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"L'annulation de la dette africaine est une opportunité d'intelligence économique pour les bailleurs"

Mardi 30 Juin 2020

Le Président Macky Sall a fait preuve de leadership incontesté en portant le plaidoyer pour l'annulation de la dette qui ronge le continent africain depuis plus d'un demi-siècle. Plus qu'une doléance, cette annulation est un impératif pour deux raisons au moins : soutenir la résilience et la relance des pays du continent d'une part et d'autre part garder - à défaut d'un équilibre - une certaine odeur de sainteté entre l'Afrique et ses bailleurs. Ce qui est est une opportunité d'intelligence économique pour les bailleurs, plus qu'un acte de solidarité ou de compassion.
 
L'ardoise africaine en termes de dettes publiques est la plus saluée de toutes les régions du Monde. S'élevant à plus de 350 milliards de dollars, la dette africaine est un fardeau dont il faut attendre encore longtemps pour s'en départir, du fait des défaut de la pauvreté doublée d'un défaut de stratégie, de la mal-exploitation des ressources naturelles du continent, de la sous-exploitation des atouts des pays du continent et donc du ralentissement économique, mais aussi de leur incapacité à s'inscrire dans des dynamiques de croissance inclusive et durable. Et ce malgré toutes les tentatives. Loin d'être cette bouffée d'oxygène que chantent les bailleurs, la dette est un fardeau que vient proroger la pandémie. La situation actuelle - au point où en sont les Etats africains - remet sur la table l'urgence d'une vraie réflexion sur l'impératif de rééquilibrage des rapports. Mais en attendant, l'appel à l'annulation ou au moratoire doit être prise par les bailleurs comme une opportunité d'intelligence économique. 
 
Comme une lame de fond, une conscience collective portée par la nouvelle génération revendique un rééquilibrage des rapports entre le Nord et le Sud. Une Afrique consciente fustige avec véhémence et arme intellectuelle la nouvelle forme de "colonisation" qui étouffe les économies africaines par la servitude de la dette, les rapports peu catholiques et passerelles lugubres comme la Françafrique ou similaires. La pandémie du Covid-19 a mis à nu les faiblesses des sociétés, systèmes de santé et économies africains. L'Afrique est convaincue que ses "malheurs" viennent des anciennes colonies et de ses dirigeants peu vertueux. Les populations africaines ont le sentiment qu'elles ne sont pas suffisamment prises en considération dans les "accords" avec les créanciers mais pointent lorsqu'il s'agit de rembourser. Une situation lourde pour l'Etat et pour les populations. L'Etat n'a pas pleinement cette latitude et sérénité pour être assez productif  et assez créateur de valeurs et d'emplois pour soutenir et tirer vers le haut les ménages. La responsabilité socio-économique peu assurée et le manque d'inspiration stratégique plombent les économies, creuse le déficit et l'inflation avec un impact négatif direct sur le pouvoir d'achat des ménages et entrainant une baisse de la demande et de la consommation locale et un ralentissement économique. 
 
Aucune aide extérieure ne saurait être à la hauteur des défis africains actuels et futurs
 
En bon leader, le Président Macky Sall avait lancé un appel à l'annulation de la dette africaine afin de permettre une meilleure résilience des pays du continent face à la crise actuelle. Il s'est maintenu dans sa position saisissant toutes les occasion pour porter la voix des pays du Continent.  Beaucoup d'économistes et leaders d'opinions engagés lui avaient emboité le pas allant jusqu'à la création. L'insistance du Président Macky SALL en dit long sur l'importance d'une telle annulation mais aussi et surtout sur l'urgence d'agir avec des moyens appropriés. Le Président Macky SALL est conscient qu'aucune aide extérieure ne saurait être à la hauteur des défis qui se dressent comme une cordillère dont le maintien des économies dans la bonne dynamique de résilience, le sauvetage de plus de vingt millions d’emplois sur le continent...
 
