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RDC - L’accord de Luanda sur un cessez-le-feu du M23 déjà mal engagé

Vendredi 25 Novembre 2022

Les rebelles du M23 ont critiqué vendredi le mini-sommet de Luanda, en Angola, où un cessez-le-feu a été annoncé jeudi en leur absence.
 
Un accord sur le papier, mais que va-t-il se passer sur le terrain? Au lendemain de l’annonce à Luanda d’un cessez-le-feu et d’un retrait des rebelles du M23 («Mouvement du 23 mars») des zones qu’ils occupent dans l’est de la République démocratique du Congo, l’espoir était mince d’une issue rapide au conflit.
 
 «Le M23 a pris connaissance de ce document dans les réseaux sociaux… Il n’y avait personne dans ce sommet donc ça ne nous concerne pas vraiment», a déclaré jeudi soir à l’AFP Lawrence Kanyuka, porte-parole politique du M23. «Normalement, quand il y a un cessez-le-feu, c’est entre les deux parties en guerre», a-t-il ajouté.
 
Un mini-sommet organisé mercredi dans la capitale angolaise a réuni notamment le président congolais Félix Tshisekedi et, en l’absence du président rwandais Paul Kagame, son ministre des Affaires étrangères Vincent Biruta.
 
«Les pousser à se soumettre»
 
Le M23, une ancienne rébellion tutsi, a repris les armes en fin d’année dernière et est considéré depuis le début par Kinshasa comme soutenu activement par le Rwanda, qui dément. Les rebelles se sont emparés récemment de larges portions d’un territoire au nord de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu.
 
Le sommet de Luanda a décidé une cessation des hostilités dès vendredi soir, suivie du retrait des rebelles du M23 «des zones occupées» et de leur «repli dans leurs positions initiales». Si les rebelles refusent, la force régionale est-africaine en cours de déploiement à Goma «fera usage de la force pour les pousser à se soumettre».
 
Lawrence Kanyuka a affirmé que les rebelles avaient eux-mêmes décrété un «cessez-le-feu unilatéral» en avril et estimaient que celui-ci était toujours en vigueur. «Si demain à 18h00, ou le matin, le gouvernement ne nous attaque pas, nous en serons toujours là», a-t-il assuré. Dans le cas contraire, «nous nous défendrons», a-t-il dit.
 
«Escalade des tensions»
 
Dans un point de presse jeudi soir à Kinshasa, consacré au sommet de Luanda, le ministre congolais des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, a simplement rappelé: «demain, 18h00, le M23 doit cesser toutes ses attaques». Le porte-parole du M23 a affirmé que le mouvement était «toujours prêt à un dialogue direct avec le gouvernement congolais pour résoudre les causes profondes du conflit».
 
Il n’en est pas question, a répondu Christophe Lutundula, rappelant qu’il était exclu de négocier avec des «terroristes». Onesphore Sematumba, analyste du centre de réflexion International Crisis Group, interrogé jeudi à Goma, se félicitait que la réunion de Luanda se soit tenue, «ce qui n’était pas évident» selon lui, au vu «de l’escalade des tensions» en Kinshasa et Kigali.
 
Mais il percevait d’emblée deux problèmes dans l’accord de Luanda: non seulement le M23 n’était pas là, mais le président rwandais Paul Kagame non plus. «Cela aurait été mieux», disait-il. Une absence qui «ne présage pas quelque chose de bon», confirmait l’homme politique congolais Patrick Mundeke.
 
Jean-Claude Bambaze, président de la société civile de Rutshuru, territoire dont le quart sud-est, frontalier du Rwanda et de l’Ouganda, est occupé par le M23, voudrait croire que les rebelles vont se retirer. Mais «nous avons des inquiétudes, parce que cela ne serait pas la première fois que des décisions ne seraient pas mises en pratique». (AFP)
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