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Un vaste réseau de prostitution nigériane démantelé en France

Vendredi 5 Octobre 2018

Paris - La police française a démantelé un vaste réseau soupçonné d'avoir collecté et blanchi des dizaines de millions d'euros générés par la prostitution nigériane en France, a-t-on appris vendredi. 

"Ce sont des sommes vertigineuses mais qui illustrent l'ampleur de l'argent généré par la prostitution", selon Jean-Marc Droguet, le patron de l'office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH).
 
Grâce à deux vagues d'interpellations en juin et fin septembre/début octobre, ses équipes et celles de l'Office central pour la répression de la grande délinquance financière (OCRGDF) viennent de mettre à bas un réseau de collecte et de blanchiment suspecté d'avoir brassé depuis 2015 entre 30 et 50 millions d'euros. Les bénéficiaires? Black Axe et Supreme Eiye Confraternity (SEC), deux groupes criminels nigérians.

Au fil d'une enquête au long cours de 15 mois, 30 personnes ont été interpellées. Des hommes et des femmes de nationalité nigériane. Selon une source judiciaire, 10 personnes ont été mises en examen en juin. Sept autres l'ont été depuis mardi, et d'autres gardes à vue sont encore en cours dans le cadre d'une information judiciaire ouverte le 29 septembre pour proxénétisme aggravé, traite d'êtres humains, blanchiment de traite d'êtres humains en bande organisé, et association de malfaiteurs.

Tout est parti d'une enquête sur un réseau de prostitution dans le Sud-Est de la France. Les policiers arrivent à identifier un homme qui collecte l'argent liquide et le ramène à Paris.

Souvent frustrés de ne pouvoir remonter le fil des gains générés par la prostitution, les enquêteurs vont sauter sur l'occasion pour "tirer sur la pelote".

- "Volume" -

A l'aide de surveillances techniques et physiques, les policiers vont réussir à identifier les différents collecteurs des prostituées nigérianes à travers tout l'hexagone. L'enquête mène les fonctionnaires de PJ dans toutes les grandes villes de France: Lille, Colmar, Strasbourg, Lyon, Nice, Marseille, Bordeaux, Nantes et Paris. 

Un salon de coiffure et une épicerie du XVIIIe arrondissement de la capitale servaient de lieux de collecte centralisés avant que l'argent ne soit remis à des transporteurs qui dissimulaient l'argent dans des valises à double fond et quittaient la France, en bus ou en avion.

Pour brouiller les pistes et les contrôles, ces transporteurs pouvaient passer par d'autres capitales européennes et des pays africains de rebond avant leur destination finale: le Nigeria. "Tout repartait au pays", résume M. Droguet.

Deux opérations de police permettront de mettre la main sur 200.000 euros en mars puis 250.000 euros en juin.

Selon le patron de l'OCRTEH, la prostitution nigériane a "énormément évolué". Si les autorités manquent de chiffres consolidés, celle-ci a à l'évidence augmentée. 

"En 2018, elles représentent la première communauté étrangère par le nombre de victimes dans les enquêtes de prostitution, devant les jeunes femmes roumaines et chinoises", détaille le policier. 

Le prix de leurs "prestations" baisse parfois jusqu'à cinq euros, explique M. Droguet, mais les "organisations criminelles jouent sur le volume".
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