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Législatives 2017 - Macky Sall et trois hommes à abattre : Gakou, Idy, Khalifa

Samedi 29 Juillet 2017

Le résultat de « Manko Taxawu Senegaal » sera particulièrement scruté par le Président Macky Sall au soir du 30 juillet, ses trois principaux leaders ayant chacun le potentiel pour entraver sa réélection en 2019.


Photo Xibaru
Photo Xibaru
Par Momar DIONGUE (*)
 
Si le président de l’Apr et de «Benno Bokk Yaakaar» a une appréhension sur les législatives du 30 juillet, c’est surtout par rapport à «Manko Taxawu Senegaal». Passe encore que l’autre grande coalition, «Manko Wattu Senegaal», portée par la vague de sympathie qui accompagne Wade depuis son retour au pays, réalise un bon score. Karim Wade, le seul à qui cela pourrait profiter, est très loin du pays et est peut-être «condamné» à un long séjour au Qatar, un scénario qui l’empêcherait de constituer un danger sur la voie de sa réélection.
 
Par contre, si jamais «Manko Taxawu Senegaal» parvenait à tirer ses marrons du feu, Macky Sall se ferait sûrement du mouron. Et pour cause. Les principaux leaders de cette coalition, Malick Gakou, Idrissa Seck et Khalifa Sall en seraient gonflés à bloc au point que rien ne pourrait les empêcher de se dresser sur le chemin de sa réélection. Aussi, le chef de l’Etat s’emploie-t-il à les contrer par tous les moyens et ne s’en cache même plus.
 
A Idrissa Seck, il a envoyé sa horde de lycaons avides de pouvoir et prêts à mordre à pleines dents le président de « Rewmi » qu’il ne souhaite pas croiser sur son chemin en 2019. Mieux, craignant qu’Augustin Tine, Ciré Dia, Abdou Mbow et autres Maodo Malick Mbaye ne soient pas en capacité de faire mordre la poussière à l’ex-maire de Thiès, il a mis à contribution ses alliés, des personnalités indépendantes, des opérateurs économiques et une kyrielle de mouvements de soutien.
 
L’objectif est limpide: il faut venir à bout d’un Idrissa Seck contre lequel, il a également réussi à dresser l’édile de la ville, Talla Sylla. Ce dernier avait pourtant formé un tandem avec le patron de «Rewmi» pour résister à l’assaut de Benno Bokk Yaakaar aux locales de juin 2014. Bref, rien n’est de trop pour terrasser le président du Conseil départemental de Thiès.

Lequel, faut-il le rappeler, a déjà juré de se retirer de la politique en cas de défaite dans la cité du rail. Encerclé, acculé et harcelé, Idrissa Seck devra en tout cas se couper en quatre pour échapper à l’étau qui n’en finit pas de se resserrer sur lui. Et le cas échéant, il aura réalisé un véritable miracle.
 
Il en est de même de Malick Gakou à Guédiawaye. En plein dans le viseur de Macky, il est l’autre homme à abattre. Et comme pour le leader de «Rewmi», c’est en nombre que les «apéristes» s’y prennent pour étouffer ses velléités de s’opposer à la reconduction de Macky Sall.
 
Outre Aliou Sall qui a débarqué de son engin «Air Macky» à Guédiawaye, juste pour le contenir, le Président n’a pas lésiné sur les moyens pour déployer la grosse artillerie dans cette localité censée être le bastion du leader du «Grand Parti». Et le moins que l’on puisse dire est que ses troupes ne manquent pas de munitions dans une zone où il faut savoir dégainer pour espérer rallier les populations à sa cause.
 
Or, sous ce registre, le maire Aliou Sall est quasi imbattable surtout avec le renfort de Lat Diop, Directeur des Investissements, qui vient de financer plusieurs groupements féminins à coups de millions de francs Cfa. Sans oublier le don d’une ambulance flambant neuve à une structure de santé de la localité qui a longtemps couru derrière.
 
Quant à Bamba Kane, jusque-là proche de Gakou, il a été débauché par Macky Sall et bombardé Ministre-Conseiller. Histoire de déplumer le leader du Grand Parti afin de lui briser les ailes. Car comme Idrissa Seck, Gakou hante le sommeil du président de l’Apr et de «Benno Bokk Yaakaar». Et ce dernier ne sera tranquille que lorsqu’il le verra déposer les armes – même momentanément - devant ses hommes le 30 juillet prochain.
 
Une équation à plusieurs inconnus
Quid de Khalifa Sall ? Il est l’élément du trio le plus dangereux aux yeux du Président Sall. Aussi, n’a-t-il pas hésité à utiliser la manière forte pour annihiler sa capacité de nuisance. Dans le collimateur du chef de l’Etat depuis qu’il a battu à plate couture la coalition présidentielle aux locales de juin 2014, le socialiste dissident a dû essuyer plusieurs croc-en-jambe.
 
Revêtu du manteau de présidentiable, il a d’abord vu l’Etat-Apr torpiller son emprunt obligataire de 20 milliards de francs Cfa. Puis, il se verra retirer l’Entente Cadak-Car et son pactole de 10 milliards, avant de voir le ministre Diène Farba Sarr marcher outrancièrement et outrageusement sur ses plates-bandes.
 
Mais le pire était à venir. Accusé de détournement de deniers publics dans la gestion de la caisse d’avance de la Mairie de Dakar, son dossier n’a pas traîné. En détention depuis mars dernier, c’est de sa cellule de Rebeuss qu’il suit les législatives du 30 juillet.
 
Macky Sall a beau déployer les gros moyens, usant souvent d’armes non conventionnelles, Gakou, Idy et Khalifa vendront chèrement leur peau. Son rêve est de les voir tous pulvérisés par sa machine de guerre. En revanche, s’ils arrivent tous les trois à tirer leur épingle du jeu, ce serait le scénario catastrophe pour l’apériste en chef.
 
Un seul des trois pourrait aussi passer à la trappe et irait sûrement renforcer un des deux autres éléments du trio pour 2019. A ce sujet, les têtes pensantes de l’Apr commencent à tirer des plans sur la comète, évoquant un supposé deal entre Khalifa Sall et Idrissa Seck consistant pour le premier à apporter son soutien au second à la prochaine présidentielle.
 
Autre scénario possible, un seul des trois pourrait en sortir indemne et se verra forcément revêtu de l’étoffe d’un candidat «unique». Un schéma tout aussi inquiétant pour Macky Sall. Il y a aussi cette dernière hypothèse: que la coalition «Manko Taxawu Senegaal» ne parvienne qu’à sauver Dakar.

Le cas échéant, le Président de la République doit s’attendre à affronter un Khalifa Sall encore plus dangereux qu’il ne l’a jamais été jusqu’ici… On y verra forcément clair au soir du 30 juillet.
 (*) Journaliste-Consultant   
 
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