Cuba a estimé jeudi à plus de cinq milliards de dollars l’impact sur un an de l’embargo américain sur l’économie de l’île, et plaidé pour un allégement des sanctions avant la fin du mandat du président Joe Biden d’ici la fin de l’année.
« La seule chose honnête, responsable et sérieuse que pourrait faire l’actuel occupant de la Maison-Blanche serait de modifier » les « politiques de blocus dont il a hérité, mais qu’il a appliquées de manière intensive » pendant sa présidence, a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez.
Le responsable faisait allusion lors d’une conférence de presse au renforcement des sanctions mises en œuvre par l’ancien président républicain Donald Trump (2017-2021), à peine allégées par son successeur démocrate Joe Biden, après la période de dégel initiée par Barack Obama (2009-2017).
Dans sa déclaration, le ministre a notamment dénoncé une nouvelle fois la réinscription « infâme » de son pays sur la liste américaine des pays soutenant le terrorisme aux derniers jours du mandat de Donald Trump, sanction qui entrave les flux financiers et les investissements en faveur de l’île.
Selon M. Rodriguez, « du 1er mars 2023 au 29 février de cette année, le blocus a causé des dommages et préjudices matériels à Cuba de l’ordre de 5,056 milliards de dollars ».
Ce chiffre représente une hausse de près de 190 millions de dollars par rapport à la même période précédente, a poursuivi le ministre. Il a ajouté que l’impact cumulé sur plus de six décennies atteignait quelque 164 milliards de dollars à prix courant, soit sans tenir compte de l’inflation notamment.
« On estime qu’en l’absence de blocus, le PIB de Cuba à prix courant aurait pu croître d’environ 8 % en 2023 », alors que l’économie cubaine s’est contractée de 2 % cette même année, selon des chiffres officiels.
Depuis plus de quatre ans, l’île communiste est plongée dans sa pire crise économique depuis la chute du bloc soviétique il y a trente ans.
La population subit de fréquentes coupures d’électricité et des pénuries en tout genre. Le pays de moins de 10 millions d’habitants est également confronté à une vague massive d’émigration.
Depuis 1992, Cuba présente chaque année à l’ONU un projet de résolution demandant la fin de l’embargo, imposé en 1962, en pleine Guerre froide, par le président John F. Kennedy. En 2023, 187 pays ont voté en faveur de la résolution. Les États-Unis et Israël ont voté contre. L’Ukraine s’est abstenue. [AFP]