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Retraites: tous les syndicats dans la rue avant des réunions cruciales à Matignon

Mardi 17 Décembre 2019

Des dizaines de milliers de personnes manifestaient mardi contre la réforme des retraites, pour la première fois à l'appel de l'ensemble des syndicats, d'ores et déjà invités à Matignon mercredi pour des discussions afin de trouver le chemin d'une sortie de crise avant Noël.
 
Cheminots, enseignants, fonctionnaires, avocats, magistrats en grève, mais aussi des soignants mobilisés qui réclament davantage de moyens pour l'hôpital: salariés du public et du privé étaient attendus en nombre dans les cortèges en cette nouvelle journée interprofessionnelle de protestation contre l'instauration d'un système universel de retraites par points.
 
Les manifestants étaient 10.500 à Montpellier selon la préfecture, 20.000 selon les organisateurs. A Clermont-Ferrand, la préfecture a compté 7.800 manifestants, les syndicats 20.000. Ils étaient aussi entre 14.000 et 30.000 à Nantes.
 
Le 5 décembre, au premier jour du conflit, 806.000 manifestants ont battu le pavé, selon le ministère de l'Intérieur, puis 339.000 il y a une semaine.
 
"Ce qui nous fait peur c'est surtout le système de points, parce qu'on ne sait pas quelle est la valeur du point, et les termes de malus et bonus qui ont l'air un peu répressifs. On a l'impression que c'est une manière de dissocier les bons et les mauvais retraités", estime Kelly Grosset-Curtet, 21 ans, étudiante en histoire de l'art à Lyon.
 
Comme en régions, tous les syndicats seront présents à la manifestation parisienne dans l'après-midi, entre République et Nation.
 
La CGT, FO, la CFE-CGC, Solidaires et la FSU marchent pour réclamer le retrait pur et simple du projet. Ces organisations se réuniront dans la soirée pour décider de la suite du mouvement.
 
Dans les mêmes cortèges mais derrière leurs propres banderoles, la CFDT, la CFTC et l'Unsa défilent pour améliorer le contenu du projet de fusion des 42 régimes existants en un système universel. Et surtout pour refuser l'introduction dès 2022 d'un "âge d'équilibre" qui doit atteindre 64 ans en 2027 afin de favoriser l'équilibre des comptes grâce à un dispositif de bonus-malus.
 
- Exaspération" -
 
Au treizième jour de mobilisation, il restait très difficile de se déplacer mardi, avec un trafic SNCF et RATP très perturbé, des bouchons sur les routes, des barrages filtrants, des raffineries perturbées.
 
Un tiers des cheminots (32,8%) étaient en grève, et 75,8% des conducteurs de trains, selon la direction de la SNCF, soit une forte hausse par rapport à lundi.
 
Selon un sondage Harris Interactive pour RTL et AEF Info, 62% des Français soutiennent le mouvement de grève mais 69% souhaiteraient une "trêve de Noël".
 
"Cette trêve est indispensable, les Français ont besoin de se reposer. Je suis inquiète de l'état d'exaspération et de fatigue notamment en région parisienne", a relevé sur France Inter Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, seule en charge du dossier jusqu'à la nomination d'un successeur à Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire aux Retraites, qui a démissionné lundi.
 
"Personne n'a envie que Noël soit perturbé: ni les grévistes ni les salariés ni les Français qui ont envie d'avoir un moment en famille. Mais le gouvernement est grandement responsable", a répondu sur France 2 le numéro un de l'Unsa, Laurent Escure.
 
Les compagnies aériennes ont réduit de 20% leur programme de vols à Orly, à la demande de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC).
 
A Lyon, un blocage des entrées et sorties du port Édouard Herriot a perturbé la circulation. A Rennes, des barrages filtrants ont été installés sur plusieurs axes routiers.
 
Au port de Nantes-Saint-Nazaire, des mouvements de grève affectaient l'activité de certains terminaux. Côté raffineries, les expéditions étaient bloquées à Fos et perturbées à Donges, Feyzin, Grandpuits et La Mède.
 
Des surveillants se sont rassemblés devant une dizaine de prisons. A Béziers, les accès ont été bloqués, selon FO pénitentiaire.
 
Près de 50.000 foyers ont par ailleurs été privés d'électricité en Gironde dans la nuit et 40.000 à Lyon dans la matinée. Ces actions ont été revendiquées par la CGT du gestionnaire du réseau RTE.
 
Le mouvement touche aussi les établissements scolaires, avec 25,05% de grévistes dans le primaire et 23,32% dans le secondaire, selon le ministère (50% et 60% respectivement selon les syndicats), mais les établissements restent tous ouverts dans le secondaire.
 
"J'espère qu'on sera enfin entendus, que le gouvernement va finir par comprendre qu'il faut appuyer sur le bouton +stop+", a déclaré lundi Yves Veyrier, le numéro un de FO. La porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a déjà répondu: la réforme, "nous ne la retirerons pas".
 
"S'il n'y a pas de recul", Laurent Berger a prévenu que la "CFDT reviendra plus déterminée que jamais en janvier" avec des "appels à mobilisations". Son secrétaire général a suggéré une hausse des cotisations pour remplacer l'âge d'équilibre mais a immédiatement reçu une fin de non-recevoir de la part du gouvernement.
 
Pourtant, des concertations doivent s'ouvrir dès mercredi à Matignon, où Édouard Philippe reçoit les organisations syndicales et patronales représentatives en bilatérales, avant une "multilatérale" jeudi. (AFP)
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