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L'UE scelle son rapprochement "historique" avec Cuba

Mercredi 5 Juillet 2017

Le Parlement européen a donné son feu vert mercredi à l'entrée en vigueur d'un accord "historique" de coopération entre l'UE et Cuba, à l'heure où les Etats-Unis de Donald Trump remettent en cause leur rapprochement amorcé avec l'île castriste.

Négocié depuis 2014, cet accord "de dialogue politique et de coopération" avait été paraphé en décembre dernier par les deux parties, mais il nécessitait encore le consentement des eurodéputés, obtenu à une large majorité (567 pour, 65 contre, 31 abstentions).

"Nous avons eu le sentiment clair et net d'avoir tourné une page historique", s'est félicitée la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, lors du débat qui a précédé le vote favorable du Parlement, réuni en session plénière à Strasbourg.

Sur fond de tensions liées aux violations des droits de l'Homme par le régime castriste, Cuba était le seul pays latino-américain à ne pas avoir d'accord de coopération internationale avec l'UE, même si la plupart des pays européens avaient noué des relations bilatérales.

"Cuba n'est plus l'exception et c'est une bonne nouvelle. Le pays va s'ajouter à la liste des nations des Caraïbes et d'Amérique latine avec lesquels l'UE va coopérer", s'est réjouie l'eurodéputée socialiste espagnole Elena Valenciano, chargée du dossier au sein du Parlement européen.

- Machine arrière de Trump –
La normalisation des relations avec l'île, dont l'UE est déjà l'un des principaux partenaires commerciaux, s'est conclue dans le sillage du rapprochement avec La Havane décidé par l'ancien président américain Barack Obama. Ce dernier avait mis fin en juillet 2015 à 60 ans de gel entre l'île et les Etats-Unis, avant d'effectuer une visite historique à Cuba en 2016.

Mais son successeur, le républicain Donald Trump, a récemment remis en cause certains points de ce rapprochement. Dénonçant le régime "brutal" de La Havane, il a notamment dit vouloir revenir sur une série d'assouplissements de l'embargo américain concédés par son prédécesseur.

Il faut montrer que "l'UE, elle, ne change pas de politique", a plaidé Mme Mogherini, affirmant que les Européens restaient déterminés à tourner définitivement la page des mauvaises relations avec Cuba.

L'accord politico-commercial validé mercredi va prendre la place pour l'UE d'une "position commune" de 1996, qui fixait des préalables à une normalisation, notamment en matière de respect des droits de l'homme. Ce texte avait été abrogé en décembre dernier par les 28, dix jours après la mort de Fidel Castro.

"Il y a une dimension relative à la démocratie et aux droits de l'Homme (...), c'est une partie fondamentale de l'accord", a fait valoir Mme Mogherini devant le Parlement européen.

"La société civile cubaine soutient cet accord", a-t-elle affirmé, même si le dissident cubain Guillermo Farinas avait demandé en octobre dernier aux eurodéputés de s'opposer à ce texte légitimant selon lui le régime communiste.

- Prisonniers politiques –
L'accord avec Cuba contient une clause qui permettrait de le suspendre en cas de violations des droits de l'Homme.

Mais la question a tout de même fait grincer des dents au Parlement, notamment dans les rangs des eurodéputés conservateurs et libéraux, qui auraient souhaité un ton plus ferme envers le régime cubain.

Parallèlement à leur vote favorable, les eurodéputés ont adopté mercredi une résolution appelant les deux parties "à donner des garanties qui facilitent l'action des défenseurs des droits de l'homme et la participation active de tous les acteurs de la société civile et de l’opposition politique à ce processus, sans exception".

Le texte "invite instamment le gouvernement cubain à aligner sa politique en matière de droits de l'homme sur les normes internationales" et demande la libération des prisonniers politiques.

Le feu vert des eurodéputés va permettre une application provisoire de l'accord de coopération avec Cuba, mais les ratifications de tous les Etats membres de l'UE sont encore nécessaires pour une application complète et définitive.

L'accord politico-commercial comporte trois grands chapitres consacrés respectivement au dialogue politique, à la coopération et aux échanges commerciaux. Il constitue désormais le cadre juridique des relations UE-Cuba.
 
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