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Rallié aux militants du port d’armes, Trump est désarmé face au drame

Lundi 2 Octobre 2017

Rallié aux militants du port d’armes, Trump est désarmé face au drame
La fusillade la plus meurtrière de l’histoire des Etats-Unis va une nouvelle fois confronter la Maison-Blanche à la question de la détention d’armes. Sauf que cette fois, c’est Donald Trump qui devra répondre à l’émotion et aux appels à légiférer de l’opposition démocrate. Sur ce sujet, comme sur d’autres, Donald Trump a changé d’avis.
 
Dans un livre paru en 2000, il n’avait pas eu de mots assez durs contre ces élus républicains qui se pliaient aux exigences du puissant lobby de la National Rifle Association (NRA). Il était alors partisan de restrictions au commerce et à la possession d’armes, de l’interdiction des armes de guerre et de l’allongement du délai imposé avant l’achat par un particulier.
 
Une campagne électorale plus tard, la NRA invitait le candidat aux primaires à assister à son congrès de Louisville. Et le tycoon de la télé-réalité et de l’immobilier se convertissait aux thèses de l’association: liberté d’achat et de port d’armes au nom du sacro-saint deuxième amendement de la Constitution. Depuis, le Texas a autorisé la population à porter son arme sur elle, de façon visible.
 
Les larmes d’Obama après la tuerie de Newton – où un jeune avait abattu 26 personnes, dont une vingtaine d’enfants – et celles de son discours de 2016 à la Maison-Blanche sont essuyées et oubliées. D’ailleurs, l’ex-président démocrate n’avait pas vraiment tenté de s’attaquer au problème. Les décrets qu’il proposait ne concernaient que les armes d’assaut, qui représentent moins de 5% des homicides par arme à feu. Pourquoi? Parce que l’ancien président démocrate ne pouvait pas faire plus.
 
«Porter une arme, c’est être Américain»
 
En effet, dans un arrêt de 2008, la Cour suprême a tranché dans le débat sur l’interprétation du deuxième amendement, qui visait en 1791 à empêcher le gouvernement fédéral de désarmer les citoyens. Cet amendement précise qu’«une milice bien administrée étant nécessaire à la sécurité d’un Etat libre, le droit du peuple/citoyen (people en anglais) de détenir et de porter des armes ne sera pas entravé».
 
Les partisans de restrictions estiment que le droit de détenir et porter des armes est collectif (le peuple). Les autres qu’il est individuel (le citoyen). La Cour a estimé que l’amendement garantit le droit à l’autodéfense de l’individu. Or les juges suprêmes ont ajouté que les armes de poing – qui constituent les trois quarts des homicides par arme à feu aux Etats-Unis – sont «la quintessence de l’autodéfense». Le débat est clos. Et on voit mal les Américains changer la Constitution.
 
Dans une conférence donnée à l’Institut des Amériques, Didier Combeau, chercheur au Centre d’études urbaines dans le monde anglophone à l’Université Paris IV-Sorbonne, rappelait que le taux d’homicide par arme à feu aux Etats-Unis était de 5,2 pour 100 000 habitants, quand il se situe à 0,25 pour 100 000 au Royaume-Uni, par exemple.
 
Auteur du livre Des Américains et des armes à feu. Violence et démocratie aux Etats-Unis, il expliquait dans un entretien à l’hebdomadaire Le Point de 2012 que «porter une arme, c’est être Américain». Car la participation de citoyens armés à la naissance et au développement des Etats-Unis fait partie des mythes fondateurs de la nation.
 
Enfin, le débat sur les statistiques est interprété, là aussi, de deux façons différentes. Les uns pensent que la cause du taux d’homicide est la détention d’armes à feu. Les autres qu’au contraire, le port d’armes permet de se défendre et d’éviter des morts. Trump s’est rallié aux seconds. (TDG)
 
 
 
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