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Crise de l’oignon : le désarroi d’un producteur de Diender

Vendredi 17 Septembre 2021

Une des images reçues du paysan Badiane et montrant une partie de sa production en souffrance à Diender.
Une des images reçues du paysan Badiane et montrant une partie de sa production en souffrance à Diender.
Les images de ces dernières semaines captées sur les réseaux sociaux et montrant des paysans en train de détruire leurs productions d’oignons ont choqué beaucoup de Sénégalais.  Un désarroi qui, d’après certains, était prévisible pour plusieurs raisons.
 
Nous avons interrogé un producteur habitant Diender (région de Thiès) et directement impacté par cette crise de l’oignon. Il s’appelle Ibrahima Badiane Sacoura. Son inquiétude pouvait être devinée au bout du fil lors de notre entretien téléphonique.
 
« Je ne vous cache pas que nous sommes très inquiets ici car, à tout moment, la gendarmerie peut débarquer pour nous arrêter car nous avons emprunté de l’argent à la banque à travers notre GIE pour avoir les moyens d’exploiter nos terres. Avec cette mévente de nos productions, nous sommes dans l’incapacité de rembourser nos prêts », s’alarme Badiane.
 
Pour entrer dans les détails des difficultés qui assaillent une partie de la filière, notre interlocuteur met le doigt sur plusieurs facteurs.
 
« Il y a d’abord le rôle négatif de l’État qui a autorisé des négociants chinois et des gens de l’agrobusiness à se lancer dans la production d’oignons. Cela a ouvert la porte à des hommes d’affaires qui ont cultivé des centaines d’hectares et qui ont volontairement cassé les prix jusqu’à vendre le kilo d’oignon à 100 FCFA. Au moment de vendre nos productions, c’était impossible pour nous de nous en sortir », explique ce paysan dépité de Diender.
 
Ensuite, poursuit-il, « nous avions convenu avec l’ARM (Autorité de régulation des marchés) que les petits producteurs comme nous devaient arrêter leur campagne pour 7 jours et les multinationales pour 30 jours. Mais ces dernières n’ont pas respecté cet accord : elles ont repris en même temps que nous. »
 
L’ARM ayant été dans l’incapacité de faire respecter le deal convenu, « nous avons tout essayé en cherchant des partenaires, des associés. Avec les prix cassés des multinationales, nous n’avons pu rien faire. »
 
Le malheur des petits producteurs est d’autant plus grand qu’ils n’ont pas été en mesure de garder leurs récoltes en attendant des périodes meilleures pour les écouler. « L’absence de lieux de stockage comme des hangars a aggravé nos problèmes. Ce qui nous reste d’oignons est en train de pourrir avec les pluies car nous n’avons que des bâches », ajoute Badiane.
 
Les photos qu’il nous a envoyées montrent effet des produits qui ne semblent pas être frais, étalés à même le sol, l’air dégradé. « Le ministère du Commerce pourrait nous aider à sauver ce qui reste des récoltes avec des hangars dignes de ce nom. Nous appelons également nos compatriotes et toutes bonnes volontés à trouver des solutions à pour écouler nos stocks », s’égosille Ibrahima Badiane, presqu’en suppliant.
Impact.sn avec Mamadou Ibn Bachir Diop (stagiaire)
 
 
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