La situation actuelle est telle que la croissance espérée pour le continent serait entre 1,1 et – 1,1%. Tous les secteurs seraient touchés et les exportations ont chuté de pas moins de 40%,  les importations d’au moins 35%. Et que l'on ne s'y trompe point. La chute de l’Afrique entraînerait celle de plusieurs grandes économies.
 
L'initiative G20 salutaire mais pas suffisante.
 
L’initiative G20 de suspension des services de la dette entre juin et décembre 2020 est à la fois un geste de solidarité et d'intelligence économique qui n'a malheureusement séduit que 23 pays. Même si 13 pays réfractaires qui ont refusé le plan du G20 sous prétexte que 12,1 milliards de dollars épongés sont comme une goutte d'eau retirée de l'Océan, le geste en vaut la chandelle. Les 23 Etats souscrits à l’initiative G20 bénéficient de mesures immédiates au risque aussi de devoir supporter une dépréciation de leurs notations financières respectives. C'est  entre 0,1 et 06 %  du PIB selon le pays à "récupérer". Ce qui n'est pas négligeable mais pas suffisant. Il importe de rappeler qu'au mois d’avril 2020, le Comité du développement, organe conjoint de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI), et les ministres des Finances du G20 avaient validé la mise en place de l’Initiative de suspension du service de la dette, à la suite de l’appel lancé par le Président Macky SALL, la Banque mondiale et le FMI en faveur des pays les plus pauvres, afin de les aider à faire face aux graves conséquences de la pandémie de COVID-19 (coronavirus).
 
Cet appel est une invitation à tous les créanciers publics bilatéraux à agir rapidement pour permettre aux pays à faible revenu de concentrer leurs ressources sur la lutte contre la pandémie. Mais il est aussi question d'inviter tous les créanciers privés à s'inscrire dans cette démarche sur des bases comparables, appelant à un changement de paradigme dans l'évaluation des cotes de crédit. Ce que des consciences africaines réclament depuis belle lurette. Une "annulation conséquente" calmerait - à juste titre - les ardeurs par rapport aux velléités nationalistes et/ou panafricanistes d'une Afrique excédée et de plus en plus consciente.

Cheikh Mbacké SENE
Expert en Intelligence économique 
Président de la Commission Préparatoire du Centre International d'Analyse économique (CIAE)
 
 
 
