
Des frappes israéliennes près d’un hôpital du sud de Gaza ont fait 28 morts mardi, a annoncé la Défense civile locale, après que le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a annoncé une prochaine intensification de la guerre dans le territoire palestinien.
Au lendemain d’une courte pause pour la libération de l’otage israélo-américain Edan Alexander, l’armée israélienne a repris ses bombardements, qui ont touché successivement deux hôpitaux de Khan Younès, abritant chacun, selon elle, « un centre de commandement et de contrôle » du mouvement islamiste palestinien, ce qui n'a pu être vérifié.
Ses frappes nocturnes sur l’hôpital Nasser ont tué selon le mouvement islamiste palestinien plusieurs patients, dont un journaliste.
Selon la Défense civile de Gaza, l’aviation israélienne a ensuite bombardé « les abords et la cour de l’hôpital européen », également situé à Khan Younès, tuant au moins 28 personnes dans la zone.
Selon des témoignages, « plus de 20 personnes sont encore portées disparues à l’intérieur de la maison de la famille al-Afghani », proche de l’hôpital, a déclaré à l’AFP le porte-parole de la Défense civile à Gaza, Mahmoud Bassal.
Le photographe Amro Tabash a décrit à l’AFP une « scène absolument catastrophique », « malgré la présence de l’Organisation mondiale de la santé sur le site » préparant l’évacuation de Gaza, prévue mercredi, d’enfants blessés.
La guerre « jusqu’au bout »
« Dans les prochains jours, nous entrerons avec toute notre force » à Gaza « pour achever l’opération et vaincre le Hamas », a déclaré M. Nétanyahou. « Une trêve temporaire est possible [pour la libération d’otages, NDLR], mais nous irons jusqu’au bout », a-t-il insisté.
Les services du premier ministre ont rapporté ces propos – tenus lundi devant des réservistes – au premier jour mardi d’une tournée au Moyen-Orient du président américain Donald Trump et au lendemain de la libération d’Edan Alexander, seul otage vivant ayant la nationalité américaine.
Israël avait auparavant annoncé l’envoi d’une délégation à Doha mardi pour des négociations sur les otages. Le Hamas a lui appelé l’administration Trump à « poursuivre ses efforts pour mettre fin à la guerre ».
Le 5 mai, Israël avait annoncé une nouvelle campagne militaire prévoyant la « conquête » de Gaza et nécessitant le déplacement interne de « la plupart » de ses 2,4 millions d’habitants. Le 18 mars, après une trêve de deux mois, l’armée avait repris son offensive dans le territoire palestinien, où elle bloque aussi depuis le 2 mars toute entrée d’aide humanitaire.
Les autorités du Hamas ont accusé Israël d’avoir « assassiné » dans l’hôpital Nasser Hassan Aslih, présenté comme le directeur de l’agence de presse palestinienne Alam24, déjà visé le 7 avril par l’armée israélienne, qui l’avait alors accusé d’avoir « participé au massacre du 7 octobre ».
La faim comme « arme de guerre »
Totalement assiégée depuis plus de deux mois, la bande de Gaza a atteint des niveaux de malnutrition « comparables à ceux observés dans les pays confrontés à des crises humanitaires prolongées s’étalant sur plusieurs décennies », a alerté mardi l’ONG Médecins du Monde, accusant Israël d’utiliser « la faim comme arme de guerre ».
L’attaque du Hamas le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles.
Mais selon plusieurs médias occidentaux et israéliens dont Haaretz, un nombre indéterminé de ces morts ont été victimes des tirs de l’armée israélienne suite au déclenchement de la doctrine dite Hannibal. Celle-ci enjoint aux forces de sécurité israéliennes de ne pas laisser des citoyens israéliens aux mains de parties ennemies. Yoav Gallant, ancien ministre de la Défense dans le gouvernement de Benyamin Netanyahu, a publiquement revendiqué l’exécution de la doctrine Hannibal dans un entretien avec un media israélien.
Les représailles israéliennes ont fait au moins 52 908 morts à Gaza, en majorité des civils, selon des données publiées mardi par le ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU. [AFP]