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L’opposition renvoie la balle à Macron

Jeudi 23 Juin 2022

L’opposition a renvoyé la balle dans le camp d’Emmanuel Macron jeudi, refusant l’idée d’un gouvernement de coalition et l’enjoignant à proposer des mesures concrètes pour les Français, tout en souhaitant redonner au Parlement tout son rôle dans l’examen de textes « au cas par cas ».  
 
« C’est lui qui est au pied du mur, pas nous […] S’il reste sur son projet, il n’a pas de majorité absolue, et c’est lui qui est coincé, c’est lui qui va bloquer la France », a résumé la députée Nupes-PS Valérie Rabault.  
 
Avant de s’envoler jeudi pour un sommet européen à Bruxelles, le chef de l’État a écarté mercredi soir devant 15,5 millions de téléspectateurs l’hypothèse d’un gouvernement d’union nationale, testée auprès de certains dirigeants de partis. Il a aussi demandé à la gauche unie Nupes, au Rassemblement national et aux Républicains, qui l’ont privé de majorité absolue dimanche, de « dire en toute transparence jusqu’où ils sont prêts à aller » pour « bâtir des compromis » : « entrer dans une coalition de gouvernement et d’action (ou) s’engager à voter simplement certains textes, notre budget ».
 
Alors qu’il avait réclamé une réponse à courte échéance, à son retour de Bruxelles vendredi après-midi, la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire a assuré qu’il n’avait « pas fixé un ultimatum de 48 heures ». Mais les réponses n’ont pas tardé.
 
« Faire un pas » vers l’opposition
 
« C’est à lui de voir jusqu’où il peut aller pour les Français », a rétorqué le député Nupes-LFI François Ruffin, reprenant les mots du président.  
 
La Nupes veut « des choses très concrètes », par exemple voir dans le projet de M. Macron le SMIC à 1500 euros, a insisté Mme Rabault, tandis que le député Nupes-EELV Julien Bayou promet des propositions sur l’écologie de la part de la gauche unie.
 
À droite, LR « refuse » tout contrat de coalition qui effacerait les « convictions » politiques de chacun. « Donc ce sera pour nous le cas par cas » sur le vote de textes au Parlement, a répété le président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau.
 
Les Républicains comptent eux-mêmes proposer des mesures la semaine prochaine, avait rappelé mercredi le nouveau chef de file de leur groupe Olivier Marleix, qui refuse de faire un « chèque en blanc, de surcroît sur un projet peu clair », au chef de l’État.
 
À M. Macron de « faire le premier pas […], d’indiquer désormais sur quels points il est prêt à s’amender pour tenir compte du verdict des urnes », a abondé le président par intérim du RN Jordan Bardella, citant la nécessité de « renoncer » à la retraite à 65 ans et « baisser » les taxes sur les carburants.
 
Marine Le Pen, élue par acclamation, car seule candidate jeudi à la tête d’un groupe RN fort de 89 députés, avait promis la veille que ceux-ci « examiner(aient) les textes à la lumière de l’intérêt des Français et de la France ».
 
Majorité plus large
 
Mais dans les rangs macronistes, on ne désespère pas de pouvoir parvenir à un élargissement de la majorité.
 
Gilles Boyer, membre fondateur d’Horizons avec Édouard Philippe, qui avait appelé à construire une « grande coalition », confirme que le parti continue d’essayer d’en constituer une avec certains LR, PS ou EELV.
 
« Une coalition, c’est quoi : c’est identifier les grandes réformes sur lesquelles nous pourrions trouver des points d’accord. Et ensuite bâtir un accord de gouvernement », explique-t-il, prédisant « plusieurs jours, semaines voire quelques mois de discussions » pour y parvenir.
 
Mais attention, a mis en garde François Bayrou (Modem), autre allié macroniste : « l’idée qu’il suffit de recréer une majorité qui n’a pas été donnée par les électeurs » pour « continuer le business as usual » n’est pas possible, au risque d’aller vers « de nouveaux accidents » électoraux.
 
M. Macron a certes reconnu la nécessité « d’apprendre à gouverner et légiférer différemment », usant de nombreuses fois du mot « compromis », mais il a aussi averti de sa détermination à « ne jamais perdre la cohérence du projet » que les électeurs ont soutenu en le réélisant en avril.
 
Le « dialogue » avec l’opposition est « enclenché » pour « plusieurs jours, peut-être même plusieurs semaines », assure Mme Grégoire, précisant que le chef de l’État « reverra possiblement les présidents des forces politiques et échangera avec eux en étant à l’écoute ».
 
Cela se fera dans un agenda international chargé. Après Bruxelles et un rapide retour à Paris, Emmanuel Macron s’envolera dimanche pour un G7 en Allemagne, puis le 28 juin pour un sommet de l’OTAN à Madrid.
 
Par ailleurs, les groupes à l’Assemblée nationale achèvent jeudi de nommer leurs présidents.
Outre Marine Le Pen au RN, Boris Vallaud a été élu à la tête du groupe PS. Chez EELV, le secrétaire national du parti et député de Paris Julien Bayou et la députée de l’Isère Cyrielle Chatelain assureront une « coprésidence ».
 
Mercredi, Aurore Bergé a été désignée cheffe de file par Renaissance, Laurent Marcangeli par Horizons, Mathilde Panot par LFI et André Chassaigne par les communistes.
 
Quant à la présidence de la commission des Finances, pour laquelle gauche et RN bataillent, la PS Valérie Rabault et le RN Jean-Philippe Tanguy ont fait acte de candidature en vue du vote du 30 juin. (AFP)
 
 
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