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L'euro devient un casus belli au Front national

Jeudi 11 Mai 2017

PARIS (Reuters) - Florian Philippot a déclaré jeudi qu'il quitterait le Front national si le parti abandonnait sa proposition d'abroger la monnaie unique, au coeur des controverses internes depuis la défaite de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle.
 
Le clivage s'est accentué depuis dimanche au sein du parti d'extrême droite, où certains jugent que le discours anti-euro de la candidate lui a coûté cher face à Emmanuel Macron et plaident pour une inflexion de toute urgence, voire un aggiornamento.
 
Le sujet est même devenu un casus belli, à en croire le vice-président du FN, par ailleurs proche conseiller de Marine Le Pen, qui s'est exprimé sur RMC.
 
Prié de dire s'il resterait au FN dans l'hypothèse d'une volte-face sur l'euro, Florian Philippot a répondu : "Non. Je ne suis pas là pour garder un poste à tout prix et défendre l'inverse de mes convictions profondes."
 
"Mais je ne crois pas un seul instant qu'un parti qui défend la nation, la France, dans sa grandeur, dans son indépendance, dans sa souveraineté renonce à un combat qui est essentiel", a poursuivi le député européen, venu au FN en 2011 par attachement au souverainisme.
 
"Que la question soit posée, moi ça ne me choque pas", a-t-il encore dit. "Mais je pense qu'on perdrait beaucoup en crédibilité. Ceux qui pensent qu'on y gagnerait se trompent."
 
Florian Philippot n'est pas le seul sur cette ligne au sein de l'appareil, qui a fait de l'opposition à l'Union européenne l'un de ses marqueurs depuis les années 1980.
 
"Il n’y a pas de remise en cause de notre position là-dessus", a par exemple dit à Reuters le directeur du Front national de la jeunesse, Gaëtan Dussausaye. "Sans souveraineté monétaire, il n’y a pas de vraie politique de compétitivité ou de protection de notre modèle social."
 
"MARINE DOIT ENTENDRE CE MESSAGE"
Jean Messiha, qui a supervisé la rédaction du programme présidentiel, estime pour sa part qu'un revirement du FN le disqualifierait "définitivement".
 
Mais, pour d'autres, la promesse d'un abandon de la monnaie unique relève de la cause perdue.
"Pour nous, la question de l'euro, c'est terminé, le peuple a fait son référendum dimanche dernier. Marine doit entendre ce message", selon le député Gilbert Collard, cité dans l'édition de jeudi du Parisien.
 
Un point de vue partagé par le maire de Béziers Robert Ménard, proche du FN, et des cadres qui n'hésitent plus à s'exprimer publiquement, comme Pascal Gannat, chef de file du parti au conseil régional des Pays-de-Loire.
 
Selon un sondage Ifop pour Le Figaro et la Fondation Robert-Schuman paru fin mars, près de trois quarts des Français (72%) se déclarent hostiles à une disparition de la monnaie unique.
 
Entre les deux courants antagonistes, le débat s'est ouvert sans attendre le prochain congrès, qui devrait se tenir fin 2017 ou début 2018, ni même les élections législatives de juin.
 
Déchiré par ces débats et ébranlé par l'échec de la présidentielle, le FN doit également préparer les prochaines échéances sans l'un de ses meilleurs atouts, la députée du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen.
 
La nièce de Marine Le Pen, qui a les faveurs de la base militante et incarnait jusqu'à présent une sensibilité concurrente à celle de Florian Philippot, a annoncé mardi qu'elle souhaitait mettre en suspens sa carrière politique.
 
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