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Idrissa Seck: le récit d'une promesse avortée

Mercredi 30 Mai 2018

Idrissa Seck: le récit d'une promesse avortée
Idrissa Seck fut longtemps perçu comme le « savant » de la classe politique sénégalaise. Parmi l’élite occidentalisé et laïcisé qui dirige le pays depuis les indépendances, Mara passe pour être un des rares à pouvoir se targuer d’une connaissance certaine du Coran qu’il récite dans un arabe parfait.

Ce profil en même temps qu’il le démarquait de ses pairs, le présentait comme une figure pouvant réconcilier l’opinion avec un système politique souvent perçu comme héritier et continuateur du projet colonial.

Dans un pays éminemment religieux, ce profil accroche forcément. De  sa voix qui évoque celle de son guide Serigne Cheikh Tidiane sy Al Maktoum, il émaille ses discours de versets du Coran. Il est acclamé et adulé par les foules qui guettent et commentent ses moindres sorties.

Au plus fort de l’affaire Omar Sankharé en 2014, invité par Sidy Lamine Niasse à l’émission Diine ak Jamono, Idrissa Seck éblouit les téléspactateurs par ses lumineuses exégèses du Coran.

Mais il y a longtemps la confiance entre Idrissa Seck et ses partisans s’est érodé. Sa formation politique est saignée à blanc par les départs, le vide s’est fait autour de l’hui. Son inconstance et ses absences prolongées ont été pour beaucoup dans cette situation.

Récemment, en se prononçant sur la question palestinienne, Idrissa Seck prend position ouvertement pour la partie juive pour qui il ne cache pas sa sympathie. Aussi, en discutant de dogme, il se fourvoie lamentablement sur un terrain qu’il était censé bien connaître.
Du coup, il devient suspect aux yeux de l’opinion.

Parler de manière si désinvolte d’Ibrahim Abul Anbiyâ le « Père des Prophètes » ; vouloir réduire le conflit arabo-israélien à sa seule dimension ethnique ; soulever une question linguistique dans le Coran qu’il est loin de maîtriser, et, plus grave encore, remettre en question la place de la Mecque dans l’islam et, partant, le cinquième pilier de l’islam, voilà une somme de fautes condamnables.

En  lieu d’un mea culpa sans ambages, Idrissa Seck a choisi la voie du fractionnisme en jouant la carte confrérique. Ce faisant, il déplace avec ruse la question. Son appartenance confrérique devient l’enjeu principal de la controverse et relègue au second plan le caractère outrancier de ses propos.

L’ex enfant prodige est devenu un élément de discorde, une menace pour la stabilité politique et la cohésion nationale de notre pays.

Il s’est aliéné son ancienne confrérie qui, désormais, voit en lui un « traitre » qui a renié sa confrérie pour des calculs politiques, sans pour autant être sûr de gagner la confiance de sa confrérie d’accueil qui pourrait douter de la sincérité de sa nouvelle allégeance.

Aujourd’hui en choisissant la voie de la division Idrissa Seck va à coup sûr droit au mur.  Car, de Senghor à Macky Sall, en passant par Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, jamais Président n’a réussi à gouverner le pays en se mettant à dos l’une ou l’autre des deux principales confréries du pays.
 
Dr Cheikh Mbacké Diop
Enseignant/ Chercheur   
 
Nombre de lectures : 504 fois


1.Posté par Gueye le 30/05/2018 22:02
Salut mon cher ami Cheikh Mbacké Diop. J'ai lu votre article. Votre analyse est pertinente. Les hommes politiques africains en général et sénégalais en particulier sont versatiles, ils trompent leur peuple. Ibrahima Gueye.

2.Posté par Ibra le 31/05/2018 09:37
Salut. Je ne vous laisserai jamais utiliser le passé simple (fut) pour un homme politique comme idrissa élève de Wade. Pour moi, idrissa a réussi le coup. Il voulait juste rendre la dualité (Macky/ Idy) indiscutable et inévitable.

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