Connectez-vous

Enquête russe: William Barr s'explique devant le Congrès

Mercredi 1 Mai 2019

WASHINGTON (Reuters) - L'Attorney General (ministre de la Justice) William Barr, auditionné mercredi par la commission des Affaires judiciaires du Sénat, a défendu sa gestion du rapport du procureur spécial Robert Mueller consacré au rôle de la Russie dans l'élection présidentielle de 2016 aux Etats-Unis.
 
Barr est accusé par l'opposition démocrate d'avoir cherché à protéger Donald Trump en présentant une image faussée du rapport pour affirmer que rien ne permettait d'imputer à Donald Trump de possibles actes d'entrave à la justice.
 
"Nous avons eu le sentiment que l'administration ne serait pas en mesure d'établir qu'il y a eu obstruction", a-t-il dit en réponse à la démocrate Dianne Feinstein.
 
La sénatrice californienne avait lancé les hostilités en lui reprochant sa présentation erronée du rapport Mueller. "Contrairement aux déclarations sur une exonération totale et complète, le rapport du procureur spécial contient des preuves substantielles de manquements", a-t-elle dit.
 
Le rapport Mueller, dont une version expurgée a été publiée le 18 avril dernier, évoque par exemple comment, en juin 2017, un mois après la nomination du procureur spécial, le président a donné ordre à Don McGahn, alors conseiller juridique de la présidence, de déclarer qu'il y avait des conflits d'intérêt autour de la personne de Robert Mueller et de recommander qu'il soit limogé.
 
MUELLER A PU ENQUÊTER "COMME IL L'ENTENDAIT"
 
Interrogé sur ce cas précis, Barr a répondu que Trump pensait n'avoir "jamais ordonné directement le limogeage de Mueller". Dans ces conditions, a-t-il enchaîné, "nous n'avons pas pensé que le gouvernement pourrait montrer une intention de corruption".
 
"Il existe une distinction entre dire à quelqu'un 'va le limoger, va limoger Mueller' et dire 'fais-le destituer sur la base d'un conflit d'intérêt'. La différence, c'est que si vous destituez quelqu'un pour un conflit d'intérêt, on peut penser qu'une autre personne sera nommée, a-t-il dit à la sénatrice Feinstein.
 
- Ne devriez-vous pas avoir dans cette situation un conflit d'intérêt identifiable et qui fasse sens, ou bien cela ne devient-il pas simplement un mensonge", lui a-t-elle répliqué.
 
Barr avait auparavant souligné que le procureur spécial avait été autorisé à "achever son travail comme il l'entendait", soulignant qu'il avait disposé du temps, de l'argent et des ressources nécessaires pour conduire ses 22 mois d'enquête.
 
Il a aussi rappelé qu'il s'était engagé devant la même commission, lors de la procédure de confirmation de sa nomination par Trump, en février dernier, de rendre le rapport public dans les limites de la loi. "C'est fait", a-t-il dit.
 
Le chef du département de la Justice est le premier membre du gouvernement fédéral à témoigner sur les conclusions de l'enquête russe.
 
Il est également convoqué jeudi devant la commission des Affaires judiciaires de la Chambre des représentants, à majorité démocrate, contrairement au Sénat.
 
LA LETTRE DU PROCUREUR MUELLER
 
Quelques heures avant l'audition de Barr au Sénat, le Washington Post a dévoilé une lettre que Robert Mueller lui a adressée fin mars. Il s'y plaint de la synthèse que l'Attorney General a produite à partir des conclusions de son "enquête russe".
 
Cette note de quatre pages "ne reflète pas complètement le contexte, la nature et la substance du travail de ce bureau et de ses conclusions", lui écrit Mueller.
 
"Il y a désormais dans l'opinion une confusion sur des aspects primordiaux des résultats de l'enquête", ajoute le procureur spécial, précisant être inquiet que cela puisse nuire à la crédibilité de l'enquête auprès de la population.
 
Dans cette synthèse, diffusée le 24 mars, deux jours après avoir reçu le rapport d'enquête, William Barr écrit que le procureur spécial n'a trouvé aucune preuve de collusion entre Donald Trump et la Russie et ajoute que Mueller n'est pas parvenu à établir si le président américain avait ou non fait obstruction au cours de la justice.
 
Le tableau peint par la version expurgée des 448 pages du rapport Mueller diffère assez largement de la présentation qu'en a fait Barr: le rapport recense notamment une dizaine de cas où Trump a tenté de faire pression sur l'enquête.
 
"Les tentatives du président pour influencer cette investigation ont échoué pour la plupart, mais largement parce que les personnes qui entouraient le président ont refusé d'exécuter des ordres ou d'accéder à ses requêtes", indique le rapport.
 
Si l'équipe Mueller ne conclut pas que Trump a commis un crime d'obstruction au cours de la justice, elle ne l'en exonère pas davantage. Et le procureur spécial note que le Congrès a l'autorité nécessaire pour examiner si Trump a ou non violé la loi.
Nombre de lectures : 57 fois

Nouveau commentaire :












Inscription à la newsletter