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Sénégal – Les 7 pêchés capitaux collés à Ousmane Sonko, signes annonciateurs d’un nouvel embrasement à grande échelle ?

Samedi 29 Juillet 2023

Les lourdes charges retenues contre Ousmane Sonko ne laissent aucun doute sur la volonté du procureur de le placer en prison pour une longue durée dans le cadre de l'application des lois estampillées ''anti-terroristes''. Une radicalisation du pouvoir qui pourrait néanmoins se heurter très vite à la volonté des militants de PASTEF de "protéger le projet" et ouvrir la voie à un remake des événements de juin 2023.


 
Cueilli vendredi 28 juillet à son domicile de la Cité Keur Gorgui par des éléments de la gendarmerie nationale, Ousmane Sonko doit faire face maintenant aux lourdes charges retenues par le procureur de la république. Abdou Karim Diop en a fait le listing au cours d’une déclaration de presse tenue au tribunal Lat-Dior de Dakar. Les 7 chefs d’inculpation retenus contre l’opposant principal au pouvoir sont : appel à l’insurrection, association de malfaiteurs, atteinte à la sûreté de l’Etat, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, complot contre l’autorité de l’Etat, actes et manœuvre à compromettre la sécurité publique et vol. Son audition par le doyen des juges d’instruction Oumar Maham Diallo est prévue lundi 31 juillet.
 
Ces chefs d’inculpation s’étalent de février/mars 2021 à aujourd'hui, selon le magistrat qui a lu une « chronologie des appels à l’insurrection répétitifs » dont les procédures judiciaires « convergent vers le parti PASTEF dirigé par Ousmane Sonko »
 
Le « vol » inclus dans la liste des griefs est considéré par le procureur comme le prétexte ayant servi à mettre la main sur le leader de Pastef suite à une altercation avec « une femme gendarme ». Celle-ci est accusée par Ousmane Sonko de l’avoir filmé illégalement alors qu’il rentrait chez lui après la prière du vendredi. L
 
Le Sénégal va-t-il s’embraser ? En tout cas, les populations retiennent leur souffle en attendant de voir l’évolution de la situation. La célérité avec laquelle Ousmane Sonko s’est retrouvé entre les mains du parquet – un jour de fête musulmane – a surpris beaucoup de monde à un moment où certains parlaient même d’« apaisement » (libération de certains cadres de Pastef). Mais la « stupeur » passée, la semaine qui s’annonce est lourde de dangers. Un avant-goût de ce qui pourrait survenir a d’ailleurs commencé en certains endroits de la capitale et à l’intérieur du pays, comme un remake des événements de juin 2023.
 
Juin 2023, bis repetita ?
 
Lors des tout premiers du mois dernier, les violents affrontements entre manifestants d’une part, forces de sécurité et nervis d’autre part, avaient provoqué la mort d’une trentaine de personnes (16 selon le décompte officiel) alors que Ousmane Sonko était « séquestré » à son domicile, selon son propre terme, pour le maintien de l’ordre public, d’après les autorités. L’ampleur de la répression avait suscité une indignation planétaire dont celle des Nations unies, plaçant le Sénégal au cœur des préoccupations de plusieurs organisations internationales, les défenseurs des droits humains en particulier.
 
En mars 2021 déjà, le premier bras de fer mortel entre Ousmane Sonko et le pouvoir s’était soldé par la mort d’une vingtaine de jeunes sénégalais dont la plupart par balles. Le calme était revenu après que l’opposant - alors en détention dans l’affaire ‘’Sweet Beauté’’ - a été libéré après un compromis démarché par des chefs religieux et des leaders de la société civile.
 
Par ailleurs, ce nouvel épisode judiciaire lancé par le parquet dakarois obstrue davantage le chemin du principal opposant au président Macky Sall vers l’élection présidentielle de février 2024. Le caractère lourdement inédit des charges retenues par le magistrat Abdou Karim Diop, à condition d’être ‘’validées’’ par le juge instructeur, pourrait envoyer Ousmane Sonko en prison dès ce lundi pour une détention préventive. La durée de celle-ci enjamberait le scrutin de l’année prochaine auquel il s’est porté candidat depuis belle lurette. En effet, depuis les réformes du code pénal et du code de procédure pénale de 2016, les inculpations liées au « terrorisme » ont accordé aux juges des pouvoirs étendus autant en termes de durée de détention que d’investigations. Ce qu’Amnesty International a considéré comme l’expression de lois liberticides, notamment à l’encontre d’hommes politiques, de militants des droits de l’homme, de simples citoyens, etc.
 
 
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