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À l’initiative de RSF, 80 journalistes, patrons de médias et défenseurs de la liberté de la presse africains lancent un appel solennel à la junte au Niger

Vendredi 25 Août 2023

 
Un mois après le coup d’État au Niger, la situation est très inquiétante au regard des atteintes à la liberté de la presse. Réunis par Reporters sans frontières (RSF), des professionnels africains de l’information publient un appel adressé au Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). Les signataires demandent le respect de la liberté de la presse dans le pays.  
 
La communauté africaine de la liberté de la presse au chevet des journalistes nigériens, aux prises avec de fortes inquiétudes depuis le coup d’État du 26 juillet dernier. L’initiative, lancée par Reporters sans frontières (RSF), est soutenue par de grands responsables de médias du Niger, comme le directeur de publication de l’Événement Moussa Aksar, et d'Afrique, à l’instar du directeur de publication du quotidien camerounais Le Jour, Haman Mana.
 
https://www.impact.sn/NIGER-L-APPEL-DES-80-Les-autorites-militaires-ont-le-devoir-de-respecter-les-droits-des-journalistes-au-Sahel_a39862.html

La liste des signataires comprend des organisations de défense des droits des journalistes, telles que la Maison de la presse du Niger, la Fédération des journalistes africains (FAJ),  la Fondation des médias pour l’Afrique de l’Ouest (MFWA) et la Cellule Norbert Zongo pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest (CENOZO).
 
“Depuis le 26 juillet, date du coup d’État, des journalistes locaux et internationaux  ont été physiquement attaqués et cyberharcelés. Des médias ont été suspendus. C’est la liberté de la presse et le pluralisme de l’information qui sont directement pris à parti. Or le droit d’informer et celui d’être informé ne sauraient être remis en cause dans ce contexte d’instabilité politique que traverse le Niger. De Niamey à Djibouti et de N’Djamena à Antananarivo, des journalistes et des organisations se rassemblent et appellent la junte au Niger à respecter le droit fondamental à une information fiable et plurielle et à ne pas entraver le travail des professionnels de l’information.” (Sadibou Marong, Directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF)
 
Plusieurs faits témoignent de l’augmentation des atteintes à la liberté de la presse depuis le coup d’État. Le directeur de publication du journal Le Témoin de l'Histoire, Soufiane Maman Hassan, a déclaré à RSF que, le 28 juillet, des individus non-identifiés l’ont menacé, dans la rue près de chez lui, lui ordonnant, de faire attention aux informations qu’il publiait dans son média et sur ses réseaux sociaux. Quelques jours plus tard, la blogueuse et journaliste Samira Sabou a été interpellée par un militaire, qui l’a contactée par téléphone, lui reprochant un de ses posts sur les réseaux sociaux. La journaliste avait partagé un message du président renversé Mohamed Bazoum.
 
Les menaces et intimidations ciblent aussi les journalistes étrangers. Le samedi 19 août, les journalistes indépendants, résidents à Niamey et correspondants de plusieurs médias internationaux, Amaury Hauchard et Stanislas Poyet, ont été attaqués verbalement et physiquement alors qu’ils couvraient un regroupement pour le recrutement de volontaires de la patrie. Le passeport de Stanislas Poyet ainsi que du matériel photo et radio leur appartenant ont été volés. Tous deux ont reçu de nombreux coups, qui ont notamment valu à Amaury Hauchard deux points de suture à la lèvre. Quelques jours plus tôt, la correspondante de la chaîne internationale francophone TV5 Monde, Anne-Fleur Lespiaut avait été victime d’une campagne de cyberharcèlement par des partisans de la junte, certains demandant qu’elle soit déclarée “persona non grata”, d’autres incitant à lui “régler son compte”. Les médias RFI et France 24 ont quant à eux été suspendus jusqu’à nouvel ordre depuis le 3 août.
 
Les signataires appellent le CNSP à respecter le travail des professionnels de l’information locaux et internationaux présents dans le pays. La junte doit aussi mettre fin aux attaques verbales et menaces contre les journalistes, y compris par des membres du CNSP et condamner publiquement de telles attaques quand elles surviennent en leurs rangs. Les menaces et agressions contre les journalistes doivent systématiquement faire l’objet d’enquêtes pénales afin que leurs auteurs soient identifiés et poursuivis, et que cessent de  telles atteintes au droit d’informer.
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