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1.Posté par Me François JURAIN le 05/07/2020 19:38
L'annulation de la dette, "oportunuité d'intelligence économique"? permettez moi d'en douter.
Car enfin, qu'est ce que l' Afrique a fait de ces 350 milliards de dollards? cette année, tous les pays d'afrique, en gros, fêtent le soixantième anniversaire de leur indépendance. Aucun continent, aucun pays comme tous les pays d'afrique pris séparément, n'a reçu autant d'argent, depuis soixante ans, depuis la création de ce monde. Et pourtant, cherchez l'erreur, les pays africains pris séparément figurent toujours en très bonne position sur le classement des pays les plus pauvres du monde...
Pour ne parler que du sénégal, puisque j'y vis, il ne se passe pas un jour sans qu'un nouveau scandale financier, ne soit porté à la connaissance des citoyens. C'est une honte, un scandale permanent. Traiter de voyous mafieux ces malfaisants, ces mangeurs de mils qui se disent politiciens, est encore leur faire trop d'honneur, et ils devraient payer l'air qu'ils ont la chance de respirer ici! ilsn'ont aucun scrupule: ils iront, nous l'avons vu, jusqu'à voler et trafiquer sur les denrées alimentaires destinées aux plus pauvres d'entre nous. uNE HONTE;
Alors, effacer la dette pour que quelques uns, aux commandes d'un pouvoir qui leur a été confié sur des mensonges et trahisons, puissent s'enrichir un peu plus? Comprenez quand même que les créanciers, qui ne sont ni dupes, ni stupides, ne soient pas très chauds, et ont perdus depuis belle lurette, toute confiance dans les pays africains.
Mais pourquoi pas, sous certaines conditions:
La première, c'est que les pays qui sollicitent l'effacement de leur dette, fassent preuve d'une bonne gouvernance.
Cela implique une séparation totale de l'éxécutif et du législatif. Serait ce une injure, de dire que sur ce point là aussi, au SENEGAL, nous en sommes encore très loin?
Cela devra aussi impliquer une réforme de la constitution, qui devra insérer dans son article premier, la clause suivante: "tout serviteur de l'état, président, ministre, collaborateurs, hauts fonctionnaires, fonctionnaires doit avoir une haute estime de sa fonction, et assimiler le fait qu'il est là pour servir, et non se servir. En conséquence, toute personne détentrice, à quelque niveau que ce soit, de l'autorité publique, et qui sera condamnée à un détournement de fonds, se verra immédiatement déchue à vie de ses droits civiques et militaires.
Le tout complété concommitament, par une réforme du code pénale, prévoyant dans un article à créer que les mêmes sus nommés, seront condamnés à une peine plancher et incompressible de dix années de travaux forcés, avec saisie de tous ses biens, plus une amende, non négociable ni discutable, du triple des fonds détournés.
A ce stade, cela devrait en faire réfléchir quelques uns, mais surtout permettre, aux gens honnêtes et compétents, car le sénégal n'en manque pas,d 'œuvrer utilement et habilement pour leur pays, en remplacement de toute cette clique de charognards analphabètes, et sans foi ni loi, qui ne pensent qu'à voler et détourner l'argent qui appartient avant tout au peuple sénégalais.
Tant que vous n'aurez pas solutionné ce problème, qui n'est pas au spécial au sénégal mais qui concerne les 54' pays de ce continent, vous n'arriverez à rien. Donc, les créanciers ont et auront mille fois raison de se faire tirer l'oreille pour un effacement de la dette africaine, je pense et j'espère qu'ils n'iront pas jusque là, sauf bien sur si les demandeurs présentaient des garanties de sérieux dans une gouvernance débarrassée de cette bande mafieuse qui gravite et gangrène tous les pays d'afrique.
A partir de ce jour, l'Afrique sera considérée comme un partenaire à part entière. Pour l'instant, nous en sommes loin, très loin, et le problème n'est pas seulement financier, car le monde actuel regorge de liquidités, et un peu plus, un peu moins, franchement, cela ne va pas mettre la planète en péril. C'est un problème de CONFIANCE; plus personne, de nos jour, dans ce bas monde ne fait confiance à un seul pays d'Afrique, et reconnaissez comme moi que cette défiance, pour ne pas dire plus, et parfaitement légitime et justifiée.
Il n'est pas étonnant que le Président mACKY SALL soit un ardent défenseur de l’effacement de la dette, car en matière de bonne gouvernance, vous reconnaitrez comme moi que cela laisse quand même à désirer (je pèse mes mots)...
Et il n'est pas certain que les contreparties en matière de bonne gouvernance que les pays notamment européens commencent à susurrer du bout des lèvres, en échange d'un arrangement très, très accommodant de cette dette qui a permit aux quelques voyous des républiques qui se sont succédées, emportent acquiescement et l’adhésion dudit Président Macky SALL, pour ne parler que de lui!
Donc, commencons par le commencement: que les voyous arrêtent de voler l'argent qui ne leur appartient pas, que la justice, enfin libérée de son joug étatique fasse son travail pour faire rendre l'argent volé, ne serait ce que ces dix ou quinze dernières années, que ceux qui occupent des postes de la fonction publique, et en charge des intérêts de tout un peuple prennent conscience qu'ils sont là pour servir et non se servir, et après, seulement après, les africains pourront venir s'assoir à une table de discussion pour voir comment on règle le problème. Mais seulement après. Car au final, ca va changer quoi? l’effacement ou ne non effacement ne concerne que les quelques voyous qui sont devenus milliardaires en volant l'argent du peuple, et qui ont peur de ne ps pouvoir continuer! le peuple, lui, la misère, il connait, il y a soixante ans qu'il vit avec!
Me François JURAIN

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