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Emeutes de Brasilia: un an après, Lula refuse tout "pardon"

Lundi 8 Janvier 2024

Le président brésilien Luis Ignacio Da Silva dit Lula
Le président brésilien Luis Ignacio Da Silva dit Lula

Un an après, Lula a exclu lundi d'accorder un quelconque "pardon" à ceux qui ont conçu, financé ou perpétré les attaques de Brasilia, qui avaient vu des milliers de partisans de son rival d'extrême droite Jair Bolsonaro attaquer les sièges des institutions brésiliennes.

 

"Il n'y a pas de pardon pour qui attente à la démocratie, à son pays et à son propre peuple", a lancé le président brésilien de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, au nom du refus de "l'impunité".

 

"Tous ceux qui ont financé, planifié et exécuté une tentative de coup d'Etat doivent être punis de façon exemplaire", a-t-il déclaré lors d'une cérémonie au Parlement, intitulée "Démocratie inébranlable", pour marquer cet anniversaire en présence de représentants des institutions.

 

"Nous avons sauvé la démocratie", a affirmé Lula, qui s'en est pris à "l'ex-président putschiste", ciblant son prédécesseur au palais présidentiel, Jair Bolsonaro (2019-2022), visé par une enquête.

 

Le 8 janvier 2023, une semaine après l'investiture de Lula pour un troisième mandat, des milliers de manifestants avaient envahi la place des Trois pouvoirs au coeur de Brasilia, capitale fondée en 1960 et ville-monument moderniste édifiée par l'architecte brésilien Oscar Niemeyer.

 

Contestant la défaite de leur champion au scrutin d'octobre 2022, les partisans bolsonaristes avaient attaqué les bâtiments de la présidence, du Congrès et de la Cour suprême, réclamant une intervention militaire. Mobilier, oeuvres d'art: les dégâts furent considérables.

 

Parmi les 2.170 personnes arrêtées à l'époque, une trentaine d'émeutiers ont déjà été condamnés pour divers crimes, dont tentative de coup d'Etat, à des peines allant jusqu'à 17 ans de prison.

 

Mais financiers et instigateurs des attaques échappent encore largement à la police. Lundi, elle a annoncé l'émission de 46 mandats de perquisition et d'un mandat d'arrêt.

 

- "Piège de la gauche" -

 

Le leader de la droite et de l'extrême droite, qui était aux Etats-Unis le jour des attaques, est visé par une enquête de la justice comme possible instigateur de ces assauts.

 

Durant les mois précédant l'élection, M. Bolsonaro n'avait cessé de dénigrer sans preuves le système de vote électronique, instillant un soupçon de fraude, ce qui lui a valu en juin huit ans d'inéligibilité pour diffusion de fausses informations. Mais il se défend de toute responsabilité.

 

Les manifestants se sont rendus à Brasilia à l'appel de "réseaux sociaux qui ne sont pas les nôtres" pour une action que nous "condamnons depuis le début", a-t-il affirmé samedi sur CNN Brasil.
 

"C'était un piège lancé par la gauche", a-t-il assuré, dénonçant une manipulation.

 

"Les mensonges, la désinformation et les discours de haine ont été le carburant pour le 8 janvier", lui a rétorqué Lula lundi, appelant à être "ferme dans la régulation des réseaux sociaux".

 

Les attaques, qui ont rappelé l'assaut du Capitole en 2021 à Washington par des partisans de Donald Trump, ont été le point d'orgue de tensions exacerbées au Brésil.

 

Depuis lors, un climat plus apaisé s'est installé dans le débat public, même si une polarisation aux airs de "guerre culturelle" perdure sur les grands sujets de société, du port d'arme à l'avortement.

 

- Restaurations -

 

Quelque 2.000 policiers ont été déployés pour sécuriser les lieux de pouvoir à Brasilia en ce jour anniversaire. Lula a présidé la cérémonie dans le Salon noir, une vaste salle de réception du Congrès qui avait été saccagée par les manifestants.

 

Si gouvernement, parlementaires, magistrats de la Cour suprême et autres chefs militaires ont assisté à l'événement, l'absence de certaines figures de droite montre que "l'union" vantée par Lula est encore loin.

 

C'est le cas notamment du puissant gouverneur de Sao Paulo, Tarcisio Freitas, ex-ministre de M. Bolsonaro, qui a fait savoir qu'il était en vacances en Europe.

 

La cérémonie a été chargée en symboles, avec la présentation d'oeuvres d'art qui avaient subi la rage des manifestants et ont depuis été restaurées.

 

Une tapisserie de l'artiste et paysagiste brésilien Roberto Burle Marx, qui avait été arrachée d'un mur du Sénat et vandalisée, a ainsi été présentée.

 

Volée au siège de la Cour suprême, a également été restituée une réplique de la Constitution de 1988, le texte que le plus grand pays d'Amérique latine s'était donné pour tourner la page de la dictature militaire (1964-1985). [AFP]

 

 

 

 

 

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