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Bananeraie de Bambali - Jeunes et femmes enrayent l’émigration clandestine, en attendant Sadio Mané

Mardi 21 Décembre 2021

A l’entrée gauche du village de Bambali, chef-lieu de commune, s’étend à perte de vue la bananeraie inter villageoise. Elle est exploitée par 86 jeunes des villages riverains que sont Francounda, Kodji et Boudiemar. Une alternative pour le moment efficace et bienvenue contre l’émigration clandestine, se réjouit Ousmane Biaye, le président de l’association des exploitants de la bananeraie.
 
A l’en croire, ce sont au total 110 parcelles dont la rentabilité est estimée à 300 tonnes par an à raison de 200.000 F la tonne qui fixent les jeunes de ces localités dans leur terroir. De quoi retenir toutes les velléités liées au phénomène du « Barça ou Barsax ».
 
Des revenus non négligeables tirées de ces activités ont permis à certains producteurs de construire des maisons, d’acheter des motos Jakarta et d’investir dans le transport mais aussi d’assurer la dépense quotidienne. D’autres parviennent à financer en partie ou totalement les études supérieures de leurs enfants, montent des petites et moyennes entreprises agricoles ou commerciales…
 
Chez les femmes, principales clientes, l’exploitation de la bananeraie est une grosse aubaine. Elles viennent acheter en gros et revendent au détail dans les loumas (ndlr : marchés hebdomadaires), dans la rue, faire le porte à porte, au marché central de Sédhiou. Ainsi, aident-elles leur mari à supporter la dépense quotidienne, les besoins primaires (achat de savons, de condiments, de fournitures scolaires, participation aux cérémonies familiales).
 
Les bonnes affaires des femmes
 
Saly Biaye, trouvée sur les lieux, vient d’acheter 25 kilogrammes qu’elle compte revendre en détail à Sédhiou à raison de trois bananes pour 100 F ou 4 pour 200 F selon la taille du régime. Interrogée sur ses revenus, elle explique qu’elle peut gagner entre 2.500 et 3.000 F par jour suivant les réalités du marché.
 
« Il y a plusieurs bananeraies dans le département. Si nous nous retrouvons toutes à Sédhiou avec nos bananes, certaines d'entre nous, peuvent revenir bredouille parce qu’elles auront dépensé dans le transport et les repas de la journée, le peu qu’elles ont gagné ».
 
En bonne femme ménagère, Saly Biaye  réinvestit ses gains quotidiens dans les besoins familiaux.
 
« J’aide mon mari s’il n’a pas de dépense, j’achète beaucoup de choses pour mes enfants surtout les élèves. Je vais et je reviens sans lui demander le transport. Je ne le sollicite pas pour me rendre aux cérémonies familiales. Je paie moi-même mes tresses, mes habits et mes ordonnances si mes revenus me le permettent », soutient-elle non sans un brin de fierté.
 
Cependant l’avenir de cette entreprise rurale est menacé sous plusieurs plans. D’abord les machines sont vétustes et n’arrivent plus à alimenter suffisamment les parcelles en eau. Or, chaque pied de banane a besoin de 14 litres par jour. Ce qui affecte souvent les rendements, a souligné le président du périmètre.  Ensuite, Ousmane Biaye estime que le coût du gasoil freine les ambitions des exploitants en ce qu’il grève sensiblement les revenus de l’association.
 
« Les besoins en eau sont immenses et pour les satisfaire, il faut que les machines tournent », rappelle Biaye.
 
A ce propos, les membres de l’association gardent encore espoir après avoir rencontré le footballeur Sadio Mané à son domicile familial de Bambali. Une occasion dont ils ont profité pour lui faire part de leurs doléances relatives à une modernisation des outils mécaniques qui font tourner la bananeraie. Une réponse positive de la star de l’équipe de football de Liverpool résoudrait une bonne partie de leurs difficultés actuelles.
 
 Autres problèmes qui gangrènent l’envol de ce périmètre maraîcher, ce sont les pertes dues aux tornades. Les pluies accompagnées de vents violents dévastent le périmètre chaque année, occasionnant ainsi des pertes inestimables, rapporte notre interlocuteur. A ces problèmes, dit-il, s’ajoutent les attaques parasitaires contre les racines et les régimes.
 
Toutefois des dispositions sont prises en matière de formation en techniques culturales pour maintenir le label de la banane sédhiouoise au meilleur niveau.
 
Paul Diène FAYE (correspondance particulière)
 
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