboursements » accordés via l’IRA.
Huit jours plus tard, un document de la Maison-Blanche suspendait l’ensemble des financements fédéraux, avant d’être annulé. Mais c’est là qu’ont commencé les difficultés pour Mme Lane, et de nombreux agriculteurs dans tout le pays.
Elle n’a en effet reçu aucun des fonds prévus depuis la publication du document, malgré les clarifications apportées depuis par la Maison-Blanche assurant que ceux fléchés vers les agriculteurs et les PME « ne seraient pas mis sur pause » par le gel des fonds fédéraux.
Le document a été annulé le 29 janvier, mais rien ne s’est produit depuis.
« Nous sommes des agriculteurs américains, nous sommes donc ceux qui, lorsqu’on entend un message comme “Priorité à l’Amérique”, pensons qu’il nous est adressé », insiste-t-elle, « nous sommes ceux dont ils sont censés prendre soin ».
Elisa Lane, avec plusieurs confrères, doit assister mardi à une audition de la commission agriculture de la Chambre des représentants, invitée par des élus démocrates.
Interrogée par l’AFP, l’USDA n’a pas donné suite.
« Apporter des clarifications »
L'éleveur de 27 ans basé au Missouri (centre), Skylar Holden est confronté aux mêmes difficultés que Mme Lane.
Il avait fait acte de candidature à un autre programme financé par l’IRA, qui devait l’aider à améliorer la conservation des sols de son exploitation d’une centaine d’hectares, pour lequel il aurait dû toucher 240 000 dollars d’aide.
« Mon inquiétude est que si je vais au bout de ces projets, je ne touche malgré tout par les fonds promis alors que j’en ai besoin pour payer les échéances de mon exploitation et le foin nécessaire pour passer l’hiver. » (Skylar Holden, agriculteur du Missouri)
Deux cas qui sont loin d’être isolés, depuis la publication du document de la Maison-Blanche fin janvier, et qui a poussé de nombreuses voix à demander au gouvernement d’agir promptement.
« L’USDA et les agences fédérales doivent honorer leurs engagements auprès des agriculteurs et des communautés rurales », a ainsi déclaré dans un communiqué envoyé à l’AFP le président du syndicat national des agriculteurs, Rob Larew.
« Il est habituel qu’un nouveau gouvernement examine les programmes et financements engagés, mais l’agriculture est déjà confrontée à un niveau important d’incertitude économique », a-t-il insisté.
« Nous appelons le gouvernement à apporter immédiatement des clarifications concernant les financements prévus et à s’assurer que les agriculteurs et communautés rurales ne sont pas abandonnés », a appuyé M. Larew. [AFP]